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Constitutiones Melfitanae, I, 27[Constitutiones Melfitanae, I, 27]

Auteur

Frédéric II du Saint-Empire

Titre en français

Constitutions de Melfi

Titre descriptif

Au sujet des homicides et des dommages, dont les auteurs ne peuvent être retrouvés

Type de texte

Constitution

Texte

De homicidiis et dampnis, quorum actores inveniri non possunt.

Idem Augustus.

Super incisionibus arborum et combustionibus domorum et ceteris maleficiis, que clam nocturnis temporibus committuntur, generalem constitutionem nostris fidelibus promulgamus, ut, si commissores inveniri non possunt aut, sicut multotiens accidit, per locorum incolas occultantur, homines locorum ipsorum, in quibus maleficia committuntur, ad dampnorum restitutionem integre arceantur. Qua restitutione tam illos, quibus pro nostris servitiis talia accidentur, quam reliquos, quibus hec ex inimicitia seu aliquo odio evenerunt, frui volumus et gaudere nec minus Iudeus et etiam Saracenos, quos, quia Christianis secte diversitas reddit infestos, omni alio auxilio destitutos protectionis nostre potentia pati non possumus defraudari. Predicti autem clandestini et nocturni malefactores, si in ipso facinore deprehensi vel aliter legitime convicti fuerint, capite puniantur.

Langue

Latin

Source du texte original

Die Konstitutionen Friedrichs II. für das Königreich Sizilien, ed. W.Stürner, Monumenta Germaniae Historica, Constitutiones et Acta Publica Imperatorum et Regum, vol. 2, supp. (Hannover: Hahn, 1996), 180-181.

Datation

  • Date fixe : 1-/9-/1231
  • Précisions : Août 1231 (valide à compter du 1er septembre 1231)

Aire géographique

Traduction française

Au sujet des homicides et des dommages, dont les auteurs ne peuvent être retrouvés

Le même Auguste.

Au sujet des entailles des arbres et de l’incendies des maisons et autres méfaits, qui auraient été commis en cachette pendant la nuit, nous promulgons auprès de nos fidèles cette constitution générale, à savoir que, si on ne peut trouver ceux qui les ont commis ou bien, comme il arrive souvent, s’ils sont cachés par les habitants des lieux, les hommes de ces mêmes régions dans lesquelles les méfaits sont commis peuvent être contraints de réparer en intégralité les dommages. Nous voulons que cette réparation profite autant à ceux à qui de tels évènements arrivent au cours de leur office pour nous, qu’aux autres, à qui cela arrive à la suite d’une inimitié ou d’une autre haine, et nous voulons réjouir aussi les juifs et les sarrasins, dont nous ne pouvons supporter qu’ils soient privés de toute aide et de la puissance de notre protection, parce que la divergence de la doctrine chrétienne les rend ennemis. Mais les malfaiteurs précédemment mentionnés agissant clandestinement et de nuit, s’ils sont appréhendés pendant leur crime ou bien s’ils sont légitimement confondus, seront punis de mort.

Source traduction française

C. Chauvin

Résumé et contexte

Avec la promulgation de cette constitution, le roi de Sicile cherche à protéger les propriétés de ses sujets contre les crimes perpétrés par des inconnus (bien que le titre du chapitre mette davantage l’accent sur les homicides). Les cibles de la répression sont les paysans et les communautés rurales, qui sont réputés pour souvent protéger les criminels des poursuites des poursuites judiciaires. Pour cette raison, Frédéric II ordonne que les communautés qui ne coopèrent pas à la recherche des criminels présumés soient tenues conjointement responsables et aient à payer pour la réparation des dommages. D’autre part, si les criminels qui essayaient d’agir secrètement la nuit étaient surpris in flagrante delicto, ils recevraient la peine de mort. Dans ce contexte, le roi prend un soin particulier à explicitement inclure parmi ceux qui profiteront de cette constitution aussi bien les juifs que les sarrasins qui, du fait de leur religion différente, pourraient rencontrer des difficultés à traîner leurs assaillants en justice, car les communautés rurales se rangeaient plus volontiers aux côtés des criminels chrétiens.

Signification historique

Dans ce chapitre, Frédéric II reconnaît explicitement le fait que les différences religieuses parmi la majorité chrétienne de ses sujets et les minorités, juive et musulmane, peuvent représenter un obstacle pour les derniers pour voir leurs propriétés et leurs droits intégralement protégés. Le roi suggère que pour les juifs et les sarrasins, il pourrait être difficile de trouver de l’aide dans la traque des auteurs de crimes demeurés inconnus parce que les communautés chrétiennes pourraient ne pas être disposées à aider les gens de l’extérieur de la communauté. Dans les faits, au début du XIIIème siècle, la capacité du roi à mener réellement une enquête approfondie était extrêmement limitée, et la charge de trouver les suspects et de collecter les preuves reposait sur les épaules des accusateurs. À travers cette mention explicite, le roi reconnaît le status quo de son royaume multiculturel. Comme il est possible d’en déduire l’esprit de l’ensemble du Liber Augustalis, l’attention pour le statut légal des minorités religieuses est avant tout un moyen de définir et de renforcer l’autorité royale. Il ne faudrait pas y voir de façon anachronique un acte de tolérance envers les juifs et les musulmans, mais plutôt une tentative cohérente de définir les prérogatives royales. Frédéric II suggérait en fait que n’importe lequel de ses sujets, quelque soit sa religion, devait bénéficier de la même protection de la part du roi.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Regin. lat. 1948
  • Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 1437
  • Paris, Bibliothèque Nationale, lat. 4624A
  • Palermo, Biblioteca Comunale, Qq H 124
  • Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. lat. 6770
  • Valencia, Universidad, Biblioteca General, M 417
  • Paris, Bibliothèque Nationale, lat. 4625
  • Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Ottobon. lat. 2945
  • Paris, Bibliothèque Nationale, graec. 1392
  • Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana, Barb. Graec. 151

Editions

  • Friderici II Liber Augustalis. Le costituzioni melfitane di Federico II di Svevia. Riproduzione ed edizione del codice Qq. H. 124 della Biblioteca Comunale di Palermo, eds. A. Romano, D. Novarese, Lavello 2001.
  • Die Konstitutionen Friedrichs II. für das Königreich Sizilien, ed. W. Stürner, «MGH», Hannover 1996,
  • Der griechische Text. Die Konstitutionen Friedrichs II. von Hohenstaufen für sein Königreich Sizilien, Köln 1978.
  • Die Konstitutionen Friedrichs II. von Hohenstaufen für sein Königreich Sizilien, ed. H. Conrad, T. von der Lieck-Buyken, W. Wagner, Köln 1973
  • O. Zecchino, Le edizioni delle 'Constitutiones' di Federico II, Roma 1996.

Traductions

  • The Liber augustalis, or Contitutions of Melfi promulgated by the emperor Frederick 2. for the Kingdom of Sicily in 1231, translated with an introduction and notes by James M. Powell, Syracuse 1971.

Etudes

  • D. Abulafia, Il periodo svevo e angioino, in L'Ebraismo dell'Italia meridionale peninsulare dalle origini al 1541. Atti del Convegno internazionale di studio (Potenza-Venosa, 20-24 settembre 1992), a cura di C.D. Fonseca-M. Luzzati-G. Tamani-C. Colafemmina, Galatina 1996.
  • D. Abulafia, Le comunità di Sicilia dagli arabi all'espulsione (1493), in Storia d'Italia, Annali, XI, 1, Gli Ebrei in Italia, a cura di C. Vivanti, Torino 1996, pp. 47-82.
  • D. Abulafia, Il Mezzogiorno peninsulare dai bizantini all'espulsione (1541), in Storia d'Italia, Annali, XI, 1, Gli Ebrei in Italia, a cura di C. Vivanti, Torino 1996, pp. 5-44.
  • D. Abulafia, Frederick II. A Medieval Emperor, London 1988.
  • D. Abulafia, Ebrei, in «Federiciana» 2005
  • A. Nef, Conquêtes et reconquêtes médiévales: la Sicile normande est-elle une terre de réduction en servitude généralisée?, in Les formes de la servitude: esclavages et servages de la fin de l'Antiquité au monde moderne. Actes de la table ronde de Nanterre, 12-13 décembre 1997, "Mélanges de l'École Française de Rome. Moyen Âge", 112, 2000, nr. 2, pp. 579-607;
  • A. Nef, H. Bresc, Saraceni di Sicilia, «Federiciana», 2005.
  • Ebrei e Sicilia, catalogo della mostra, a c. di N. Bucaria-M. Luzzati-A. Tarantino, Palermo 2003. H. Houben, Gli ebrei nell'Italia meridionale tra la metà dell'XI e l'inizio del XIII secolo, in L'Ebraismo dell'Italia meridionale peninsulare dalle origini al 1541. Atti del Convegno internazionale di studio (Potenza-Venosa, 20-24 settembre 1992), a cura di C.D. Fonseca-M. Luzzati-G. Tamani-C. Colafemmina, Galatina 1996.
  • H. Bresc, Arabes de langue, juifs de religion. L'évolution du judaïsme sicilien dans l'environnement latin, XIIe-XVe siècles, Paris 2001
  • H. Dilcher, Diritto imperiale e diritto regio nella Sicilia sveva, ibid., pp. 305-324 (Kaiserrecht und Königsrecht in staufischen Sizilien, in Studi in onore di E. Volterra, V, Milano 1972, pp. 1-21).
  • K. Pennington, The Prince and the Law, 1200-1600. Sovereignty and Rights in the Western Legal Tradition, Berkeley-Los Angeles-Oxford 1993.
  • S. Simonsohn, The Jews in Sicily, I, 383-1300, Leiden 1997.
  • R. Straus, Gli ebrei di Sicilia: dai Normanni a Federico II, a c. di S. Mazzamuto, Palermo 1992.
  • W. Stürner, Friedrich II., II, Der Kaiser 1220-1250, Darmstadt 2000.
  • O. Zecchino, I riverberi delle Costituzioni di Federico II nell'Italia dei Comuni, in Cavalieri alla conquista del Sud. Studi sull'Italia normanna in memoria di L.-R. Ménager, a cura di E. Cuozzo-J.-M. Martin, ivi 1998, pp. 344-362.
  • O. Zecchino, Liber Constitutionum, in «Federiciana», 2005

Mots-clés

Juifs/Judaïsme ; Meurtre ; musulmans

Auteur de la notice

Tomaso   PERANI

Collaborateurs de la notice

Claire   Chauvin  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°271952, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait271952/.

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