Réponses aux questions concernant les relations entre chrétiens et Sarrasins
Faut-il excommunier les chrétiens qui vendent d'autres chrétiens comme esclaves aux musulmans ?
Item, utrum sint excommunicati qui uendunt christianos sarracenis, maxime cum tales, postquam uenduntur, a sarracenis compelluntur fieri sarraceni pro maiori parte. Respondemus: non sunt excommunicati, set mortaliter peccant.
http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/76/12/57/PDF/Penyafort.pdf
Également, ceux qui vendent des chrétiens à des Sarrasins sont-ils excommuniés, surtout étant donné que la plupart de ceux qui sont vendus sont forcés à devenir sarrasins ? Nous répondons : ils ne sont pas excommuniés mais ils commettent un péché mortel.
L. Foschia
Une longue tradition de lois canons et romaines interdisait aux juifs de posséder des esclaves chrétiens ; plusieurs de ces lois sont reprises dans le Decretum de Gratien (voir plus loin, les « textes apparentés »). De même que d’autres mesures similaires, cela a été étendus aux autres non-chrétiens, surtout les musulmans (voir en particulier Concilium Lateranense III [ c. 26: Iudaei sive Sarraceni ]). C’est en accord avec le principe général selon lequel les infidèles ne doivent pas exercer une autorité sur les fidèles. Ici, en violation manifeste de ces principes, des marchands chrétiens vendent d’autres chrétiens comme esclaves à des musulmans. Que les chrétiens vendus soient latins ou d’Orient n’est pas clair.
Les marchands européens, en particulier les Génois et les Vénitiens, participèrent activement au commerce d’esclaves en Méditerranée. Au XIIIème siècle, les deux cités maritimes étaient présentes sur la Mer Noire et sur la Mer Égée, qui constituaient leur principale source d’esclaves – dont beaucoup étaient chrétiens. Certains de ceux qui étaient vendus à Tunis pouvaient également être des captifs européens pris lors de raids ou de guerres entre les cités maritimes rivales. La pratique de la vente des chrétiens comme esclaves provoque une forte condamnation du pape (qui considère cela comme un péché mortel), mais ne conduit pas à l’excommunication. La législation des conciles sur la vente aux musulmans sanctionnait le commerce des armes, des bateaux, du bois et du fer avec l’excommunication, et Grégoire et Raymond étaient prêts à l’étendre aux autres commerces qui pouvaient aider les musulmans, mais pas à la vente d’esclaves.
Laurence Foschia : traduction
Claire Chauvin : traduction
Notice n°252837, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252837/.