Consilium Generalis Placentie
Livre des provisions et reformes de la commune de Plaisance
Imposition du badge pour les Juifs à Plaisance
Résolution du conseil municipal
Quia Iudeii non discernuntur a Christianis in Civitate Placentiae commorantes, providerunt quod portare debeant unam Literam O pro insigne, et quod ita custodire et festare debeant diem Dominicae sicut diem Sabati, et quod in Xebdomada Sancta non debeant frequentare inter per Civitatem sub poena unius Ducati pro quolibet qualibet vice qua fuerit contrafactum in praedictis vel aliquo praedictorum.
Archivio di Stato di Piacenza, Provvigioni e riformagioni, busta 2, registro 11, 24r.
Comme les Juifs qui vivent dans la ville de Plaisance ne peuvent pas être distingués des Chrétiens, [les Membres du Conseil] ont prévu que les Juifs doivent porter une lettre «O» comme signe, et qu’ils doivent observer et fêter les Dimanches de la même façon que les Samedis, et qu’ils ne peuvent pas se promener en ville pendant la Semaine Sainte sous peine d’un Ducat chacun pour chaque fois que les susdites provisions ou quelques parties d’entre elles seront violées.
Tomaso Perani (rev. Youna Masset)
Avec cette loi, le conseil de Plaisance impose aux juifs une série de mesures restrictives comme l’obligation de porter un signe distinctif en forme d’ « O », de respecter les dimanches comme ils font pour le Shabbat, et de rester enfermés dans leurs maisons pendant la semaine Sainte. Ces normes furent mises en place au même moment dans presque toutes les villes d’Italie du Nord en réponse à la prédication des frères franciscains et à un changement global d’attitude à l’égard des communautés juives.
Même s’il n’est pas certain qu’elle eut des effets concrets dans la vie quotidienne des populations juives, l’ordonnance de cette loi marque un passage important dans l’histoire légale des villes italiennes et dans l’histoire de ces communautés. Aux alentours de la moitié du XVe siècle, de nombreuses cités et états régionaux avaient mis en place des dispositions similaires impliquant une détérioration du statut légal de la minorité. Ce changement fut causé, surtout, par la prédication des frères Franciscains dans le nord de la péninsule Italienne, qui se présentait comme fortement virulente à l’égard de la cohabitation entre les chrétiens et juifs. Dans ce texte, les autorités civiques, avec le support implicite du duc de Milan, alors seigneur de Plaisance, ne voulaient pas uniquement se conformer à la loi canonique, mais semblaient répondre avant tout à une demande générale probablement en réaction au succès économique de la minorité juive. En effet, de par leurs activités, cette population était devenue un bouc émissaire symbolisant la corruption morale et responsable de la situation de crise de la péninsule, et pour ça ils devaient être bien reconnaissable entre les chrétiens et aussi humiliés par le porte de l’insigne.
Juifs/Judaïsme ; semaine sainte ; signe distinctif
Notice n°254508, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254508/.