« yves-de-chartres-72 »


Général

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    Yves, évêque de Chartres

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    Gérard, abbé de Saint-Wandrille

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    après 1090 - avant 1116


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    n.c.

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    Lettre

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    Ivo humilis Carnotensis Ecclesiae minister, G[eraldo](1), abbati monasterii sancti Guandregisili(a), salutem in Domino.

    Consuluit parvitatem meam dilectio vestra utrum tabulae altarium aliquando consecratae, cum translatae fuerint et super novam struem lapidum positae, denuo sint consecrandae(2). Quod nobis ex auctoritate et ratione faciendum videtur, cum canon dicat(3) : « Altare si motum fuerit, ecclesia denuo consecretur. » Quod si ecclesia propter motionem solius altaris denuo est consecranda, quanto magis ipsum altare quod motum est ! Praeterea cum signa similitudinem habeant earum rerum quarum signa sunt(4), sicut fides, quae caput et fundamentum est sacrae religionis, immobilis debet manere in credente, sic visibile altare, quod figuram gerit fidei debet manere immobile. Et sicut a fundamento fidei si quis motus fuerit per manus impositionem corpori Christi, quod est Ecclesia, reconciliandus est, sic mensa altaris fidei typum gerens, si mota fuerit, iterum sacris mysteriis imbuenda est. Nec satis similis ratio est quam quidam fratres vobis objiciunt quod altaria portatilia, licet de loco ad locum moveantur, non tamen denuo consecrantur. Haec enim altaria non aliter consecramus, nisi vel in tabulis ligneis, vel aliquo competenti substratorio compacta et firmiter sint affixa. Unde licet de loco ad locum portentur, non tamen de loco in quo consecrata sunt moventur ; a quo si evulsa fuerint, sicut caetera altaria denuo sunt consecranda. Haec de proposita quaestione breviter vobis rescripsi, eadem rationibus et auctoritatibus prolixius ostensurus, si opportunum esset, sed haec prudentiae vestrae sufficere sum arbitratus(5). Valete.


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    Gandregisili M, Gandesili Au.


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    Saint-Wandrille ou Fontenelle, dans la forêt de Jumièges, cne Saint-Wandrille-Rançon, cant. Caudebec-en-Caux, Seine-Maritime, abbaye fondée en 649. Gérard, qui succéda à Lanfranc, fut abbé de 1091 au 5 mars 1125/1126. D. Cottineau, 2, 2921-2924. V. Gazeau, t. 2, Prosopographie des abbés bénédictins, p. 342.

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    Sur le même sujet, voir lettre 80.

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    Yves, Décret 3, 13, ex decretis Higinii papae, c. 4 ; Panormie, 2, 20, ex decretis Eugenii, c. 4 (Gratien, DC, 1, 19). Également Burchard, Décret 3, 11 (Yginii), Anselme de Lucques, 5, 13 (Iginus). Voir lettre 80.

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    Augustin,ep. 98, 9, ad Bonifacium, CCSL 31A, p. 233 (PL 33, col. 364) : sacramenta quamdam similitudinem earum rerum quarum sacramenta sunt...

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    Malgré les conseils d'Yves, on n'a pas trace d'une nouvelle dédicace, V. Gazeau, note supra.


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    a. Avranches, BM 243, 47rv


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 31


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    T. Troyes, BM 1924, 94rv


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    Au. Auxerre, BM 69, 36v-37



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    Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, à Gérard, abbé du monastère de Saint-Wandrille, salut dans le Seigneur.

    Votre dilection a consulté ma petitesse pour savoir si les tables d'autel une fois consacrées, quand elles ont été transportées et posées sur un nouveau socle de pierre, doivent être consacrées à nouveau. D'après l'autorité et la raison, il me semble qu'on doit le faire, puisque le canon dit : « Si l'autel a été déplacé, que l'église soit consacrée à nouveau. » Si l'église doit être à nouveau consacrée à cause d'un déplacement de l'autel, à plus forte raison l'autel lui-même qui a été déplacé ! En outre comme les signes ont une similitude avec les choses dont ils sont les signes, de même que la foi, qui est la tête et le fondement de la sainte religion, doit rester immuable chez le croyant, ainsi l'autel visible, qui est la représentation de la foi, doit rester immobile. Et de même que quelqu'un, s'il s'est écarté du fondement de la foi, doit être, par l'imposition des mains, réconcilié au corps du Christ qui est l'Église, ainsi la table d'autel qui représente l'image de la foi, si elle a été déplacée, doit être à nouveau imprégnée par les mystères sacrés. Et l'argument que certains frères vous objectent n'est pas tout à fait identique, à savoir que les autels portatifs, bien que déplacés d'un endroit à un autre, ne sont pourtant pas consacrés une nouvelle fois. En effet nous ne consacrons ces autels que s'ils ont été assemblés et fermement fixés soit à des tables de bois, soit à quelque socle adapté. Aussi, bien qu'ils soient portés d'un lieu à un autre, ils ne sont cependant pas déplacés du lieu sur lequel ils ont été consacrés ; s'ils en sont arrachés, ils doivent être consacrés à nouveau comme tous les autres autels. Je vous ai écrit rapidement ces mots en réponse à la question posée, prêt à vous exposer plus en détail les mêmes points avec des raisons et des autorités si c'était opportun, mais je pense que ceci suffit à votre prudence. Adieu.

Informations

Acte

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21009 (yves-de-chartres-72), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/yves-de-chartres/notice/21009 (mise à jour : 21/09/2017).