Général
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Yves, évêque de Chartres
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Foulques, évêque de Beauvais
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après 1094 - avant 1095
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[1094-0195]
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Lettre
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Fulconi, Dei gratia Belvacensium episcopo(1), Ivo, eadem gratia Carnotensium episcopus, gravitatis anchora se in sancto proposito retinere.
Quoniam tam scientia quam experientia novi praelatos in congregatione sibi commissa assiduos esse debere, postquam placuit ei qui ad convivium suum me invitaverat ut recumbenti mihi in loco humili diceret(2) : « Ascende superius », frequenter monui fratres mihi commissos ut de confratribus suis, vel aliunde si ita eis complaceret, praelatum sibi eligerent(3), qui eos in disciplina sibi tradita posset custodire et ad ascensiones in corde de valle lacrymarum(4) quotidianis monitis sublevare, ne lupus invisibilis aditum inveniens ovile Domini ingrederetur et oves dominicas aut extra raperet, aut intus occultis morsibus strangularet(5). Quod cum hactenus suis de causis ab eis dilatum sit, nunc tandem acquieverunt monitis meis et disponunt aliquem secundum quod mentibus eorum inspiraverit Deus sibi praeficere, qui pro viribus sibi collatis in necessitatibus eorum studeat eis tam spiritualia quam corporalia ministrare.
Ea igitur hora qua litteras istas acceperitis, per easdem litteras, licet absens corpore, praesens tamen spiritu(6), depono in manu vestra praelationem quam hactenus habui in ecclesia Beati Quintini(7), toto desiderio expostulans ut quem congregatio illa concorditer vel pars sanioris consilii(8) regulariter sibi praeferri postulaverit, in eo loco et ordine in quo ibi eram substituatis et substitutum in anxietatibus suis pro officio vestro paterna consolatione relevetis. Ego tamen, etsi depono praelationem, non desero illius Ecclesiae societatem(9), in qua aliquando potero vobis esse utilis, si Deus reddiderit pacem servis suis. Valete.
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Voir lettre précédente.
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Luc. 14, 10.
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La même demande a été faite lettre 17.
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Ps. 83, 6. Même citation lettre 34.
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D'après Joh. ch. 10.
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Expression très fréquente d'après Col. 2, 5.
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Yves y était venu en 1078, à la demande de l'évêque Guy de Beauvais, comme supérieur du monastère de chanoines réguliers, placé sous la règle de saint Augustin, qui venait d'être créé en 1069. Il y enseigna, en même temps qu'il organisait le monastère. Il y resta quatorze ans. Armand Rendu,
Inventaire analytique des chartes des XIe, XIIe, XIIIesiècles de l'abbaye de Saint-Quentin de Beauvais, Beauvais, 1880.
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Les élections canoniques sont faites par la
major et sanior pars. L. Moulin, «Sanior et major pars. Note sur l'évolution des techniques électorales dans les ordres religieux du VIeau XIIesiècle »,RHDFE, 1958, p. 368-397 et 491-529. Sur la suite de cette élection, voir lettre 128. Les abbés qui suivirent furent Galon, puis Odon (voir lettre 151) et Raoul, 4 oct. 1105-1136 (voir lettres 257 et 259).GCIX, 819.
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Par exemple, lettre 151.
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a. Avranches, BM 243, 24rv
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M. Montpellier, Ecole de médecine H 231, 15
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T. Troyes, BM 1924, 3v
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À Foulque, par la grâce de Dieu évêque des Beauvaisiens, Yves, par la même grâce évêque des Chartrains, se maintenir dans son saint propos avec l'ancre de la gravité.
Puisque tant par la science que par l'expérience je sais que les supérieurs doivent être présents dans la congrégation qui leur a été confiée, après qu'il eut plu à celui qui m'avait invité à son festin de me dire, à moi qui étais allongé à une place modeste : « Monte plus haut », j'ai fréquemment averti les frères qui m'avaient été confiés de se choisir, parmi leurs confrères ou ailleurs s'ils le souhaitaient ainsi, un supérieur qui puisse les garder dans la discipline qui leur a été transmise et les élever par des conseils quotidiens de la vallée de larmes aux degrés dans leur cœur, de peur qu'un loup invisible en trouvant l'entrée ne rentre dans la bergerie du Seigneur et ou bien n'entraîne au-dehors les brebis du Seigneur ou bien ne les étrangle à l'intérieur en les mordant en cachette. Alors qu'ils avaient différé cette décision jusqu'ici pour des raisons qui leur étaient propres, maintenant ils ont enfin répondu à mes avertissements et se disposent à mettre à leur tête, selon ce que Dieu aura inspiré à leurs esprits, quelqu'un qui veille à leur fournir, selon les forces qui lui ont été données, les aides tant spirituelles que corporelles dont ils ont besoin.
C'est pourquoi à l'heure où vous recevrez cette lettre, bien qu'absent de corps, présent cependant en esprit, je dépose par cette même lettre en votre main le gouvernement que j'ai eu jusqu'à aujourd'hui dans l'église de Saint-Quentin, vous réclamant de tous mes vœux de mettre à ma place, en ce lieu et cet ordre où j'étais, celui que cette congrégation d'un commun accord, ou la part dont le conseil est le plus sain, aura réclamé dans les règles pour la gouverner, et de soutenir dans ses inquiétudes par une consolation paternelle, selon votre office, celui qui a été mis à ma place. Quant à moi, même si je dépose le gouvernement, je n'abandonne pas ma relation avec cette église dans laquelle je pourrai un jour vous être utile, si Dieu rend la paix à ses serviteurs. Adieu.