Général
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Yves, évêque de Chartres
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Raoul de Beaugency
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Ivo, Dei gratia Carnotensis Ecclesiae minister, Radulfo de Balgentiaco(a), salutem et dilectionem.
Mandavit mihi serenitas tua quod nostrum velles habere colloquium vel per litteras in praesenti necessitate salubre consilium ; de praesenti quippe negotio tuo scripsi Aurelianensi episcopo(1) quod illi et tibi utile mihi visum est, a quo poteris audire quid de hoc conflictu inter te et comitem sentiam et pro tempore consulam. Tamen interim petitioni tuae respondeo ut, quaecumque pactio inter te fuerit et comitem, semper honorem ei deferas et notam ei infamiae non opponas. Sic enim dicit Apostolus(2) : « Cui honorem, honorem ; cui timorem, timorem. » Et alibi(3) : « Omnis anima potestatibus sublimioribus sit subdita ». Sic David, quamvis rex futurus, Saul perfido regi honorem detulit et, cum aliquando nactus esset opportunitatem eum occidendi, oram tantummodo chlamidis ejus incidit et de hoc tantillo poenitentia ductus cor suum percussit(4). Et quamvis eum persequeretur, semper honoravit vivum et planxit defunctum. A talibus ergo exemplum accipe et ea quae sunt pacis et fidelitatis erga dominum imitare. Si quam vero ab eo injuriam expostulas, rationibus utere, verba probrosa et contumeliosa dimitte, ne verba superba interminabile odium generent, cum superbia humiliet, humilitas exaltet(5). Vale.
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Batigentiaco M.
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Il s'agit de la lettre précédente.
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Rom. 13, 7.
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Rom. 13, 1.
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Épisode raconté dans Sam. 24, 4-5.
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D'après Prov. 29, 3.
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a. Avranches, BM 243, 128v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 92
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Yves, par la grâce de Dieu ministre de l'Église de Chartres, à Raoul de Beaugency, salut et affection.
Ta sérénité m'a fait savoir que tu voulais avoir un entretien avec nous ou un conseil salutaire par lettre dans la nécessité présente ; j'ai bien écrit à l'évêque d'Orléans sur la présente affaire ce qui m'a paru utile et pour lui et pour toi ; de lui tu pourras entendre ce que je pense sur ce conflit entre toi et le comte et ce que je conseille en la circonstance. En attendant je réponds toutefois à ta demande pour que, quel que soit le pacte qui aura lieu entre toi et le comte, tu lui témoignes toujours de l'honneur et que tu ne lui imposes pas une marque d'infamie. Car l'Apôtre parle ainsi : « À qui tu dois de l'honneur, témoigne de l'honneur ; à qui tu dois de la crainte, témoigne de la crainte. » Et ailleurs : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures. » Ainsi David, bien que destiné à devenir roi, témoigna de l'honneur au perfide roi Saul et, alors qu'un jour il avait trouvé l'opportunité de le tuer, il coupa seulement le bord de sa chlamide et, conduit à la pénitence pour cette vétille, il se frappa le cœur. Et bien que Saul le persécutât, il l'honora toujours de son vivant et le pleura mort. Prends donc exemple sur de telles personnes et imite envers ton seigneur ces faits qui sont témoignages de paix et de fidélité. Mais si tu subis quelque injustice de sa part, use de raisons, rejette les paroles honteuses et injurieuses, de peur que des mots d'orgueil ne génèrent une haine interminable, puisque l'orgueil humilie et l'humilité élève. Adieu.