Général
-
Yves, évêque de Chartres
-
Pascal 2, pape
-
après 1090 - avant 1116
-
n.c.
-
Lettre
-
Paschali, summo pontifici, patri et domino suo, Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, debitum et devotum obedientiae famulatum.
Quoniam sedes apostolica omnium pie pulsantium necessitatibus occurrit, ab omnibus filiis suis tribulationem patientibus tanquam ad materna viscera consolationis(a) concurritur, ut ab ea lac parvulis, solidus cibus adultis, pro cujusque necessitate, ministretur. Unde Eboracensis Ecclesia(1) in partibus occidentis posita, diu pastore desolata, tam per filios quam per familiares suos ad aures matris suae pie pulsat ut in tribulatione posita maternae misericordiae viscera inveniat. Elegit enim praetaxata Ecclesia venerabilem virum, nomine Tustinum(2)(b), in archiepiscopum qui, quantum ad personam(c) pertinet, continentis est vitae et honestae famae et utilis, quantum humana conscientia de alterius vita potest indicare(d), sanctae Dei Ecclesiae. Hujus consecratio studiose dilata est, propter indebitam consuetudinem et contra ejusdem Ecclesiae privilegia quae exigit ab eo Cantuariensis Ecclesia(3). Sed, quia paternae discretionis est Ecclesiarum contentiones sedare et pacem inter eas reformare, quamvis ex abundanti facere videamur, paternitati vestrae tamen supplicamus ut praedictae Ecclesiae jus suum defendatis et, manentibus in sua stabilitate apostolicis privilegiis, electum ejusdem Ecclesiae in ea dignitate ad quam vocatus(e) est, prout dignus est, paterne confirmetis(f). Valete.
-
materne consolationis viscera M
-
Tustanum M
-
personam suam M
-
estimare M
-
electus M
-
La lettre est suivie du sermon 24 (PL 162, col. 607-610) dans M.
-
Sur les archevêques d'York, voir lettre 215.
-
Turstin de Condé, frère d'Ouen, évêque d'Évreux (voir lettres 215, 223, 242), a été élu archevêque d'York le 15 août 1113 ou 1114. Il ne fut consacré qu'en 1119 par Calixte II au concile de Reims, à cause de l'opposition de l'archevêque de Cantorbéry, Raoul (1114-1122). Voir note de Souchet,
PL162, col. 500 sur ce différend. Turstin se retira le 25 janvier 1140 à l'abbaye de Pontefract (comté d'York) où il mourut le 5 février de la même année. Deux lettres de saint Bernard lui sont adressées, n° 95 (1132) et 319,PL182, col. 228-9 et 524. Une lettre de Turstin à Guillaume, archevêque de Cantorbéry (1132) est éditée col. 697-704. Les dates de 1132 ont pour source le site http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bernard/.
-
Sur les prérogatives de l'archevêque de Cantorbéry concernant la primatie d'Angleterre, soutenu par le roi Henri I
er, voir aussi lettre 273. L. Merlet,Lettres d'Ives, note p. 500.
-
M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 99
-
À Pascal, souverain pontife, son père et seigneur, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, la servitude de l'obéissance dévouée qui lui est due.
Puisque le siège apostolique vient au devant des besoins de tous ceux qui frappent pieusement à sa porte, tous ses fils qui supportent la tribulation viennent en foule vers lui, comme vers le sein maternel de la consolation, pour qu'il administre du lait aux petits enfants, une nourriture solide aux adultes, selon les besoins de chacun. Aussi l'Église d'York, située dans les régions occidentales, longtemps privée de pasteur, frappe pieusement, tant par ses fils que par ses familiers, aux oreilles de sa mère pour trouver le sein de la miséricorde maternelle quand elle est placée dans la tribulation. En effet ladite Église a élu comme archevêque un homme vénérable, nommé Turstin, qui est, pour ce qui concerne sa personne, de vie continente et de renommée honorable, et utile à la sainte Église de Dieu, dans la mesure où la conscience humaine peut juger de la vie d'autrui. Sa consécration a été soigneusement différée, à cause d'une coutume indue et opposée aux privilèges de cette même Église, que l'Église de Cantorbéry exige de lui. Mais parce qu'il appartient à votre discernement paternel d'apaiser les tensions entre les Églises et de restaurer la paix entre elles, même si nous semblons agir de manière superfétatoire, nous supplions cependant votre paternité de défendre le droit de ladite Église et, conservant dans leur permanence les privilèges apostoliques, de confirmer paternellement l'élu de cette même Église, comme il en est digne, dans la dignité où il a été appelé. Adieu.