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Ex relatione tua

Auteur

Gregorius XI

Titre en français

Ex relatione tua

Titre descriptif

Demande d’arrestation d’un religieux qui s’est octroyé l’autorité sur les chrétiens de Tunis

Type de texte

Bulle pontificale

Texte

Dilectis filiis Jacobo Pataui Rectori Ecclesie sancti Georgii de Cartutio Calaritansis diocesis ac Nobili uiro Guillelmo de Riuopullio Capitaneo Alcaydo Nuncupato stipendiariorum christianorum Regis Tunicii ac uniuersis et singulis tam eisdem stipendiariis quam aliis christianis Tunicii commorantibus Salutem etc… Ex relacione tua fili rectori ac litteris tuis fili Guillelme nobis missis non sine multa cordis nostri turbacione didicimus quod iniquitatis filius laurencius carbonelli ordinis fratrum minorum professor sathaneque minister sub ouini pelle lupum gestans ut animas rapiat innocentes et simplicium mentes sub specie pietatis eludat in ciuitate Tunitii in qua nonnulli fideles christiani sacri baptismatis fonte renati inhabitant fidelibus ipsis contraria in ecclesiis ad diuina officia infrascripta et nonnulla alia horrenda mendacia et euidentes falsitates publice predicare et in eorum animas damnabiliter seminare presumit uidelicet quod quam episcopus non existat tamen ex potestate quam sibi per apostolice sedis priuilegium quod non potuit ostendere nisi falsam asserit traditam licite potest sacro crismate et oleo sancto confirmare populum christianum ; et in gradibus consanguitatis et affinitatis prohibitis dispensare ; ac arma ferrum et alia ad Alexandrie partes portantes absoluere ; uota solemnia uisitacionis sepulchri domini, limina apostolorum Petri et Pauli et sancti Jacobi permutare ; clericalem tonsuram et quatuor minores ordines confere ; indulgentiam centum dierum concedere ; ac excomunicare et a uinculo excommunicatione absoluere ; ecclesias et altaria consecrare ; ipsasque ecclesias interdicere et reconcilare, ac destruere et alias pro ipsis ubi et prout sibi uisum fuerint edificare ; homicidas clerico[rum] et percussores eorum absoluere ; necnon ecclesiarum rectores et presbiteros et clericos illarum partium uisitare ; eosque de eorum ecclesiis expellere ; ecclesias ipsas et earum redditus alienare ; curam animarum in eisdem partibus gerere ; et administrare ibidem ecclesiastica sacramenta etiam solemnitatibus ritus sancte matris ecclesie non seruatis ; seque maiore potestate habere quam aliquis de fratribus nostris sancte romane ecclesie cardinalibus ; et etiam apostolice sedis legatos de latere uel quamuis alias praeter christi uicarium, in suis predicationibus quoniam potius profanationibus supradictis ; et insuper nonnulla ex predictis et alia plura similiter horrenda temere exercere ac exequi in dicto christiano populo non ueretur. Quare uos rector et Alcayde nobis humiliter supplicastis ut uobis declamaremus si premissa uel eorum aliqua credere deberetis, nos igitur uobis presentibus respondens quod predicta omnia sunt falsa et ea credere non debetis ; et ne tanta temeritas remaneat incorrecta sed debite puniatur uniuersitatem uestram de qua plene in hac parte confidimus per apostolica scripta requerimus et hortamur mandantes quatenus ipsum Laurentium, quam cito poteritis capiatis ac ad carceres uenerabilium fratrum nostrorum .. Neapolitani aut .. Pisani archiepiscoporum aut alterius archiepiscopi uel episcopi Insule Sicilie una cum testimonio presentium litterarum, ut omnibus eas cernentibus excessus enormes dicti Laurentii euidentius pateant, sub fida custodia transmittatis.

Langue

Latin

Source du texte original

Clara Maillard - Vatican, Archivium Secretum Apostolicum, Reg. Vat. 267, f. 42 v - f. 43 r

Datation

  • Date fixe : 09/12/1375

Aire géographique

Traduction française

À Jacobus Pataui, recteur de l’église de Saint-Georges de Cartutio, du diocèse de Caligliari, et au noble Guillelmus de Riuopullio, capitaine alcaid, messager des militaires chrétiens du royaume de Tunis, et à tous, tant ces militaires que les autres chrétiens demeurant à Tunis. Au sujet de ta relation, recteur et de tes lettres, Guillelmus, qui nous ont été envoyées, nous disons, non sans grands troubles de notre cœur, que Laurencius Carbonelli, fils du péché, professeur de l’ordre des frères mineurs, et ministre de Satan, comme un loup sous une peau de mouton entraînant les âmes innocentes et les esprits simples, se moquant de l’esprit de la bonté dans la cité de Tunis dans laquelle quelques fidèles du Christ, nés à nouveau par le baptême, habitent, a prêché publiquement à ces fidèles dans les églises, lors de l’office divin, des faussetés évidentes et quelques autres mensonges horribles écrits ci-dessous, et dans leurs âmes a semé de manière condamnable ; comme qu’il n’existe pas d’évêque – et il n’a pu présenter légalement de privilèges du siège apostolique relatif à son pouvoir sans qui soit attachée une fausse transmission – il peut confirmer le peuple chrétien par de l’huile sainte et par le saint chrême, et régler les prohibitions des degrés de consanguinité et de parenté, et absoudre ceux qui portent des armes, du fer et autres jusqu’au régions d’Alexandrie et changer le vœu solennel de la visite du Saint-Sépulcre en visite jusqu’au seuil des tombes des apôtres Pierre et Paul et de saint Jacques, conférer la tonsure cléricale et les quatre ordres mineurs, concéder l’indulgence de cent jours et excommunier, et absoudre du lien de l’excommunication ; consacrer les églises et interdire ces églises et réconcilier, et détruire et en édifier d’autres et absoudre les violences d’un clerc et leurs persécuteurs, et visiter les recteurs des églises et les prêtres et les clercs de ses régions ; et les chasser de leurs églises, et aliéner le revenu de celles-ci, gérer dans ces mêmes régions la cure des âmes, et administrer au même endroit les sacrements ecclésiastiques, encore aux solennités du rite de la sainte église mère non observées, et il dit avoir, dans ses prédications, ou plutôt ses profanations susdites, un pouvoir plus grand que n’importe lequel de nos frères cardinaux de la sainte église romaine ou des légats de latere du siège apostolique ou que n’importe qui devant le vicaire du Christ, et exercer au hasard, au delà des choses dites préalablement, d’autres semblablement horribles, et il ne dit pas la vérité au dit peuple chrétien. C’est pourquoi vous, recteur et alcaid, nous demandez humblement que nous vous déclarions si vous devez croire quelques uns de ces points, nous vous répondons que les choses susdites sont fausses et que vous ne devez pas les croire et qu’une si grande témérité ne doit pas rester impunie mais doit être punie comme il se doit. Dans ces régions nous avons confiance dans votre communauté et nous demandons et réclamons par lettre apostolique que vous capturiez Laurentius afin qu’il soit emprisonné et que jusqu’à une cellule de nos vénérables frères l’évêque de Naples ou l’archevêque de Pise ou d’un autre archevêque ou évêque de Sicile avec les témoignages des présentes lettres de tel sorte qu’ils dévoilent plus clairement à tous les irrégularités du dit Laurentius, vous l’envoyez sous garde fiable.

Source traduction française

Clara Maillard

Résumé et contexte

En 1375 le pape s’inquiète du sort des chrétiens de Tunis. Laurentius Carbonnelli « de l’ordre des frères mineurs et ministre de Satan », tenait aux chrétiens de Tunis des discours erronés du point de vue pontifical. Le pontife s’adressa alors à Guillelmus de Riuopullio, alcayd et à tous les chrétiens, tant les militaires que les autres chrétiens qui résidaient à Tunis. Le pape décrit Laurentius Carbonelli comme « un loup sous une peau de mouton ». Il n’y avait de siège épiscopal en Ifrīḳiya et Laurentius s’octroya un pouvoir par de faux privilèges apostoliques. Il entraîna l’âme des innocents et des simples d’esprit. La liste des désobéissances suit. En autres choses il absout ceux qui ont porté des produits interdits, armes, fer et autres, jusqu’à Alexandrie Le pape répond que l’alcayt et les chrétiens ne doivent pas le croire. Il demande aux chrétiens qu’ils capturent le dit Laurentius Carbonelli afin qu’il soit emprisonné soit par l’évêque de Naples, soit par l’évêque de Naples ou l’archevêque de Pise soit par un autre archevêque ou évêque de Sicile.

Signification historique

Grégoire XI, après un long silence pontifical, s’intéressa au Maghreb et plus particulièrement au Maroc. Il se soucia de faire la guerre au roi du Maroc et de s’occuper des chrétiens en Afrique du Nord principalement des mercenaires. Le texte ici ne concerne pas particulièrement les soldats ou l’activité guerrière mais Grégoire XI savait qu’il y avait des mercenaires à Tunis comme il en existait à Marrakech. Dans son courrier, il nomme leur chef « capitaine » ou « alcayd » ; pour lui il est le représentant de tous les chrétiens sur place, alors que pour le Maroc, la distinction entre marchands et mercenaires est plus marquée. Comme en 12351, il semble que ce soit toute la communauté chrétienne qui s’adresse à la papauté, ici par la voix d’un mercenaire, autrefois par celle des frères mendiants. Il « n’existe pas d’évêque [à Tunis] » comme l’écrit lui-même le pape Grégoire XI et un mineur pris un pouvoir plus qu’excessif dans cette cité. La même année, dans la Hierarchia catholica de Conrad Eubel, apparaît un évêché d’« Hippone », première et unique réminiscence de l’ancienne Église d’Afrique2. L’auteur ne cite pas ses sources pour la nomination des premiers évêques et le nom d’Hippone est absent des registres de Grégoire XI. L’indépendance parfois excessive des religieux d’Ifrīḳiya était le résultat de l’éloignement géographique et des difficultés de communication. Cette partie du Maghreb semble avoir attiré, comme d’autres régions non chrétiennes, des religieux déviants que le Saint-Siège et la hiérarchie franciscaine souhaitaient contrôler et écarter des communautés de fidèles.

1 . 1235, janvier. Lettre de Ramòn de Peñafort, au nom de Grégoire IX, aux frères mendiants de Tunis. http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/76/12/57/PDF/Penyafort.pdf.

2 . C. EUBEL, Hierarchia catholica Medii Aevi, Patavi, 19652, t. I, p. 277.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • Vatican, Archivium Secretum Apostolicum, Reg. Vat. 244 I, f. 123 r, ep. 289
  • Vatican, Archivium Secretum Apostolicum, Reg. Vat. 267, f. 42 v - f. 43 r.

Etudes

  • G. GOLUBOVITCH, Biblioteca bio-bibliografica della Terra santa e dell’Oriente francescano, Quarrachi, 1906-1927, t. I, p. 203, n°162.
  • CL. MAILLARD, Les papes et le Maghreb aux XIIIème et XIVème siècles, étude des lettres pontificales de 1199 à 1419, Brepols, publication 2014, 354, 362.
  • G. MOLLAT, Lettres secrètes et curiales du pape Grégoire XI intéressant les pays autres que la France, Bibliothèque des Écoles Françaises d’Athènes et de Rome, Paris, De Boccard, 1962-1965, fasc. 1, p. 170, n° 3.644 .
  • O. RINALDI, Annales ecclesiastici, denuo excuis et ad nostra tempora perducti ab Augustino Theiner…, L. Guérin, Barri-Duci, 1864-1883, t. 26, p. 260.

Mots-clés

armée ; chrétiens ; commerce ; excommunication ; mercenaires

Auteur de la notice

Clara   Maillard

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  traduction

Anna   MATHESON  :  traduction

Luca   Fois  :  relecture -corrections

Comment citer cette notice

Notice n°268805, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait268805/.

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