Général
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Yves, évêque de Chartres
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Guillaume, archidiacre de Paris
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après 1090 - avant 1116
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n.c.
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Lettre
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Ivo, Dei gratia Carnotensi Ecclesiae minister, Guillelmo(1), Parisiensi archidiacono, salutem.
De milite qui de filia sua(a) cum alio milite sponsalia fecit, hoc dilectioni vestrae pro intellectu meo respondeo. Si petitor adversus eum testes produxerit qui ipsis sponsalibus interfuerint, vel alios qui ipsum patrem puellae in sua praesentia confitentem haec sponsalia se fecisse testificati fuerint et hoc(b) jurejurando firmare(c) voluerint, quia ipsa sponsalia(d) rata esse oportebit cum secundum leges probatio(e) ei incumbat qui dicit, non ei qui negat(2). Credo autem vos mecum sentire quia(3), sicut in Christo neque servus est, neque liber, neque masculus, neque femina(4), ita in contractibus Christiani populi, quos communes habent liberi cum servis et omnes homines cujuscumque conditionis, si de his controversia orta fuerit, quascumque personas honestae tamen vitae et boni testimonii ad testimonium rationabiliter posse admitti et in civilibus causis vel criminalibus hanc discretionem personarum solummodo debere servari. In hujusmodi autem causis monomachia(5) nullo modo admittenda est, quia, secundum beatum Augustinum(6) : « Quamdiu habet homo quod faciat, non debet temptare Deum suum. » Sponsio vero pecuniae servata, vel violata, non debet impedire conjugium, si sponsalia facta sunt consensu contrahentium(7). Haec breviter prudentiae vestrae scripsi, rogans ut id faciatis quod per domnum Gualterium(8)(f) monachum a fraternitate vestra volumus impetrari. Valete.
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sua pactum éd.
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haec Au éd.
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confirmare V
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ita sponsalia éd.
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exprobatio V
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Gauterium V, Walterium Au.
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Il n'apparaît pas à cette date d'archidiacre Guillaume dans le
Cartulaire de Notre-Dame de Pariséd. M. Guérard, Paris, 1850.
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Digeste, 22, 3, 2. Yves,Décret16, 179 ;Panormie5, 18.
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Il y a rupture de construction, cette conjonction étant suivie des verbes à l'infinitif,
posseetdebere.
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Gal. 3, 28.
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Contre le duel, le texte du pape Nicolas, repris par Yves,
Décret8, 187, voir lettre 74, use aussi de l'argument qu'il ne faut pas tenter Dieu.
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Augustin,
Contra Faustum manichaeum, 22, 36,CSEL25, p. 629-630. Voir lettres 74, 205.
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Sur le consentement, voir lettres 99, 134, 148.
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Est-ce le Gautier que l'on trouve comme archidiacre lettres 262 et 269 ? Il y a aussi un Gautier
dapiferd'Yves dans leCartulaire de Notre-Dame de Chartres, charte 35, 1114, t.1, p. 123.
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a. Avranches, BM 243, 96v-97
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 67v-68
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V. Vatican, Reg. Lat. 147, 21
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T. Troyes, BM 1924, 27v
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Au. Auxerre, BM 69, 72v-73
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Yves, par la grâce de Dieu ministre de l'Église de Chartres, à Guillaume, archidiacre de Paris, salut.
À propos du chevalier qui a conclu pour sa fille des fiançailles avec un autre chevalier, voici ce que je réponds à votre dilection selon mon interprétation. Si le demandeur a produit contre lui des témoins qui ont assisté à ces fiançailles ou d'autres qui portent témoignage que le père de la jeune fille lui-même a reconnu en leur présence avoir fait ces fiançailles et qui acceptent de confirmer ceci par serment, il faudra que ces fiançailles soient ratifiées parce que, selon les lois, la preuve incombe à celui qui assure, non à celui qui nie. Or je crois que vous serez d'accord avec moi sur le fait que, de même que pour le Christ il n'y a ni esclave, ni homme libre, ni homme, ni femme, ainsi dans les contrats du peuple chrétien, que les hommes libres ont en commun avec les esclaves et tous les hommes de quelque condition que ce soit, s'il naît une controverse à leur sujet, on peut admettre raisonnablement à témoigner n'importe quelle personne, à condition qu'elle soit de vie honnête et digne de témoigner, et que cette distinction entre les personnes doit seulement être observée dans les causes civiles ou criminelles. Mais dans les affaires de ce genre le duel ne doit être admis en aucun cas parce que, selon le bienheureux Augustin : « Tant qu'un homme a quelque chose qu'il peut faire, il ne doit pas tenter son Dieu ». Or, que la promesse d'argent ait été tenue ou violée, cela ne doit pas empêcher le mariage, si les fiançailles ont été faites avec le consentement des contractants. J'ai écrit ceci rapidement à votre prudence, vous demandant par le seigneur Gautier, moine, de faire ce que nous voulons que votre fraternité accomplisse. Adieu.