Général
-
Yves, évêque de Chartres
-
Pascal 2, pape
-
-
[après le 30 juillet 1104]
-
Lettre
-
Paschali, summo pontifici, Ivo, humilis Carnotensis Ecclesiae minister, cum debita obedientia fidelium orationum obsequium.
Notum facimus paternitati vestrae quod tertio(a) kal. augusti(1) plures episcopi, tam Remensis quam Senonensis provinciae, invitati a domno Richardo, Albanensi episcopo, legato vestro(2), convenimus in quoddam municipium Aurelianensis episcopatus, nomine Balgentiacum(3), ad faciendam absolutionem regis, secundum tenorem litterarum(4) quas super hac re miserat moderatio vestra. Convenit etiam rex et lateralis sua(5) et secundum praeceptum vestrum, tactis sacrosanctis Evangeliis, parati fuerunt abjurare absolute omnem carnalis copulae consuetudinem, insuper et mutuam collocutionem, nisi sub testimonio personarum minime suspectarum(6), usque ad vestram dispensationem. Sed quia in litteris vestris continebatur ut in hac absolutione consilium prudentium sibi adhiberet domnus Albanensis episcopus, totum onus consilii voluit ex arbitrio pendere pontificum. Episcopi vero nescimus quid conjicientes semper replicabant se debere esse hujus consilii comites et non duces, quamvis quibusdam nostrum videretur quod praedicta absolutio ita posset, sicut praetaxata est, honeste fieri et propter quorumdam simultates non satis rationabiliter impediri. Cum itaque res indefinita remaneret(b) in medio, rex clamitans inculcabat(c) se male esse tractatum ; qui(d) tamen per se et per nos adhuc pulsat ad aures paternitatis vestrae ut, secundum moderationem litterarum vestrarum et verba quae domno Galoni(7) coepiscopo nostro injunxistis, causam ejus temperetis, ne contingat de eo illud Salomonis(8) : « Qui multum emungitur(e) elicit sanguinem. » « Dispensationis autem modus nulli unquam sapientium displicuit.(9) » Unde beatus Cyrillus ad Gennadium(f) presbyterum(10) : « Sicut enim qui mare navigant, tempestate urgente navique periclitante, quaedam exonerant ut caetera salva permaneant, ita et nos cum non habemus salvandorum omnium negotiorum certitudinem, despicimus ex his quaedam, ne cunctorum patiamur dispendia. » Et quia haec suggerendo dicimus non docendo, nostrae suggestionis summa est ut imbecillitati hominis, amodo quantum cum salute ejus potestis, condescendatis et terram quae ejus anathemate periclitatur ab hoc periculo eruatis.
De caetero sanctae paternitati vestrae supplicando suggerimus ut domnum Galonem coepiscopum nostrum, de Belvacensi episcopatu, quem propter sacramentum domini Ludovici habere non potest, per manum Senonensis archiepiscopi(11) transferri jubeatis in Parisiensem episcopatum(12), quem ei gratanter et devote concedunt pro vestro amore rex et regis filius. Qualiter autem in eum cleri et plebis vota conveniant, dicet vobis praesentium portitor clericus, Parisiensis Ecclesiae canonicus, ut cognoscatis eum bene posse transferri, qui sedem propriam nulla ratione praevalet adipisci. Valete.
-
IIII AMTAu
-
remanserit AMTAu
-
om. AMTAu
-
om. AMTAu
-
emungit éd.
-
Gennardum T, Gennadum Au.
-
30 juillet 1104. Plusieurs manuscrits portent la date
quarto kal. augustisoit le 29 juillet. chercher dans d'autres ms
-
Lettre éditée dans
Recueil des historiens des Gaules et de la France, XV, 196.
-
Cne et cant., arr. Orléans, Loiret. Sur le concile de Beaugency et l'absolution de Philippe I
er, voir Lambert d'Arras,Registre, A. 65-72 et Yves, lettre 141. Cette assemblée ne permit pas de trouver une solution. Ce compte rendu d'Yves au pape est à rapprocher du compte rendu du règlement définitif, en décembre 1104, fait par Lambert au pape,Registre, A. 72.
-
N'est conservée que la lettre postérieure à l'assemblée de Beaugency, éditée dans le registre de Lambert, A. 67, du 5 octobre 1104. Pour la datation de cette lettre, voir M. Prou,
Recueil des actes de Philippe Ier, p. 375-376, note 1. L'absolution ne sera donnée que le Ierdécembre à Paris, Lambert,Registre, A. 71.
-
Bertrade, voir Yves, lettres 9, 13, 14, 15, 16, 22, 23, 24, 28, 46, 47, 56. B. Basdevant-Gaudemet, « Le mariage d'après la correspondance d'Yves de Chartres »,
Revue historique de droit français et étranger, 61 (1983), p. 195-215.
-
Ce sont les termes de l'abjuration à peu près tels qu'ils sont transmis par Lambert d'Arras,
Registre, A. 71.
-
Voir lettre 104.
-
Prov. 30, 33.
-
Yves,
Prologue, § 37, éd. J. Werckmeister, p. 103. Ce texte est aussi de Cyrille, voir noteinfra. Voir lettre 171, 189, 214.
-
Prologue, § 35. Cyrille d'Alexandrie, lettre 56,ad Gennadium,PG77, col. 319 (Gratien, 1, 7, 16). Les textes de Cyrille sont cités d'après les actes du deuxième concile de Nicée (787),traduits en latin par Athanase, J. Werckmeister, p. 99.
-
Daimbert,voir lettre 76.
-
Le transfert d'un siège à un autre est normalement interdit en droit canonique et ne peut se faire qu'en cas de nécessité absolue, Yves,
Décret5, 125, 184, 185. Il se justifie néanmoinspro communi utilitate, d'après la lettre du pape Anterus aux évêques de Béthique, c. 14,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 152. Yves,Décret5, 183 ;Panormie3, 68, 69, 70. Grégoire VII,Dictatus papae, n° 13, éd. Caspar, t. 1, p. 204, avec d'autres références en note (Callixte Ier,Fausses décrétales, éd. Hinschius, p. 140, Clément II, JL 4143). LePrologued'Yves, § 42, éd. citée, p. 106-111, énumère tous les exemples de translations. Voir lettre 146. Sur l'élection de Galon, voir lettres 102, 104, 105, 110, 145, 146.
-
a. Avranches, BM 243, 81v-82
-
M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 55v-56
-
T. Troyes, BM 1924, 118v-119
-
Au. Auxerre, BM 69, 56rv
-
À Pascal, souverain pontife, Yves, humble ministre de l'Église de Chartres, l'empressement de ses fidèles prières avec l'obéissance qui lui est due.
Nous faisons savoir à votre paternité que le troisième [quatrième] jour des kalendes d'août nous, évêques tant de la province de Reims que de celle de Sens, invités par le seigneur Richard, évêque d'Albano, votre légat, nous nous sommes réunis nombreux dans un bourg de l'évêché d'Orléans nommé Beaugency, pour donner l'absolution au roi, selon la teneur de la lettre que votre modération avait envoyée à ce sujet. Le roi est bien venu ainsi que sa compagne et, selon votre prescription, ayant touché les saints Évangiles, ils furent prêts à abjurer absolument toute habitude de relation charnelle et même toute conversation mutuelle, sauf en présence de personnes au-dessus de tout soupçon, jusqu'à une dispense de votre part. Mais parce que dans votre lettre il était indiqué que dans cette absolution le seigneur évêque d'Albano s'adjoindrait le conseil d'hommes prudents, il a voulu que tout le poids de la décision repose sur le libre arbitre des pontifes. Mais les évêques, prévoyant nous ne savons quoi, répliquaient toujours qu'ils devaient être les accompagnateurs et non les conducteurs de cette décision, bien qu'il semblât à certains d'entre nous que ladite absolution pouvait se faire honorablement, comme elle avait été décidée, et qu'on ne pouvait raisonnablement l'empêcher à cause des contestations de certains. C'est pourquoi, comme l'affaire restait en suspens sans être réglée, le roi insistait en s'écriant qu'il était mal traité ; pourtant, de lui-même et par notre entremise, il frappe encore les oreilles de votre paternité pour que, selon la modération de votre lettre et les termes que vous avez prescrits au seigneur Galon, notre collègue évêque, vous régliez sa cause avec douceur, de peur qu'il ne lui arrive ce mot de Salomon : « Qui se mouche fort fait jaillir le sang. » Or « la mesure d'une dispense n'a jamais déplu à aucun des sages. » Aussi le bienheureux Cyrille écrit-il au prêtre Gennade : « En effet, de même que ceux qui naviguent en pleine mer, si la tempête menace et si le navire est en péril, se débarrassent de certaines choses pour conserver le reste sauf, de même nous aussi, quand nous n'avons pas la certitude de sauver toutes les affaires, nous dédaignons certaines d'entre elles de peur de subir la perte de toutes. » Et puisque nous disons cela comme une suggestion et non comme une leçon, le résumé de notre suggestion est : condescendez à la faiblesse de l'homme, au moins autant que vous le pouvez de manière compatible avec son salut, et tirez de ce péril la terre qui va à sa perte à cause de son anathème.
En outre nous suggérons à votre sainte paternité en la suppliant d'ordonner que soit transféré par la main de l'archevêque de Sens le seigneur Galon, notre collègue évêque, de l'évêché de Beauvais, qu'il ne peut posséder à cause du serment du seigneur Louis, vers l'évêché de Paris, que lui concèdent volontiers et avec dévotion par amour pour vous le roi et le fils du roi. Comment les votes du clergé et du peuple convergent vers lui, le clerc porteur de la présente, chanoine de l'Église de Paris, vous le dira, pour que vous sachiez qu'il peut bien être transféré, lui qui ne peut en aucune manière entrer en possession de son propre siège. Adieu.