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Capitulación de Tudela[5]

Auteur

Alfonso I de Aragón 'El Batallador'

Titre en français

la reddition de Tudèle

Titre descriptif

Fiscalité, obligations et dispenses

Type de texte

Traité de reddition

Texte

5. Et quod teneant illos in lure decima et que donent de X unum. 14. Et non faciat exire moro in apelito per forza in guerra de moros nec de christianos. 18. Et quod non faciat nullus moro azoffra nec ille nec sua bestia. 23. Et quod intrent in Tutela si non V christianos de mercaderes et quod pausent in illas alffondecas. 24. Et quod uadat ganato de illos moros et homines per illam terram regis solitamente et prendant illum azudium de illas oves, sicut est foro de Azuna de illos moros. 28. Et si aliquis moro donauerit suam terram ad moros ad laborare et non poterit illam laborare, suum xarico prendat suum quinto et de terra et de vinea.

Langue

Latin

Source du texte original

José Ángel Lema Pueyo, Colección Diplomática de Alfonso I de Aragón y Pamplona (1104-1134), Donostia-San Sebastián, 1990, doc. 91

Datation

  • Date fixe : 1119
  • Précisions : Le texte porte la date de 1115, et a été daté comme tels par différents savants (depuis Muñoz Romero jusqu’à Catlos), mais cela est incompatible avec ce que nous savons de la chronologie de la chute de Tudèle <note>Lacarra, "La fecha de la conquista de Tudela"</note>, un événement qu’il est raisonnable de supposer comme le contexte de la rédaction de ce texte, dont nous modifions la chronologie en conséquence, en accord avec les éditions les plus récentes du texte par Lema et Fortún. Des problèmes similaires de datation affectent un texte équivalent étendu à la communauté juive.

Aire géographique

  • Navarre
  • Tudèle, à l'extrême sud de la Navarre, près de la rivière Ebre.

Traduction française

5. Et que le maures conservent leur dîme et qu’ils donnent une partie de chaque dixième. 14. Et qu’on ne fasse pas partir un maure appelé de force dans la guerre des maures et des chrétiens. 18. Et qu’aucun maure ne soit requis pour l’azofra , ni lui ni son bétail. 23. Et que n’entre pas à Tudèle plus de cinq marchands chrétiens et qu’ils demeurent dans leur alhóndiga. 24. Et que le troupeau des hommes maures passe sur la terre du roi comme à l’accoutumée et qu’ils prennent l’azudium sur les moutons, comme le préconise la sunna de ces maures.

Source traduction française

C. Chauvin

Résumé et contexte

A la suite de la conquête de Tudèle en 1119, un ensemble de conditions relativement favorables qui tendent à confirmer le statu quo de la pré-conquête a défini les termes de la continuité de la présence de la population musulmane soumise à la règle chrétienne. [Le texte complet du traité se trouve dans le texte associé no. 1 - Capitulación de Tudela 1] Nous regroupons ici les clauses qui font référence aux obligations fiscales et aux exemptions de la communauté musulmane. La communauté musulmane de Tudèle était exemptée de service de défense militaire (apelito, #14) et était également excusée pour le service d’azofra (#18), ce dernier constituant une exception inhabituelle selon Lema, qui ne se répète pas dans les autres villes de Ribera, Saragosse ou Tortosa. La référence au paiement de l’azudium sur les moutons selon la tradition islamique (#24) implique peut-être une exemption du montazgo (Lema). En plus de ces exemptions, nous voyons également une mesure commerciale protectionniste qui restreint le nombre de marchands chrétiens qui peuvent entrer dans la cité à un moment donné à cinq (#23). La clause #5 semble faire référence au paiement de dîmes bien que le phrasé soit relativement confus, les maures conservant paradoxalement leur « dixième » (teneant lures decima) tout en donnant également une partie sur dix (donent X de unum). La version de Tortosa est plus claire en ce qu’il s’agit d’une dîme due aux autorités locales chrétiennes (à la cour de Catalonia, où se trouve le roi), et Lema comprend de la même manière la phrase en terme de conversion de la dîme islamique en un dû à la Couronne (Lema, p. 32, n. 13). Dix ans plus tard, une autre charte royale (J. Á. Lema Pueyo, Colección Diplomática de Alfonso I, doc. 212) pose la question de la dîme de l’Eglise, affirmant qu’elle devrait être payée sur les terres acquises par les chrétiens à Tudèle mais travaillées par des tenanciers maures, après ledépart pour al-Andalus des propriétaires maures originaux – un scénario qui reflète ce qui est décrit dans la clause #28 ici, bien que dans ce dernier on ne trouve pas de référence explicite au non-paiement des dîmes, le problème n’ayant peut-être pas encore transpiré dans les suites immédiates de la conquête. La situation plutôt complexe qui est décrite suggère qu’en conservant des tenanciers maures, certains chrétiens qui possédaient des terres évitaient de payer la dîme de l’Eglise, au grand regret de cette dernière. L’implication semble être que les musulmans qui possédaient de la terre étaient délivrés de la dîme de l’Eglise, bien que ne l’étant pas de la dîme royale comme nous l’avons vu.

Signification historique

Le traité de reddition de Tudèle est le texte-clé pour comprendre comment la population libre maure commença à être intégrée aux royaumes de Navarre et d’Aragón à partir du milieu du XIème siècle. Dans cet ensemble de dispositions, on observe non seulement tolérance et liberté mais même des avantages fiscaux, dans certains cas plus intéressants que ceux observés dans les cités conquises du bassin de l'Ebre. Tout cela met en évidence une monarchie militairement forte mais démographiquement faible, même disposée à sacrifier ses revenus en échange de main d'oeuvre.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • La dernière référence à l’original dont nous disposons est la transcription faite par la Real Academia de la Historia (Diccionario geográfico-histórico, t. II, 558-9) au milieu du XVIIIème siècle. Cette transcription a servi de support à la plupart des éditions suivantes, avec un apport additionnel d’une copie du XIVème siècle (Archivo General de Navarra, box I, no. 16.1).

Editions

  • L. J. Fortún Pérez de Ciriza, "Colección de 'Fueros Menores' de Navarra y otros privilegios locales", Príncipe de Viana 165 (1982), 287-289 (doc. 8).
  • J. Á. Lema Pueyo, Colección Diplomática de Alfonso I de Aragón y Pamplona (1104-1134) (Donostia-San Sebastián, 1990), doc. 91.
  • T. Muñoz Romero, Colección de Fueros Municipales y cartas pueblas (Madrid, 1847), 415-417.

Etudes

  • B. A. Catlos, The Victors and the Vanquished. Christians and Muslims of Catalonia and Aragón, 1050 – 1300 (Cambridge University Press, 2004), especially pp. 96-97.
  • J. A. Lema Pueyo, «Las relaciones entre moros y cristianos en Tudela y su ordenamiento foral en el pacto de capitulacion de marzo de 1119» Cuadernos de Sección. Historia-Geografía 18 (1991), 23-34.
  • J. Serrano i Daura, «La carta de seguretat dels sarrains de Tortosa, de 1148», in J. Serrano Daura (coord.), Les Cartes de Població cristiana i de Seguretat de jueus i sarrains de Tortosa, (Univ. Internacional de Catalunya, 2000), 105-150.

Mots-clés

dîme ; marchand ; musulmans

Auteur de la notice

David   Peterson

Collaborateurs de la notice

Claire   Chauvin  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°254448, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254448/.

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