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[Collectio Gerhardi][3]

Auteur

Gerhardus Mogontiacensis

Titre en français

[Collectio Gerhardi], 3

Type de texte

collectio

Texte

Iudaeorum perfidiam rationibus magis quam violentiis excutere Gregorius decertabat. Quapropter Vigilio et Theodoro episcopis Galliarum post aliqua scribens ait: Plurimi Iudaicae religionis viri in hac provincia commanentes ac subinde in Massiliae partibus pro diversis negotiis ambulantes ad nostram perduxere noticiam multos consistentium in illis partibus Iudæorum vi magis ad fontem baptismatis quam praedicatione perductos. Nam intentum quidem huiuscemodi et laude dignum censeo et de Domini nostri descendere dilectione profiteor. Sed hanc eandem intentionem, nisi competens scripturæ sacræ comitetur effectus, timeo ne aut mercedis opus exinde non proveniat aut iuxta aliquid animarum, quas eripi volumus, quod absit, dispendia subsequantur. Dum enim quispiam ad baptismatis fontem non praedicationis suavitate, sed necessitate pervenerit, ad pristinam superstitionem remeans inde deterius moritur, unde renatus esse videbatur. Fraternitas vero vestra huiuscemodi homines frequenti praedicatione provocet, quatinus mutare veterem magis vitam de doctoris suavitate desiderent. Sic enim et intentio vestra recte perficitur et conversi animus ad priorem denuo vomitum non mutatur. Adhibendus ergo illis est sermo, qui et erroris in ipsis spinas urere debeat et praedicando, quod in his tenebrescit, illuminet, ut pro his ammonitione frequenti mercedem fraternitas vestra capiat et eorum quantos Deus donaverit, ad regenerationem nouæ uitæ perducat. 1 Item Victori episcopo Panormitano: Sicut Iudæis non debet esse licentia, quicquid in synagogis suis ultra, quam permissum est, lege praesumere, ita in his quæ eis concessa sunt nullum debent praeiuditium sustinere.2 Quemadmodum Iudæos violenter baptizari Gregorius denegabat, ita christianos eis quoquo modo subici nullatenus permittebat. Unde Libertino praetori scribens ait: Fertur, quod Nasas, quidam sceleratissimus Iudeorum, sub nomine beati Heliæ synagogam puniunda temeritate construxerit multosque illic christianorum ad adorandum sacrilega seductione deceperit. Sed et christiana ut dicitur mancipia comparavit et suis ea obsequiis ac utilitatibus deputavit. Dum igitur severissime in eum pro tantis facinoribus debuisset ulcisci, gloriosus Iustinus, medicamento avaritiæ, ut nobis scriptum est, delinitus Dei distulit iniuriam vindicare. Gloria autem vestra haec omnia districta examinatione perquirat et, si huiuscemodi manifestum esse reppererit, ita districtissime ac corporaliter in eundem sceleratum festinet vindicare Iudeum, quatinus hac ex causa et gratiam sibi Dei nostri conciliet et his se posteris pro sua mercede imitandum monstret exemplis. Mancipa autem christiana, quæcumque eum comparasse patuerit, ad libertatem iuxta legum praecepta sine ambiguitate perducite, ne, quod absit, christiana religio Iudeis quoquo modo subdita polluatur.3 Item Venantio episcopo Lunensi: Multorum ad nos relatione pervenit a Iudeis in Lunensi civitate degentibus in servitium christiana detineri mancipia. Quae res tanto visa est asperior, quanto a fraternitate tua pacientia operosior. Oportebat quippe te respectu loci tui ac christianæ religionis intuitu nullam relinquere occasionem superstitioni Iudaicæ, ut simplices animæ non tam suasionibus quam potestatis iure quodammodo deservirent. Quamobrem hortamur fraternitatem tuam, ut secundum piissimarum legum tramitem nulli Iudeo liceat christianum mancipium in suo retinere dominio. Si qui penes eos inveniuntur libertas eis tuitionis auxilio ex legum sanctione servetur.4

Langue

Latin

Source du texte original

Der Brief des Priesters Gerhard an den Erzbischof Friedrich von Mainz, F. Lotter, ed. (Sigmaringen, 1975), 112-14.

Datation

  • Date fixe : 937

Aire géographique

Traduction française

Grégoire s'est efforcé de bannir la perfidie juive par la raison plutôt que par la violence. C'est pourquoi, écrivant à Virgile et Théodore, évêques des Gaules, il leur dit, après d'autres propos : de nombreux fidèles de la religion juive qui habitent dans cette province et qui voyagent vers la région de Marseille pour des raisons diverses ont porté à notre attention le fait que de nombreux juifs vivant dans cette région ont été menés aux fonts baptismaux de force plus que [convaincus] par le prêche. Je trouve cette tentative importante, c'est sûr, je la considère comme digne d'éloges et je reconnais qu'elle émane de l'amour [qu'il porte] à Notre Seigneur. Mais sauf si cette tentative va de pair avec l'effet correspondant produit par l'écriture sainte, je crains que, d'abord, la récompense issue de ce travail ne se fasse attendre et puis que certaines des âmes que nous souhaitons corriger ne soient perdues (Dieu nous en préserve !). Lorsque quelqu'un se rend aux fonts baptismaux poussé non pas par la douceur émanant du prêche mais par la force, en retournant à leur superstition d'origine, il meurt dans une situation pire puisqu'ils paraissent être nés une deuxième fois. Ainsi, votre fraternité doit presser ces individus à coup de sermons répétés, étant donné que s'ils souhaitent changer de vie c'est plus grâce à la douceur déployée par le maître. De cette façon, votre projet est correctement effectué et, en même temps, l'âme du converti ne retourne pas à son cloaque original. Ainsi est-ce le discours, qui doit à la fois faire disparaître les épines de l'erreur qui se trouvent à l'intérieur d'eux-mêmes et mettre en lumière, par les sermons, ce qui est dissimulé en eux, qu'il faut employer avec eux de sorte que votre fraternité puisse les gagner [à elle] en les admonestant fréquemment et puisse mener un grand nombre d'entre eux — le nombre que Dieu voudra — à la renaissance et à une vie nouvelle. Le même dit à Victor, l'évêque de Palerme : De même que les juifs ne doivent pas être autorisés à se permettre quoi que ce soit qui dépasse ce que la loi autorise dans leurs synagogues, de même, concernant les droits qui leur sont accordés, ils ne doivent subir aucun désagrément. De même que Grégoire a refusé le baptême forcé des juifs, de même il interdit que les chrétiens leur soient soumis de quelque façon que ce soit. C'est suite à cela qu'écrivant au préteur Libertinus, il dit : On raconte que Nasas, un certain juif plein de malice, construisit une synagogue sous le nom de saint Elijah, faisant preuve d'une témérité coupable. Et il trompa de nombreux chrétiens en les invitant à venir célébrer leur culte là-bas en les séduisant de manière sacrilège. On dit aussi qu'il a obtenu des esclaves chrétiens qu'il a assignés à son service et pour son bénéfice. C'est pourquoi, alors qu'il aurait dû être puni très sévèrement pour de telles actions, le glorieux Justin, tout imprégné de la drogue de l'avarice comme cela nous a été écrit remit à plus tard le fait de venger cette insulte faite à Dieu. Votre Gloire, cependant, devrait enquêter sur cette matière en y réfléchissant activement ; et si vous vous rendiez compte que cela est évident, alors hâtez-vous de punir cet impie de juif, violemment et personnellement, de sorte que de cette façon vous puissiez aussi bien regagner la grâce de Dieu que fournir à la postérité des exemples à suivre pour son bien. Affranchissez cependant les esclaves chrétiens, quel que soit l'identité de celui qui les aura obtenus, conformément aux préceptes de la loi sans équivoque, sauf si la religion chrétienne se trouve souillée en se soumettant aux juifs de quelque façon que ce soit (Dieu nous en préserve !). Le même à Venantius, évêque de Luni : Nous apprenons via de nombreux rapports que les esclaves chrétiens sont détenus par des juifs qui habitent la cité de Luni, chose qui paraît grandement troublante vu le degré de patience minutieuse déployée par Votre Fraternité. Il convenait en effet, en dehors de toute considération pour votre situation et du respect dû à la religion chrétienne, que vous ne donniez aucune occasion aux âmes naïves de se soumettre de quelque façon que ce soit à la superstition juive, non tant par le biais de la persuasion que par le droit représenté par l'autorité. C'est pourquoi nous recommandons à Votre Fraternité de n'autoriser aucun juif à garder en sa possession un esclave chrétien conformément à la lettre des lois les plus sacrées. Si des esclaves chrétiens sont trouvés chez des juifs, leur liberté devra être garantie par le recours à la protection qui émane de la sanction légale.

Source traduction française

L. Foschia

Résumé et contexte

Gérard a emprunté l'intégralité de ce chapitre à la Vita S. Gregorii de Jean le Diacre 4.42-4.43. Il comprend plusieurs lettres de Grégoire Ier qui interdisent la conversion forcée des juifs, mais en annexe à cette interdiction il interdit aussi que les chrétiens se soumettent aux juifs.

Signification historique

Gérard a compilé ce recueil sur ordre du nouvel archevêque de Mayence, Frédéric. Entre autres choses, Frédéric semble avoir demandé s'il pouvait ou non forcer les juifs à se convertir. En réponse, Gérard a rassemblé une série de canons qui interdisaient aux chrétiens de forcer les juifs à se convertir et aux juifs d'exercer leur autorité sur les chrétiens, formule qui a modelé la loi canon pour les siècles suivants.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Codex Guelferbytanus 83.21, Augusteus 2˚, fol. 161r-169v.

Editions

  • Der Brief des Priesters Gerhard an den Erzbischof Friedrich von Mainz, F. Lotter, ed. (Sigmaringen, 1975), 112-14.

Traductions

  • A.Linder, ed. & transl., The Jews in the Legal Sources of the Middle Ages (Detroit: Wayne State University, 1997), 622-25.

Etudes

  • A.Linder, The Jews in the Legal Sources of the Middle Ages (Detroit: Wayne State University, 1997).
  • Der Brief des Priesters Gerhard an den Erzbischof Friedrich von Mainz, F. Lotter, ed. (Sigmaringen, 1975).

Mots-clés

apostasie ; apostasie ; conversion ; conversion au christianisme ; esclaves ; Juifs/Judaïsme ; synagogue

Auteur de la notice

Jessie   Sherwood

Collaborateurs de la notice

Laurence   Foschia  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°137014, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait137014/.

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