« yves-de-chartres-197 »


Général

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    Yves, évêque de Chartres

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    Guillaume, abbé de Marmoutier

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    après 1090 - avant 1116


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    n.c.

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    Lettre

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    Ivo, Dei gratia humilis Carnotensis Ecclesiae minister, Guillelmo, eadem gratia Majoris-Monasterii abbati(1), summo pastori in sancto placere proposito.

    Continetur in litteris vestris presbyterum, tanquam ad terrendos(a) inimicos suos(b), domum suam succendisse et eo incendio puerum quemdam matrem sequentem, cum incendium praevaluisset, occubuisse. Quaerit itaque(c) vestra fraternitas utrum praedictus presbyter, factus monachus, ulterius valeat Christi sacramenta tractare an omni tempore a sacerdotali officio alienus existere. Respondeo itaque vobis ex verbis papae Nicolai de simili casu, cuidam episcopo Hosbardo ita scribentis(2) « quoniam, presbyter etsi voluntatem occidendi non habuit, furor tamen et indignatio, ex quibus mortifera illa motio(d) prodiit, in omnibus, et praecipue in Dei ministris, inhibetur atque ubique damnatur. » Quibus verbis colligi potest quia, si presbyter rem licitam et ordinatam fecisset et praeter ejus intentionem alicujus inopinata mors inde provenisset, immunis esset. Nunc vero quia, diabolo suadente, quod illicitum et contra sacerdotale propositum erat prius fecit et de malo initio pejor exitus prodiit(3), nullo modo presbyterum debemus(e) immunem aestimare nec sacerdotali officio dignum judicare, nisi eum longa monasticae vitae probet experientia et ad intermissum ministerium ex meritorum praerogativa pastoralis obedientia revocet. Vale.


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    terrendum M 

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    om. A éd. Ju

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    commotio A éd. Ju

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    possumus MTAu.

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     c ergo MTAu 


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    Marmoutier, voir lettres 4, 73, 108. Guillaume, abbé de 1105 au 23 mai 1124. Il succédait à Hilgotus ; l'archevêque de Tours Raoul II lui refusa la bénédiction s'il ne lui faisait pas profession d'allégeance et Guillaume, soutenu par Yves, se rendit à Rome pour la recevoir. Il assista en 1106 au synode de Poitiers. En 1107, l'évêque de Meaux lui confia l'abbaye de La Celle-en-Brie, DHGE 22, col. 954. Voir aussi lettre 234.

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    Fragment d'une lettre de Nicolas (858-867), Jaffé, n° 2165. Yves, Décret 10, 24 (Gratien, D. 50, 39). Le début de la phrase de Nicolas n'a pas été repris : Quod si veraciter qualicumque percussione istius presbyteri ille mortuus est diaconus, nulla hunc ratione ministrare sacerdotis more decernimus quoniam...

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    Sur ce topos, voir lettres 40, 43, 81.


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    a. Avranches, BM 243, 106v


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 74


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    T. Troyes, BM 1924, 42rv


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    Au. Auxerre, BM 69, 83rv



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    Yves, par la grâce de Dieu humble ministre de l'Église de Chartres, à Guillaume, par la même grâce abbé de Marmoutier, plaire au souverain pasteur dans sa sainte conduite.

    Dans votre lettre il est rapporté qu'un prêtre avait incendié sa maison dans la pensée de terrifier ses ennemis et qu'à cause de cet incendie un enfant qui suivait sa mère avait été tué alors que l'incendie était au plus fort. C'est pourquoi votre fraternité demande si ledit prêtre, devenu moine, peut dorénavant administrer les sacrements du Christ ou s'il demeure à jamais à l'écart de l'office sacerdotal. C'est pourquoi je vous réponds avec les mots du pape Nicolas sur un cas semblable, qui écrit ainsi à l'évêque Hosbardus « que, même si le prêtre n'a pas eu la volonté de tuer, la fureur et l'indignation, à cause desquelles ce mouvement porteur de mort s'est produit, sont cependant prohibées chez tous, et plus spécialement chez les ministres de Dieu, et partout condamnées. » De ces mots on peut conclure que si ce prêtre avait fait une chose licite et régulière et que la mort inopinée de quelqu'un en ait découlé contre son intention, il aurait été innocent. Mais parce qu'à l'instigation du diable il a fait d'abord ce qui était illicite et opposé à sa conduite sacerdotale et que d'un mauvais commencement a procédé une issue pire, nous ne devons en aucune façon considérer ce prêtre comme innocent ni le juger digne de l'office sacerdotal, à moins qu'une longue pratique de la vie monastique ne l'éprouve et qu'en fonction de ses mérites l'obéissance à son pasteur ne le rappelle vers le ministère perdu. Adieu.

Informations

Acte

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21135 (yves-de-chartres-197), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/yves-de-chartres/notice/21135 (mise à jour : 21/09/2017).