Général
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Yves, évêque de Chartres
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Robert , comte de Ponthieu
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, Roberto, comiti Pontivensi(1), salutem.
Si injuste vobis a Sagiensi episcopo(2) divinum officium interdictum est, displicet mihi tam propter facientem quam propter patientem. Sed quia id non debeo facere proximo quod nollem ab eo pati, ne miremini si chrisma quod a nobis petitis ad praesens non accipitis. Lex est enim ecclesiastica ut « qui interdicti vel excommunicati sunt ab una Ecclesia, non recipiantur ab alia(3). » Nec est meum in absentem judicare(4), etiamsi pensem(a) utrum juste an injuste pastor vester vos obligaverit, cum hoc tantum observare debeam, ut in alienam messem falcem non mittam(5). Libenter autem tantis malis remedium quaererem, si Deus mihi daret opportunitatem et perficiendi(b) facultatem. Valete.
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praeessem AMT, pensem éd.
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et ad perficiendum A, et perficiendi MT, perficiendique éd.
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Robert de Bellême (cant. Bellême, arr. Mortagne, Orne), fils de Roger de Montgommery, marié à Agnès, fille de Gui I
er, comte de Ponthieu. Sur ce dernier, Lambert d'Arras, éd. citée,Registre, E. 43 et 74, et sur la famille, R. Fossier, « Chevalerie et noblesse de Ponthieu aux Xeet XIesiècles »,Mélanges E.-R. Labande, Poitiers, 1974.Recueil des actes des comtes de Ponthieu (1029-1279), éd. C. Brunel, Paris, 1930. Robert commit de nombreuses exactions et trahisons. En 1089 il fut libéré de prison par Robert Courteheuse. Il s'est révolté au début de son règne contre le roi Henri Ier(1100-1135). Vaincu plus tard par ce dernier il fut emprisonné le 4 novembre 1112, à la grande joie des moines enfin libérés de ses exactions. Guillaume de Jumièges, l. 8, c. 35, Orderic Vital,Histoire ecclésiastique, l. 8, ch. 4 et 44 etpassim, éd. A. Le Prévost, t. 3, p. 291-292 et 305. J. Boussard, « La seigneurie de Bellême aux Xeet XIesiècles »,Mélanges Louis Halphen, Paris, 1951, p. 43-54. V. Gazeau,Princes normands et abbés bénédictins, t. 1, p. 105, 305.
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Sées, cant., arr. Alençon, Orne. Serlon d'Orgères, ancien abbé de Notre-Dame de Saint-Évroult (1089-1091), fut élu évêque au concile de Rouen, dans l'octave de la Pentecôte 1091, sacré à Rouen le 22 juin 1091 où il succédait à Girard. Serlon avait déjà excommunié Robert en 1093/1094, puis en 1103, où la crise devint si grave qu'il s'exila, avec l'abbé Raoul de Saint-Martin de Sées, en Angleterre, d'où il était rentré en 1105. Il mourut le 27 octobre 1123.
GCXI, 683-686, Orderic Vital, l. 8, p. 697 et 11, p. 811. V. Gazeau,Princes normands, t. 1, p. 122,Prosopographie des abbés, t. 2, p. 281.
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Les textes sur ce sujet sont nombreux : pour s'en tenir à Yves,
Décret6, 357 (concile de Sardique, c. 16) ; 14, 37-39 (concile de Nicée, c. 5, lettre de Nicolas à Epiphane) ; 14, 109 (concile de Meaux, c. 2) ;Panormie5, 100, 101 (concile d'Antioche, c. 6) ; 5, 102 (concile de Carthage de 419, c. 29) ; 8, 139 (concile de Chalon). Sur la cohésion entre les évêques, voir aussi lettres 60, 76, 111, 194.
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Prescription canonique étayée par de nombreux textes, voir Gratien, C. 3, q. 9.
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Métaphore biblique, d'après Deut. 16, 9 ; Marc. 4, 29 ; Apoc. 14, 15-16.
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a. Avranches, BM 243, 73v-74
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 49v-50
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T. Troyes, BM 1924, 102v-103
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Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, à Robert, comte de Ponthieu, salut.
Si l'office divin vous a été interdit injustement par l'évêques de Sées, ceci me déplaît tant pour celui qui agit que pour celui qui subit. Mais parce que je ne dois pas faire à mon prochain ce que je ne voudrais pas subir de lui, ne vous étonnez pas si vous ne recevez pas pour le moment le chrême que vous nous demandez. Car la loi ecclésiastique est que « ceux qui ont été interdits ou excommuniés par une Église ne soient pas reçus par une autre. » Et il n'est pas en mon pouvoir de porter un jugement contre un absent, même si je jugeais si votre pasteur vous a lié justement ou injustement, puisque je dois seulement observer ce point : ne pas lancer ma faux dans la moisson d'autrui. Or j'apporterais volontiers un remède à de si grands maux si Dieu me donnait l'occasion et la possibilité de l'accomplir. Adieu.