Général
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Yves, évêque de Chartres
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Daimbert, archevêque de Sens
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Daimberto(1), Dei gratia Sennonsensium archiepiscopo, Ivo, humilis Ecclesie Carnotensis minister, salutem et servitium.
Admonuit me quidam frater ex parte vestra canonicus beati Johannis de Valeia(2) ut paucis scriberem dilectioni vestrae de quadam muliere quae nepoti viri sui incesta et adulterina pollutione se miscuit utrum possit ad thorum viri sui redire an vir ejus alteram uxorem legitime ducere. Ad hoc breviter respondeo quia si vir uxori suae cum qua nepos ejus fornicatus est ultra se miscuerit incestum perpetrabit. De incestuosis autem sic habetur in concilio Hilerdensi, capitulo decimo(3) : « De his qui(a) incesta copulatione se maculant placuit ut, quousque in ipso detestando et illicito carnis contubernio perseverant, usque ad missam catechumenorum in ecclesia admittantur, cum quibus etiam nec cibum sumere ulli christianorum, sicut Apostolus jussit(4), oportet. » Si vero, vivente uxore, aliam duxerit publicus adulter erit. Unde Augustinus in libro De bono conjugali(5) : « Interveniente divortio non aboletur confederatio, ita ut sibi conjuges sint etiam separati, cum illud autem adulterium committunt quibus fuerint etiam post suum repudium copulati. » In hunc modum plura dici possent nisi ista sufficerent. Valete.
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qui T, quae Au.
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La lettre est copiée dans les manuscrits d'Auxerre BM 69, fol. 60v et de Troyes, BM 1924, fol. 121v. Il n'y a aucune variante. Elle est replacée ici parce que elle est située entre la 152 et la 153 dans le manuscrit d'Auxerre, qui suit à peu près l'ordre chronologique. Elle a été éditée par Fr. Schmitt, « Trois lettres inconnues d'Yves de Chartres »,
Revue bénédictine, 50, p. 84-88, p. 87, d'après le manuscrit BN Vienne, lat. 533, fol. 69. Elle se trouve aussi dans les manuscrits Paris BN lat. 2486, 2894. Londres PL add. 18333. Berlin Phil. 1694 (d'après l'article électronique de Ch. Rolker, « Manuscripts of Ivo's Correspondence »).
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Saint-Jean-en-Vallée, voir lettre 91.
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Concile de Lerida, canon 4,
Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 347. Yves,Décret9, 29. Si l'on suit la version d'Auxerre avec le pronom relatif au féminin, cela montrerait qu'Yves adapte le texte à la situation présente.
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I Cor. 5, 11.
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De bono conjugali, 7, 7,CSEL41, p. 197. Yves,Décret8, 9 ;Panormie, 7, 6 (Gratien, 32, 7, 1).
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T. Troyes, BM 1924, 121v
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Au. Auxerre, BM 69, 60v
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À Daimbert, par la grâce de Dieu archevêque des Sénonais, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut et service.
Un frère chanoine de Saint-Jean-en-Vallée m'a invité de votre part à écrire en peu de mots à votre dilection au sujet d'une femme qui s'est unie par une pollution incestueuse et adultère au neveu de son mari : peut-elle revenir à la couche de son mari ou son mari peut-il selon la loi épouser une autre femme ? À cela je réponds brièvement que si l'homme continue à s'unir à sa femme, avec laquelle son neveu a forniqué, il perpétrera un inceste. Or à propos des incestueux il y a dans le concile de Lérida, au chapitre dix : « Au sujet de ceux qui se souillent par une liaison incestueuse on a décidé que, tant qu'ils persévèrent dans ce concubinage détestable et illicite, ils sont admis dans l'église jusqu'à la messe des catéchumènes, car avec eux, comme l'Apôtre l'a ordonné, aucun chrétien ne doit pas même prendre de nourriture. » Mais si, du vivant de son épouse, il en épouse une autre il sera adultère public. Aussi Augustin, dans le livre Du bien conjugal : « Si un divorce intervient, le pacte n'est pas aboli, de sorte qu'ils sont conjoints même séparés ; et ils commettent un adultère avec ceux auxquels ils ont été liés même après leur répudiation. » On pourrait dire beaucoup de choses de ce genre si celles-ci ne suffisaient pas. Adieu.