Général
-
Yves, évêque de Chartres
-
Guillaume, évêque de Paris
-
Gauthier, évêque de Meaux
-
Hugues de Die, archevêque de Lyon
-
-
[après le 1er octobre 1096-avant le début du carême 1097]
-
Lettre
-
Hugoni, Dei gratia Lugdunensi archiepiscopo, sedis apostolicae vicario(1), episcopi Ivo Carnotensis, Guillelmus Parisiensis(2), Gualterius Meldensis(3), obsequium devotum cum debita obedientia.
Quoniam quae geruntur in Ecclesiis ad auditum sedis apostolicae vel legatorum ejus referenda sunt per litteras vel nuntios eorum per quos gesta sunt, ne vel aemulorum obtrectatione, vel famae mutatione secus acta credantur quam facta sunt, ad notitiam vestram referri curavimus quid de Aurelianensis Ecclesiae ordinatione nuper egerimus. Defuncto enim Johanne Aurelianensi episcopo(4), Turonensis archiepiscopus(5) qui in praedicta Ecclesia adhuc sibi usurpabat praeposituram et archidiaconatum, et quidam ejusdem Ecclesiae subdecanus cognomine Pejor Lupo(6), cum quibusdam jam defuncti episcopi et suis familiaribus clandestinis machinationibus conari coeperunt ut Johannem quemdam archidiaconum(7) cum consensu regis haberent in episcopum(a), cujus vita nec annorum plenitudine, nec litterarum scientia, nec morum maturitate videbatur esse probabilis, immo, pro inhonesta quam cum defuncto episcopo et quibusdam eorum qui eum expetere volebant habuisse dicebatur, modis omnibus reprobabilis.
Hoc ergo audiens reliquus clerus qui erat numero longe amplior, litteris eruditior, vitare volens oppressiones quas perpessus erat a praedictis personis tempore defuncti episcopi, saniori consilio, pro temporis opportunitate et loci, elegit sibi cum consensu regis in episcopum Sanctionem ejusdem ecclesiae decanum, virum, ut scitis, aetate gravem et moribus maturum(8). Quem cum a nobis ex admonitione Senonensis archiepiscopi consecrari postulasset(b) apud Castrum Nantonense(9), quod est intra parrochiam Senonensem, omnino recusavimus, propter primatum Lugdunensis Ecclesiae, quem irrationaliter refutat illa sedes, et interdictum sedis apostolicae(10). Interim itaque aemuli praedicti electi, missis litteris rogaverunt nos ut ei manum non imponeremus, quoniam simoniacus esset et invasor, simul addentes se hoc probaturos in loco competenti et tempore extra manus regiae potestatis.
Cum ergo adjunctis precibus regis instanter postularet Ecclesia electum suum sibi consecrari, praetendens irreparabiles Ecclesiae ruinas futuras, si id non fieret, missis litteris statuimus praedictis calumniatoribus tempus et diem ante consecrationem, locum Carnotum videlicet(c), ubi potestas regia eis obesse non poterat. Ipsi vero neque venerunt, neque personam aliquam pro se miserunt. Subtrahentibus itaque se praedictis calumniatoribus, nescimus qua calliditate, legitimae discussioni, victi precibus pene totius Ecclesiae, habito inter nos consilio accepimus tam ab eo quam ab illis qui cum illo(d) erant meliores districta sacramenta usque ad septem(11), quae eum, quantum in conspectu hominum purgari poterat, purgaverunt de invasione et simonia. Remotis itaque impedimentis quae ei specialiter opponebantur, eum promissa vobis obedientia consecravimus et ecclesiae quae eum expetierat destinavimus, a qua susceptus est cum omni devotione sine ulla contradictione. Haec ita esse vera, si opus inerit comprobabimus, utpote qui ista tractavimus quam majori diligentia potuimus. Unde rogamus paternitatem vestram ut non facile aurem his accommodetis, quos exclusa veritate quae sua sunt quaerere(12) cognoscetis.
Huic vero epistolae interserere curavi ego, Ivo Carnotensis episcopus, sacramentum quod secundum praeceptum papae fecerunt Parisienses pro electo suo decanus, cantor, archidiaconus, reliquis consentientibus(13) : « Non elegimus nobis in episcopum Willelmum propter munus acceptum vel promissum ab aliquo, vel gratia contubernii quod habebat soror ejus cum rege, vel propter minas nobis illatas a rege, vel praedicta ejus sorore. Sic nos Deus adjuvet et haec sacra Evangelia. » Sic purgatus secundum quod apud Montem Pessulanum rege postulante papa praeceperat, ante festum sancti Remigii(14) a suo metropolitano est consecratus. Valete.
-
cum ad id consensum regis haberent, in episcopum eligerent Au
-
postulassent éd. L
-
om. A
-
eo AT.
-
Hugues de Lyon fut légat en Gaule jusqu'à l'avènement de Pascal II en 1099, voir lettre 24.
-
Voir lettres 43, 50.
-
Gautier de Chambly, voir lettres 12, 16.
-
Septembre 1096, voir lettre 51.
-
Raoul II était le frère de Jean I
er. Il fut élu avant le 16 septembre 1087 et mourut en 1118. Sa réputation n'était pas brillante. Voir Yves, lettres 65, 66. Geoffroy de Vendôme, lettres 20, 39, éd. citée (multa inhonesta et perversa operatur), 64 (salubre consilium ut pravis hominibus semper utamur in bonum). Hildebert de Lavardin, lettre II, 4.
-
L'identité de ce personnage est contestée, il a été assimilé sans preuve à Geoffroy de Pisseleu, futur évêque de Beauvais, identification contestée par O. Guyotjeannin, voir lettres 128, 151. Le jeu de mot « Pis que loup » est difficile à rendre, je reprends la traduction de J. Leclercq.
-
Qui deviendra l'évêque Jean II, voir lettres 51, 64, 75.
-
Ce n'est pas tout à fait la version des lettres 51 et 53 !
-
Château-Landon, chef-lieu de cant., arr. Fontainebleau, Seine-et-Marne.
-
Voir lettre 50.
-
Le serment
de septima manuou de septième main, serment du droit barbare passé dans le droit canonique. Il s'agit pour l'accusé de trouver sept témoins parmi ses proches, qui doivent témoigner en sa faveur sous la foi du serment.DDCIV, 381. Burchard de Worms,Décret, 9, 44. Yves,Décret, 8, 182 (Gratien, 27, 2, 28 ; 33, 1, 2). Voir Lambert d'Arras,Registre, E. 80.
-
I Cor. 13, 5.
-
Toute cette fin de lettre concerne l'élection de Guillaume de Paris, évoquée dans la lettre 50 à Richer, dans des termes similaires.
-
1
eroctobre.
-
a. Avranches, BM 243, 35rv
-
M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, def.
-
T. Troyes, BM 1924, 85v-6v
-
Au. Auxerre, BM 69, 20-21
-
L. Lettres de saint Ives évêque de Chartres traduites et annotées par L. Merlet, Chartres, 1885,
-
À Hugues, par la grâce de Dieu archevêque de Lyon, vicaire du siège apostolique, les évêques Yves de Chartres, Guillaume de Paris, Gautier de Meaux, empressement dévoué avec l'obéissance qui est due.
Puisque ce qui se fait dans les Églises doit être rapporté par des lettres ou par les envoyés de ceux par qui cela s'est fait pour être entendu du siège apostolique ou de ses légats, de peur qu'à cause de la jalousie de rivaux ou la déformation de la rumeur on ne croie que cela s'est passé autrement que cela n'a eu lieu, nous avons pris soin que soit porté à votre connaissance ce que nous venons de faire au sujet de l'ordination de l'Église d'Orléans. En effet, l'évêque d'Orléans Jean étant mort, l'archevêque de Tours, qui usurpait encore pour lui dans ladite église la prévôté et l'archidiaconat, et un certain sous-doyen de cette même église, surnommé Pisleleu, avec certains de leurs proches et de ceux de l'évêque défunt, se mirent à faire par des machinations secrètes tous leurs efforts pour avoir comme évêque, avec le consentement du roi, un certain archidiacre Jean, dont la vie ne paraissait être recommandable ni par le nombre des années ni par la science des lettres ni par la perfection des mœurs, et paraissait même à tous égards condamnable pour la familiarité malhonnête qu'il était dit avoir eu avec l'évêque défunt et avec certains de ceux qui voulaient qu'il l'emporte.
En apprenant donc ceci, le reste du clergé, qui était beaucoup plus important en nombre, plus cultivé dans les lettres, voulant éviter les oppressions qu'il avait supportées desdites personnes du temps de l'évêque défunt, selon une décision plus saine, en fonction de l'opportunité du moment et du lieu, se choisit pour évêque, avec le consentement du roi, Sancion, doyen de cette même église, homme, vous le savez, d'âge avancé et de mœurs accomplies. Comme sur l'avis de l'archevêque de Sens on nous avait demandé de le consacrer à Château-Landon, qui est du diocèse de Sens, nous avons absolument refusé, à cause de la primatie de l'Église de Lyon, que ce siège rejette de manière déraisonnable, et de l'interdit du siège apostolique. C'est pourquoi entre temps les rivaux dudit élu nous ont demandé par l'envoi d'une lettre de ne pas lui imposer les mains, puisqu'il était simoniaque et usurpateur, ajoutant également qu'ils le prouveraient en lieu et temps appropriés, hors de la mainmise du pouvoir royal.
Donc comme l'Église réclamait instamment, et les prières du roi s'y ajoutaient, que son élu soit consacré, prétendant qu'adviendraient des destructions irréparables pour l'Église si cela ne se faisait pas, par une lettre adressée auxdits calomniateurs nous avons fixé une date, la veille de la consécration, un lieu, à savoir Chartres, où le pouvoir royal ne pouvait pas leur nuire. Mais eux ne vinrent pas et n'envoyèrent personne d'autre à leur place. C'est pourquoi, lesdits accusateurs s'étant d'eux-mêmes soustraits, nous ne savons par quelle astuce, à une enquête légitime, vaincus par les prières de presque toute l'Église, après avoir tenu conseil entre nous, nous avons reçu, tant de lui que de ceux qui étaient les meilleurs de ses partisans, des serments stricts jusqu'à sept, qui le disculpèrent, autant qu'on peut l'être au regard des hommes, de l'usurpation et de la simonie. Aussi, une fois écartés tous les empêchements qui lui faisaient spécialement obstacle, l'avons-nous consacré, lui faisant promette obéissance envers vous, et l'avons-nous envoyé à l'église qui l'avait réclamé et par laquelle il fut reçu en toute dévotion sans aucune opposition. Nous prouverons que ceci est véridique, s'il en est besoin, en homme qui avons réglé cette affaire avec la plus grande diligence possible. Aussi demandons-nous à votre paternité de ne pas prêter facilement l'oreille à ceux que vous verrez chercher, aux dépens de la vérité, ce qui est leur intérêt.
Moi, Yves, évêque de Chartres, j'ai pris soin d'intégrer à cette lettre le serment que selon l'ordre du pape le doyen, le chantre et l'archidiacre de Paris ont fait à propos de leur élu, avec le consentement de tous les autres : « Nous n'avons pas élu Guillaume comme notre évêque pour avoir reçu des présents de quiconque ou en avoir eu la promesse, ni grâce à l'union qu'avait sa sœur avec le roi, ni à cause de menaces qui auraient été portées contre nous par le roi ou par la sœur susdite. Qu'ainsi Dieu nous soit en aide et ces saints évangiles. » Ainsi justifié, selon ce que le pape avait prescrit à Montpellier à la demande du roi, il fut consacré avant la fête de saint Remi par son métropolitain. Adieu.