Général
-
Yves, évêque de Chartres
-
Louis 6, roi de France
-
après 1108 - avant 1109/08/03
-
[1108-3 août 1109]
-
Lettre
-
Ludovico(1), Dei gratia Francorum regi, dulcissimo et dilectissimo(a) domino suo, Ivo, humilis Ecclesiae Carnotensis minister, salutem et debitum pro posse servitium.
Dictum est mihi quod ad suggestionem inimicorum abbatem Sancti Dionysii(2) graviter accusatis et, testimonio cujusdam pseudomonachi, de objecta sibi falsitate infamare contenditis(3). Quod nec leges habent, nec antecessorum vestrorum regum instituta permittunt, ut alicui de se confesso credi debeat super crimen alienum(4). Unde excellentiae vestrae supplico ut majestati regiae primo consulatis et nobilis monasterii, quod cum omnibus sibi appendentibus vestrae voluntati obnoxium est, ne in aliquo jura(b) minuatis, sed potius beneficia, quae praedecessores vestri eidem venerabili loco contulerunt, tanquam in propriam eleemosynam defendendo, vindicetis(c). Et quia periculosum est loca sanctorum perturbare, militantes in sanctis locis inquietare(5), salubre consilium mihi videretur ut, postpositis aemulorum insimulationibus, tales personas ad hanc discussionem invitaretis vel exspectaretis, quae sine omni fuco malitiae consilium vobis darent et vestrae utilitati et quieti monasterii salubriter providerent. In his autem et in omnibus, det vobis Dominus spiritum consilii et fortitudinis et pietatis(6). Valete.
-
om. T éd. Ju
-
in aliquo jura non AMTAu
-
vereatis A, vertatis MAu, veritatis T.
-
Éditée et datée par J. Dufour,
Actes de Louis VI, t. 2, p. 451-452.
-
Adam, abbé de la célèbre abbaye parisienne de Saint-Denis, 1099-1122. Il apparaît à plusieurs reprises dans la
Vie deLouis VIle Grosde Suger, dont il est le prédécesseur immédiat, éd. citée, p. 15, 53 (apaisement du conflit avec Galon, évêque de Paris, Adam voulant que l'abbé soit consacré par n'importe quel évêque et non par le seul évêque de Paris), p. 57 (sa présence à l'entrevue entre Pascal II et Philippe Ieret Louis VI le 1ermai 1107), p. 83 (funérailles de Philippe), p. 137, 209 (sa mort). On ignore les raisons de l'inimitié du roi, qui se traduisit par une surcharge d'impôts. L. Merlet suggère que c'est la conséquence du différend avec l'évêque de Paris et du désir d'autonomie de l'abbaye.
-
Ces quelques termes, fausse accusation, témoignage non fondé, abus de la notion d'infamie, suffisent à rendre le roi coupable au regard du droit canonique, Yves,
Décret12, 26.
-
Jules,
Décrets, c. 14,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 469. Yves,Décret5, 288 ;Panormie4, 69 et 87 (Gratien, 15, 3, 5). D'aprèsCode9, 2, 17. Même canon, lettres 229, 249.
-
La tranquillité due aux moines est un argument sans cesse répété en droit canonique, Yves,
Décret7, 8 ; 7, 11. Sur le respect desloca sanctorum,ibid.3, 80.
-
Spiritum...pietatis,Sacramentarium Gelasianum, I, 75, 615.
-
a. Avranches, BM 243, 106rv
-
M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 73v-74
-
T. Troyes, BM 1924, 42v
-
Au. Auxerre, BM 69, 82rv
-
À Louis, par la grâce de Dieu roi des Francs, son seigneur très doux et très cher, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, salut et le service qui lui est dû autant qu'il le peut.
Il m'a été dit qu'à la suggestion de ses ennemis vous accusiez gravement l'abbé de Saint-Denis et que, selon le témoignage d'un faux moine, vous cherchiez à le frapper d'infamie pour une fausseté qui lui est reprochée. Ce que les lois ne reconnaissent pas et ce que ne permettent pas les institutions des rois vos ancêtres, c'est qu'il faille accorder confiance à propos du crime d'autrui à quelqu'un qui se reconnaît coupable de la même faute. Aussi supplié-je votre excellence de consulter d'abord la majesté royale et de ne diminuer en rien les droits du noble monastère qui est soumis à votre volonté, avec les biens qui en dépendent, mais plutôt de préserver les concessions que vos prédécesseurs ont conférées à ce vénérable lieu, comme si vous défendiez votre propre aumône. Et parce qu'il est dangereux de troubler les lieux des saints et d'inquiéter ceux qui militent dans les lieux saints, il me semblerait de bon conseil qu'une fois abandonnées les accusations des envieux vous invitiez ou attendiez pour régler cette affaire des personnes capables de vous donner un conseil sans la moindre teinture de malice et de pourvoir sainement à votre intérêt et à la quiétude du monastère. En cela et en tout, que le Seigneur vous donne l'esprit de conseil, de courage et de piété. Adieu.