Général
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Yves, évêque de Chartres
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Thomas 2, archevêque d’York
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après 1109 - avant 1114
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[après 1109]
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Lettre
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Thomae(a), Eboracensi archiepiscopo(1), Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, pro dispensatione fideli promereri gaudium boni servi(2).
Benedictus Deus qui conversationem vestram lucere facit in tenebris barbarae nationis, quo his quibus praeestis verbo et exemplo prodesse possitis et bonae opinionis odorem ad nos usque transmittatis. Unde arctius inter nos vinculum dilectionis colligari(b) desiderans, praesentes litterulas direxi benignitati vestrae ut hoc commonitorio discamus invicem mutuis nos consolationibus refovere et devotis suffragiis orationum relevare. Cum enim positis in regimine frequenter immineant illa pericula, quae Psalmista commemorat dicens(3) : « Ascendunt usque ad coelos et descendunt usque ad abyssos, turbati sunt et moti sunt sicut ebrius et omnis sapientia eorum devorata est », hoc solum remedium nobis expetendum est quod sequitur(4) : « Clamaverunt ad Dominum cum tribularentur et de tribulationibus eorum eduxit eos ». Hunc clamorem charitas auditu dignum facit, quam nec temporum inaequalitas impedit, nec locorum longinquitas intercludit, cum exauditor ubique sit praesens, qui et pia vota subministrat et postulata implere non tardat. Unde est quod in typo se invicem diligentium in tabernaculo Dei duo cherubin se invicem respiciunt et vultus suos in propitiatorium vertunt(5), quo et mutuam inter se dilectionem proferant et quod suggerente charitate postulaverint, Deo propitiante, se posse obtinere confidant. In hunc modum intuitu charitatis nos invicem respiciamus, mutuas orationum manus porrigamus ; et quae saluti nostrae sunt necessaria vel impetrata vel impetranda propitiationi divinae humiliter ascribamus, quae hujus procellosi maris discrimina, in quo sunt reptilia quorum non est numerus(6), sic modificabit ut non permittat nos tentari supra id quod possumus sustinere sed faciet cum tentatione proventum(7), qui imperat ventis et mari(8), ut possimus tumores aequoreos superare(9). De caetero noverit excellentia vestra parvitatem nostram paratam non tantum ad impendenda orationum suffragia, sed etiam ad omnia charitatis officia quae impendere valet facultas vel scientia nobis divinitus collata. Vale.
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Thomae JM, Tustino A., Tustanno, Gustanno al.
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colligare éd.
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Les archevêques d'York furent Thomas I
er, 1070-1100, Gérard, 1100-1108, Thomas II, 1109-1114, frère de Richard, évêque de Bayeux, 1107-1133, et de Samson, évêque de Worcester ; puis Turstin, 16 août 1114-21 janvier 1140, frère d'Audin, évêque d'Évreux, 1113-1139 (voir lettre 223). Si la lettre est à sa place dans les manuscrits, elle a dû être écrite peu après l'élection de Thomas II. Mais L. Merlet pense qu'elle est adressée à un Gustan, qui aurait siégé de 1109 à 1113. La présence de cette lettre dans le manuscrit Jesus, qui ne contient que des lettres du début de l'épiscopat d'Yves, pourrait faire penser qu'il s'agit de Thomas Ier. Une autre source (Wikipedia) donne Samson, évêque de Worcester, comme frère de Thomas Ieret père de Thomas II (qui aurait succédé à son oncle) et de Richard évêque de Bayeux. V. Gazeau cite bien Thomas II, et non Gustan, entre 1109 et 1114,Princes normands et abbés bénédictins, p. 244.
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D'après Matth. 25, 23.
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Ps. 106, 26-27.
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Ibid., 28.
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Ex. 25, 20.
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Ps. 104, 25.
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I Cor. 10, 13.
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Matth. 8, 26 ; Luc. 8, 25.
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Fluctivagae aequoreos mentis compesce tumores, Dudon de Saint-Quentin,De moribus et actis primorum Normanniae ducum, ch. 13epilogus.
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a. Avranches, BM 243, 112
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 86v-87
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J. Jesus College, Q.G.5, 35v-36
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À Thomas, archevêque d'York, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, mériter pour sa fidèle administration la joie du bon serviteur.
Béni soit Dieu qui fait luire votre conduite dans les ténèbres d'une nation barbare, de sorte que vous puissiez être utile par la parole et par l'exemple à ceux que vous gouvernez et que vous transmettiez jusqu'à nous le parfum de votre bonne renommée. Aussi, désirant resserrer plus fermement entre nous le lien de l'affection, ai-je envoyé à votre bienveillance ce présent billet pour que nous apprenions par ce rappel à nous réchauffer l'un l'autre de consolations mutuelles et à nous soulager par les pieux suffrages de nos prières. Car, tandis que pour nous, qui sommes placés au commandement, menacent fréquemment ces dangers que le Psalmiste rappelle en disant : « Ils montent jusqu'aux cieux et descendent jusque dans les abîmes, ils ont été troublés et secoués comme un homme ivre et toute leur sagesse a été dévorée », il nous faut chercher le seul remède dans ce qui suit : « Ils ont crié vers le Seigneur alors qu'il étaient dans les tribulations et de leurs tribulations il les a délivrés. » La charité rend ce cri digne d'être entendu, elle que la différence des temps n'arrête pas, que l'éloignement des lieux n'exclut pas, tandis qu'est partout présent celui qui exauce, inspirant les vœux pieux et ne tardant pas à accomplir ce qui a été demandé. C'est la raison pour laquelle dans le tabernacle de Dieu, en représentation de ceux qui s'aiment l'un l'autre, deux chérubins se regardent l'un l'autre et tournent leurs visages vers le propitiatoire, pour manifester l'affection mutuelle entre eux et la confiance qu'ils ont de pouvoir obtenir, avec l'aide de Dieu, ce qu'ils ont demandé à la suggestion de la charité. De cette manière regardons-nous l'un l'autre avec le regard de la charité, tendons-nous mutuellement les mains de nos prières ; et ce qui est nécessaire à notre salut, soit déjà obtenu soit à obtenir, attribuons-le humblement, à la propitiation de Dieu, qui contiendra les dangers de cette mer tempétueuse, dans laquelle sont des reptiles dont on ne sait pas le nombre, de manière à ne pas permettre que nous soyons tentés au-delà de ce que nous pouvons supporter, mais qui donnera avec la tentation le moyen d'y résister, lui qui commande aux vents et à la mer, pour que nous puissions triompher des gonflements des mers. En outre que votre excellence sache que notre petitesse est prête non seulement à lui consacrer les suffrages de ses prières, mais même tous les offices de la charité que peuvent consacrer la faculté ou la science qui nous ont été conférées par Dieu. Adieu.