Général
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Yves, évêque de Chartres
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Richard, évêque d'Albano
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Richardo, Dei gratia Albanensium episcopo, sedis apostolicae vicario, Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, debitam et devotam obedientiam.
Juxta consilium et admonitionem vestram, abbates Blesensem et Bonaevallensem convocavi ad praesentiam nostram(1) ut, ex officii nostri debito, aut pacem inter eos reformarem aut litem quae inter eos erat judiciario ordine terminarem(2). Primo itaque aditu(a) ad hoc intendi ut quartam partem Ecclesiae de qua lis orta est, licet nondum eam, quamvis a me concessam, obtineret, a possessoribus quietam ei facerem ; deinde ut aliam quartam, nec a me nec ab aliquo sibi concessam, acquirerem, quatenus ex benevolentia sola sic in alienos labores introiret(3) et colligeret ubi non sparsit, meteret ubi non seminavit(4), ea tamen conditione ut, si de caetero aliquae lites a laicis inde moverentur, utrique abbates pro pace obtinenda simul laborarent, si quid expendendum esset, simul expenderent et commoda et(b) incommoda aequa lance dividerent.
Cum ergo huic dispensationi Blesensis abbas etsi non libenter, tamen obedienter, assensum praebuisset, Bonaevallensis abbas nec meo consilio voluit acquiescere nec judicio. In hoc vero negotio nullam potest idoneam causam praetendere, nisi forte illam poeticam quia « omnis potestas regni impatiens consortis erit(5) » ; et nititur quodam novo et hactenus inaudito mandato quod potius impugnat charitatem quam sequatur auctoritatem. Quod tamen si inviolatum manet, plus proderit Blesensi quam Bonaevallensi abbati. Habuit namque Blesense monasterium partem decimarum et oblationum a multis praecedentibus annis pertinentium ad Ecclesiam de qua ista contentio orta est, sicut evidentia rei probat, et ipse abbas probare(c) poterit cum ei necessarium fuerit. Hoc interim scripsi sollicitudini vestrae ne desidiae aut contemptui imputaretis, si nihil me inde tractasse audiretis. Valete.
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auditu éd.
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vel M
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prodere éd.
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Voir lettre précédente.
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Ordo judiciarius, voir lettre 138.
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Joh. 4, 38.
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Matth. 25, 24-26.
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Lucain,
Pharsale, I, 93-94.
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a. Avranches, BM 243, 114v
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 80v-81
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T. Troyes, BM 1924, 15v-16
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À Richard, par la grâce de Dieu évêque d'Albano, vicaire du siège apostolique, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, une obéissance due et dévouée.
Selon votre conseil et votre admonition, j'ai convoqué en notre présence les abbés de Blois et de Bonneval pour que, d'après le devoir de notre office, soit je restaure la paix entre eux soit je mette un terme par une décision judiciaire au litige qui était entre eux. C'est pourquoi dès l'abord j'ai veillé à ceci : assurer à celui-ci la possession paisible du quart de l'église à propos de laquelle le litige était né, bien qu'il ne la détienne pas encore, malgré la concession que je lui avais faite ; ensuite acquérir moi-même l'autre quart, qui ne lui a été concédé ni par moi ni par personne, pour que, par ma seule bienveillance, il profite des travaux d'autrui et qu'il ramasse où il n'a pas répandu, qu'il récolte où il n'a pas semé, à cette condition toutefois que, si à l'avenir des litiges y étaient soulevés par des laïcs, les deux abbés œuvrent ensemble pour obtenir la paix, que, si quelque chose devait être dépensé, ils le dépensent ensemble et partagent les avantages et les dommages selon une balance égale.
Donc, comme l'abbé de Blois avait donné son accord à cette disposition, sinon volontiers du moins par obéissance, l'abbé de Bonneval ne voulut se rendre ni à mon conseil ni à mon jugement. Or dans cette affaire il ne peut mettre en avant aucune raison appropriée, sauf peut-être la raison du poète, qu' « aucun pouvoir royal ne supportera le partage » ; et il s'appuie sur une décision nouvelle et inouïe jusqu'à ce jour, qui combat plutôt la charité qu'elle ne suit l'autorité. Cependant si elle se maintient sans être violée, elle profitera plus à l'abbé de Blois qu'à celui de Bonneval. Car le monastère de Blois a eu, depuis déjà bien des années, une part des dîmes et des offrandes qui dépendent de l'église à propos de laquelle la polémique est née, comme le prouve l'évidence de la chose et comme l'abbé lui-même pourra le prouver quand ce lui sera nécessaire. J'ai entre temps écrit ceci à votre sollicitude pour que, si vous appreniez que je n'ai encore rien réglé, vous ne l'imputiez pas à la négligence ou au mépris. Adieu.