« yves-de-chartres-162 »


Général

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    Yves, évêque de Chartres

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    Jean 2, évêque d’Orléans

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    après 1097 - avant 1116


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    n.c.

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    Lettre

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    Ivo, Dei gratia Carnotensis Ecclesiae minister, Johanni, eadem gratia Aurelianensi episcopo(1), salutem.

    De presbytero qui in statua feminea sacramenta ecclesiastica profanavit, breviter respondeo quia ut sacrilegus et idolatra judicandus est. Quem si tractare vultis secundum censuram canonicam, oportet ut, adhibitis vobis aliis quinque episcopis(2), publice detractis sacerdotalibus indumentis per singulos eum gradus deponatis et depositum perpetuo carcere damnetis, aut in aeternum exsilium detrudatis(3). Quod si id facere fuerit vobis difficile, tamen ab omni eum clericali honore suspendite et cetera quae supra dicta sunt ad ceterorum correptionem(a) in persona ejus perficite. Quod vero merito sacrilegii sui deponendus sit, testatur decretalis sententia quae dicit(4)(b) : « Privilegium meretur amittere qui concessa sibi abutitur potestate. » Quod vero a conspectu eorum qui scelus ejus cognoverunt removendus sit, ne foeda facti memoria simplicium mentes perturbet, hinc probari potest : quod pecus innocens quod a bestialibus hominibus ascendebatur(5) secundum legem occidi jubebatur, non propter crimen subacti pecudis(c), sed propter abolendam memoriam tam exsecrabilis foeditatis(6). Quanto magis ergo ab oculis consciorum removendus est quem nulla defendit innocentia, nulla excusat ignorantia !

    Ut ergo ad summam veniam, hoc inauditum sacrilegium prudentia vestra tanta severitate coerceat ut omnes qui audierint a tam exsecrabili abusione removeat. Sicut enim crimen est inauditum, sic, si necesse sit, inaudita poena est corrigendum, quia, secundum beatum Augustinum(7), nova genera morborum cogunt nos invenire nova genera curationum. Valete.


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    correctionem MT 

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    qua dicitur éd

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    pecoris éd.


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    Voir lettre 75.

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    Cinq évêques sont requis en cas de litige à propos d'une élection d'évêque, 3e concile de Carthage, c. 40, Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 299, Yves, Décret 5, 60, ou pour recevoir un transmarinum à la cléricature, Décrets d'Anastase, Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 525, Panormie 3, 63. Pas d'autres références dans les collections d'Yves.

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    L'alternative entre prison et exil ne se trouve qu'à propos d'un assassin d'un prêtre dans Yves, Décret 10, 16, d'après Alexandre II, clero Vulturnensi. Mais la lettre d'Urbain Ier, Omnibus episcopis, c. 5, Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 145, punit de ces mêmes peines les sacrilèges qui saccagent des objets servant à l'église (Gratien, 17, 4, 13).

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    D'après la lettre de Simplicius à Jean, évêque de Ravenne (482), c. 1. Yves, Décret 5, 140, (Gratien, D 74, 7). Cette idée se retrouve fréquemment, sous cette forme ou avec des variantes.

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    Lev. 20, 15 et 16.

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    D'après Augustin, Quaestiones super Leviticum, quaestio 74, sur Lévitique c. 20, 16, CCSL 33, p. 223. Yves, Décret 9, 108 (Gratien, 15, 1, 4).

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    Augustin, De correctione Donatistarum liber seu epistola 185, ch. 10, c. 45, cogunt enim multas invenire medicinas multorum experimenta morborum,CSEL 45, p. 39-40. Yves, Prologue, c. 13, éd. J. Werckmeister, p. 78. La lettre 123 relatait aussi un sacrilège sur les rites du mariage qualifié des mêmes termes. On regrette qu'Yves ne soit pas plus prolixe sur des scandales de ce genre !


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    a. Avranches, BM 243, 88v-89


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    M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 61v


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    J. Jesus College, Q.G.5, 28rv


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    T. Troyes, BM 1924, 69v-70


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    Au. Auxerre, BM 69, 67rv



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    Yves, par la grâce de Dieu ministre de l'Église de Chartres, à Jean, par la même grâce évêque d'Orléans, salut.

    À propos du prêtre qui a profané les sacrements de l'Église sur une statue de femme, je réponds brièvement qu'il doit être jugé comme sacrilège et idolâtre. Si vous voulez le traiter selon la censure canonique, il faut, après vous être adjoint cinq autres évêques, que vous le déposiez de ses grades un à un, en lui arrachant publiquement ses vêtements sacerdotaux, et, une fois qu'il aura été déposé, que vous le condamniez à la prison perpétuelle ou que vous le chassiez vers un exil éternel. Et s'il vous paraît difficile de faire ceci, suspendez-le cependant de tout honneur clérical et accomplissez sur sa personne, pour la correction des autres, tout ce qui a été dit plus haut. Qu'il doive être déposé à cause de son sacrilège, en témoigne la sentence décrétale qui dit : « Il mérite de perdre son privilège celui qui abuse du pouvoir qui lui a été concédé. » Et qu'il doive être écarté de la vue de ceux qui ont eu connaissance de son crime, de peur que le souvenir honteux de ce fait ne trouble les esprits des simples, peut être prouvé ainsi : on ordonnait, selon la loi, de tuer la bête innocente qui était montée par des hommes bestiaux, non pas à cause du crime de la bête contrainte, mais à cause du souvenir d'une honte si exécrable qu'il fallait faire disparaître. Combien plus doit-il donc être écarté des yeux des témoins celui que ne défend aucune innocence, que n'excuse aucune ignorance !

    Donc, pour me résumer, que votre prudence châtie ce sacrilège inouï avec une sévérité si grande qu'elle éloigne d'un abus si exécrable tous ceux qui l'auront apprise. Car de même que le crime est inouï, de même, si c'est nécessaire, il doit être corrigé par un châtiment inouï, parce que, selon le bienheureux Augustin, de nouveaux genres de maladies nous forcent à trouver de nouveaux genres de remèdes. Adieu.

Informations

Acte

admin ydc (IRHT), dans  Yves de Chartres

Lettres d'Yves de Chartres, éd. G. Giordanengo (agrégée de l'Université), éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 21100 (yves-de-chartres-162), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/yves-de-chartres/notice/21100 (mise à jour : 21/09/2017).