« yves-de-chartres-247 »


Général

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    Yves, évêque de Chartres

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    Jean 2, évêque d’Orléans

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    après 1097 - avant 1116


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    n.c.

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    Lettre

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    Johanni, Dei gratia Aurelianensi episcopo, Ivo, eadem gratia Carnotensis Ecclesiae minister, spiritum consilii et fortitudinis(1).

    Clerici nostri nuper ad nos revertentes(2), qui causae comitis Theobaldi(3) Aurelianis(a) interfuerunt, retulerunt nobis quod quidam miles domni Radulphi(4) quemdam militem comitis ad monomachiam provocaverit et hanc provocationem Ecclesia vestra judicio confirmaverit et diem peragendae monomachiae constituerit. Quod audientes valde mirati sumus, cum monomachia vix aut numquam sine sanguinis effusione transigi valeat ; judicium vero sanguinis servanda Patrum auctoritas clericos agitare prohibeat et Romana Ecclesia in legem eam non assumat, dicente papa Nicholao in causa Lotharii contra Theobergam(b) reginam(5) : « Monomachiam in legem non assumimus, quam antecessores nostros minime accepisse cognoscimus. » Quomodo enim Ecclesia judicare debet fundendum sanguinem alienum(6), quae a primo ortu suo jussa est fundere sanguinem proprium ? Faciant haec cincti(c) judices(7), qui ad malorum vindictam gladium materialem portant, non qui contra nequitias spirituales gladio spiritus pugnant, ut cum unumquodque membrum Ecclesiae officium non usurpaverit alienum, laudes mereatur quae sponsae Christi cantantur in Canticis Canticorum(8) : « Pulchra ut luna, electa ut sol, terribilis ut castrorum acies ordinata. » Alioquin si alieni ordinis usurpatores fuerimus, nec nostri officii quod postposuimus, nec alieni quod usurpavimus, meritum obtinebimus, sed tanquam capite deorsum posito et pedibus erectis thymelicorum(9) incessum imitabimur(10). Praeterea si ex vestro judicio forte periculum mortis incurrerit, perpetes inimicitias et periculum vestri ordinis incurrere poteritis. Dico haec ex dilectione fraternitati vestrae, quatenus salubri consilio judicium hoc retractetis et provida dispensatione, si aliter fieri non potest, majora vitando(d) pericula, minora potius subeatis. Valete.


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    Aurelianum A 

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    Tebergam M, Teobergam A 

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    cuncti A, xincti M 

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    vitanda majora A.


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    Is. 11, 2.

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    Voir aussi lettre 248.

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    Thibaud IV, comte de Blois et Chartres. Adoubé en 1107, il gouverna à partir de 1109, mais demeura sous l'influence de sa mère Adèle d'Angleterre jusqu'en 1122. Il succéda en 1125 à son oncle Hugues comme comte de Champagne sous le nom de Thibaud II et mourut le 10 janvier 1152. Suger, Vie de Louis VI le Gros, p. 75, 131-171, etc. M. Bur, op. cit., p. 281 et passim. A. Chédeville, Chartres et ses campagnes, p. 41 : en 1111-1112, Raoul figure parmi les fidèles de Thibaud, Suger, ibid., p. 146-149 ; 158-161 ; Cartulaire de Marmoutier pour le Dunois, n° 94. Le conflit entre Raoul et Thibaud rapporté dans cette lettre n'est que passager : en 1114, en guerre contre Louis VI, Thibaud, pour régler un conflit avec Marmoutier, appelle à son conseil ses optimates, parmi lesquels Raoul de Beaugency, A. Chédeville, op. cit., p. 285.

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    Raoul, seigneur de Beaugency, voir lettre 180.

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    Yves, Décret 8, 187, voir lettres 74, 183.

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    Onzième concile de Tolède, c. 6, Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 409. Yves, Décret 5, 315 (Gratien, 23 8, 30).

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    Voir lettre 241.

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    Cant. 6, 9.

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    Ces positions sont pour Augustin le symbole d'un monde à l'envers, où le corps domine l'âme, Sermo 50, PL 40, col. 1335. Florus de Lyon, lettre 1, 5, PL 119, col. 75. C'est aussi la position des martyrs suppliciés : cápite deórsum verso et pédibus in sublíme sublátis,Martyrologe romain, 4 octobre et passim. On trouve également la comparaison avec les acrobates dans la lettre 87 de saint Bernard : more scilicet ioculatorum et saltatorum, qui capite misso deorsum, pedibusque sursum erectis, praeter humanum usum stant manibus vel incedunt, et sic in se omnium oculos defigunt, PL. 182, col. 217.


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    a. Avranches, BM 243, 128rv


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 92



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    À Jean, par la grâce de Dieu évêque d'Orléans, Yves, par la même grâce ministre de l'Église de Chartres, esprit de conseil et de force.

    Comme ils revenaient récemment auprès de nous, nos clercs, qui avaient assisté à Orléans au procès du comte Thibaud, nous ont rapporté qu'un chevalier du seigneur Raoul avait provoqué en duel un chevalier du comte et que votre Église avait confirmé cette provocation par un jugement et fixé un jour pour exécuter ce duel. Nous nous sommes vivement étonné d'entendre ceci, puisque le duel ne peut presque jamais ou jamais se régler sans effusion de sang ; or l'autorité des Pères, que l'on doit observer, interdit aux clercs d'exercer le jugement du sang et l'Église romaine ne l'admet pas dans sa loi, le pape Nicolas disant dans le procès de Lothaire contre la reine Théoberge : « Nous n'admettons pas le duel comme loi et nous savons que nos ancêtres ne l'ont pas du tout admis. » Car comment l'Église doit-elle juger qu'il faille verser le sang d'autrui, elle qui dès sa naissance a reçu l'ordre de répandre son propre sang ? Qu'agissent ainsi les juges ceints d'un baudrier, ceux qui portent le glaive matériel pour la punition des méchants, et non ceux qui combattent contre les fautes spirituelles avec le glaive de l'esprit, de sorte que tout membre de l'Église qui n'usurpe pas l'office d'autrui mérite les louanges chantées à l'épouse du Christ dans le Cantique des cantiques : « Belle comme la lune, excellente comme le soleil, redoutable comme l'armée du camp rangée en bataille. » Autrement, si nous devenons les usurpateurs de l'ordre d'autrui, nous n'obtiendrons le mérite ni de notre office que nous avons négligé, ni de l'office d'autrui que nous avons usurpé, mais nous imiterons la démarche des bouffons, tête en bas et pieds dressés. En outre, s'il arrivait que, par votre jugement, quelqu'un encourre un danger de mort, vous pourriez encourir des inimitiés perpétuelles et un danger pour votre ordre. Je dis ceci par dilection fraternelle pour vous, afin que vous reveniez sur ce jugement par une décision salutaire et que par une prudente disposition vous supportiez plutôt, si vous ne pouvez faire autrement, des dangers moindres pour en éviter de plus grands. Adieu.

Informations

Acte

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21185 (yves-de-chartres-247), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/yves-de-chartres/notice/21185 (mise à jour : 21/09/2017).