Général
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Yves, évêque de Chartres
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Jean 2, évêque d’Orléans
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après 1097 - avant 1116
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[après 1097]
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Lettre
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Ivo, Dei gratia Carnotensis episcopus, Johanni eadem gratia Aurelianensium episcopo(1), salutem.
Quod licentiam postulavi a domno papa Putuacensem dominam(2) et milites ejus excommunicandi, magna et manifesta me compulit necessitas pro interminatis injuriis Carnotensi Ecclesiae ab eis frequenter illatis et ab Aurelianensi Ecclesia nondum emendatis. Ad quod etiam nunc laborare videntur qui pro vobis scripserunt, ad libitum suum interpretantes litteras domni papae, sensum suum non aptantes ejus voluntati, sed insidias facientes grammaticae positioni, tanquam et ipsi qui litteras apostolicas scripserunt non fuerint grammatici. Quando enim dixit ut confirmaretis sententiam nostram canonice dictatam in praedictam domnam, jam dixerat esse parrochianam vestram et tamen dedit Carnotensi Ecclesiae licentiam excommunicandi eam pro suis injuriis. Canonicum(a) itaque est eam excommunicare admonitam et saepe vocatam et non resipiscentem Satanae tradere, cum illa potestas hoc concesserit, cujus est de omni persona et de omni Ecclesia judicare(3). Rogo itaque et moneo ut impleatis praeceptum quod accepistis, quia et ego ad praesens non privabor apostolico munere quod accepi. Quod autem offertis mihi eam ad justitiam in capitulo Aurelianensi, vos ipse scitis non esse canonicum, quia honor quem contra canones invadit Carnotensis Ecclesiae est, in qua obtuli ei omnem justitiam et adhuc offero. Sed ipsa omnino refugit, quia injustam se novit habere calumniam. Debet autem nosse vestra fraternitas quia quaeque negotia in locis in quibus orta sunt primum sunt discutienda(4). Valete.
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canonice AM.
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Jean II, élu évêque d'Orléans le 28 décembre 1097, mort en 1135. Il a été élu évêque malgré l'opposition d'Yves, fondée sur la mauvaise réputation de cet élu, voir lettres 66, 67, 68. Il a écrit deux lettres à Yves concernant les chanoines de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle (Mauricette Simon,
Catalogue des actes des évêques d'Orléans jusqu'à l'année 1207, thèse manuscrite École des chartes, 1940 qui n'a pu être consultée).
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Le Puiset, cant. Janville, arr. Chartres, Eure-et-Loir. Adélicie de Rochefort, veuve du vicomte Hugues Blavons du Puiset († 23 décembre 1094), gouvernait en l'absence de ses fils. Évrard III, parti pour la croisade, mourut en 1097 devant Antioche. Son second fils, Hugues II (voir lettre suivante), partit aussi en Orient en 1106. Suger,
Vie de Louis VI le Gros, éd. citée, n. 1, p. 130. Sur Le Puiset, voir lettre 20.
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Même expression lettre 78.
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Voir lettres 35, 85, 184 où Yves donne des références précises. De nombreux textes canoniques rappellent en effet cette règle. Yves,
Décret5, 260 ; 6, 331, 347 ;Panormie4, 33 (Gratien, 3, 6, 4, 12, 14, 18 ; 3, 9, 7). L'interdiction est encore rappelée au concile de Clermont, ms Oxford, c. 3, R. Somerville,The councils of Urban II,Decreta Claromontensia, p. 113.
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a. Avranches, BM 243, 49v-50
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 32v-33
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T. Troyes, BM 1924, 10
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Yves, évêque de Chartres par la grâce de Dieu, à Jean, évêque des Orléanais par la même grâce, salut.
La raison pour laquelle j'ai demandé au seigneur pape la liberté d'excommunier la dame du Puiset et ses hommes, c'est qu'une nécessité pressante et évidente m'y a poussé, étant donné les injustices incessantes qu'ils infligent à l'Église de Chartres et qui n'ont pas encore été réprimées par l'Église d'Orléans. Et ceux qui ont écrit pour vous paraissent encore maintenant se mettre en peine, en interprétant à leur gré la lettre du seigneur pape, en ne lui prêtant pas le sens conforme à sa volonté mais en tendant des pièges à l'énoncé grammatical, comme si ceux-là mêmes qui ont écrit la lettre apostolique n'étaient pas grammairiens. Car quand il vous a dit de confirmer notre sentence, qui avait été proférée canoniquement à l'encontre de ladite dame, il avait déjà dit qu'elle était votre paroissienne et cependant il a donné à l'Église de Chartres la liberté de l'excommunier pour ses injustices. C'est pourquoi il est canonique de l'excommunier, car elle a été avertie et souvent citée, et de la livrer à Satan vu qu'elle ne se repent pas, puisque la toute-puissance de celui qui peut porter un jugement sur toute personne et sur toute Église l'a accordé. C'est pourquoi je vous demande et vous conseille d'exécuter l'ordre que vous avez reçu, parce que moi non plus je ne me priverai pas dorénavant de la charge apostolique que j'ai reçue. Or que vous me proposiez de citer cette dame en justice au chapitre d'Orléans, vous savez bien vous-même que ce n'est pas canonique puisque le territoire qu'elle envahit contre les canons dépend de l'Église de Chartres, dans laquelle je lui ai proposé pleine justice et la lui propose encore. Mais elle-même la repousse tout à fait, parce qu'elle sait qu'elle a une querelle injuste. Or votre fraternité doit savoir que toutes les affaires doivent être d'abord examinées dans les lieux où elles ont pris naissance. Adieu.