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וששאלת, על יהודי שחייב לכותי מעות[32:7]

Auteur

Asher ben Jehiel

Titre en français

Tu demandais à propos d'un juif qui devait des biens à un non-juif

Titre descriptif

Les contacts des femmes juives avec des hommes non-juifs et l'opinion de la communauté

Type de texte

Responsum

Texte

וששאלת, על יהודי שחייב לכותי מעות, והלך לו היהודי ונשאר הכותי עם אשתו בבית, ואוכל ושותה וישן בבית וידו תקפה עליהם, ויצא על האשה חשד בעיר. תשובה: אין לחוש על אותו חשד לאסרה על בעלה; שהרי מתוך שאלתך משמע שלא נתיחדה עם הכותי, שהרי בני הבית שרויין עמה בבית. ואפילו אם נסתרה, קיי"ל דאין אוסרין על היחוד. ולא דמי להא דתנן בפ"ב דכתובות (כו:): האשה שנחבשה ביד הכותים ע"י ממון, מותרת לבעלה; ואמרינן בגמרא, לחד לישנא: לא שנו אלא שיד ישראל תקפה על אומות, אבל יד אומות תקפה על עצמן, אפילו על ידי ממון אסורה. דהיינו דוקא נחבשה, שנתמשכנה לו עבור אותו ממון והיא בבית הכותי, הילכך, כיון דיד אומות תקפה על עצמן ואינו ירא שמא יפסיד ממונו, יש לחוש שמא נאנסה ואסורה לבעלה כהן; אבל לבעלה ישראל שריא, דלא חיישי*נן שמא נתרצית לו. וכן מוכחת סוגיא, דדוקא לכהן אסורה, דמייתי עלה (/כתובות כו:/ שם) ההוא עובדא דהורהנה באשקלון ורחקוה בני משפחתה, ולא שייך למימר ורחקוה בני משפחתה אלא בפסולי כהונה. ובהלין עובדא דלא נחבשה, אפי' אי בעלה כהן שריא ליה. ואי משום דיצא עליה שם חשד בעיר, הא אמר רב אשי (גיטין פט:): קלא דבתר נישואין לא חיישינן.

Langue

Hébreu

Source du texte original

She'elot u-teshuvit le-ha rav rabbenu Asher (Venice, 1607), p. 54

Datation

  • Entre 1250 et 1328

Aire géographique

Traduction française

Tu demandas à propos d'un juif qui devait des biens à un non-juif, et le juif partit et le non-juif resta à la maison avec la femme [de ce juif]. Il mangea, but et dormit à la maison, et il était un homme puissant, et les rumeurs sur cette femme commencèrent à circuler dans la ville. Réponse : Il ne faut pas s’inquiéter de ces soupçons en lui interdisant les relations sexuelles avec son mari. Le texte de ta question m’apprend qu’elle n’eut pas de rapports sexuels avec ce non-juif, et qu’il y a des domestiques qui se trouvaient avec elle à la maison. Même si elle se cacha [avec ce non-juif], on s’accorde à ne pas la juger comme dans le cas des relations adultères. Ce cas ne ressemble pas à ce qui fut écrit dans le chapitre 2 de Kethubot (le Talmud de Babylone, Kethubot 26): «Si une femme fut emprisonnée par les gentils, et si c’était pour le bien de l’argent, elle peut avoir des relations sexuelles avec son mari. La gemara dit que cette opinion n’est valable que dans le cas où les gentils sont soumis aux juifs, mais si les gentils se gouvernent eux-mêmes, même si la femme avait été capturée pour le bien de l’argent, elle ne pouvait plus avoir des relations sexuelles avec son mari. Cela veut dire, si elle fut capturée, qu’elle lui servit comme garantie contre lesdits biens et qu’elle se trouvait dans la maison de ce non-juif, le jugement dans ce cas est le suivant: si les gentils se gouvernent eux-mêmes, et ce non-juif ne craint pas qu’il puisse perdre ses biens, il faut soupçonner qu’elle aie pu être violée. Dans ce cas, elle ne peut plus d’avoir des relations sexuelles si son mari est cohen, mais elle a le droit de continuer sa vie maritale si son mari est Israël. On ne s’inquiète pas qu’elle pût être désirée [par ce gentil]. Le même passage de gemara confirme cette opinion selon laquelle une femme soupçonnée des rapports illicites avec un homme non-juif ne peut plus avoir des relations maritale seulement si son mari est cohen. Une même décision avait été prise concernant un cas similaire (le Talmud de Babylone, Kethubot 26a) par rapport à une femme captive d’Ashkelon qui fut abandonnée par sa famille. Cette décision ne sera applicable dans le cas où ladite femme fut abandonnée par sa famille que si son mari était cohen. Et dans le cas dont on parle, quand la femme dont il s’agit ne fut jamais captive, surtout si son mari n’était point cohen, elle peut continuer sa vie maritale. [Elle ne doit pas non plus se séparer de son mari] en raison de ce que les rumeurs sur elle commencèrent à circuler dans la ville. Comme dit rav Ashi (le Talmud de Babylone, Gittin 89), à propos de ce cas-là (le Talmud de Babylone, Kethubot 26b), on ne prête pas attention aux rumeurs répandues après le mariage.

Source traduction française

N. Koryakina

Résumé et contexte

Ce texte porte sur les affaires commerciales entre les juifs et les non-juifs, et les relations assez étroites entre eux. Ici on voit qu’un homme juif sort de sa maison en laissant sa femme et ses domestiques avec son partenaire non-juif – ce qui prouve la confiance entre les représentants de deux communautés religieuses différentes. Bien que le comportement de la communauté juive envers cette femme juive qui, en l’absence de son mari, offrit les services d’hospitalité à un homme non-juif, était hostile, le rabbin Asher ben Yehiel considéra ses actions comme admissibles ce qui fait penser que cette manière de coopérer entre les commerçants juifs et non-juifs en Allemagne était répandue au début du 14e siècle.

Signification historique

Ce texte couvre deux principes importants de la loi juive qui se développa après la destruction du Temple en 70 c.e. D’abord, il s’agit de l’influence du statut social des juifs sur la justice. Selon le Talmud de Babylone (Kethuboth 26b), si les juifs représentent un groupe social dominant, et leurs règlements communautaires sont respectés, on peut juger les questions concernant les contacts quotidiens des juifs avec des non-juifs et la séparation des femmes avec indulgence. Mais si, au contraire, ce sont les non-juifs qui dominent et déterminent les lois, les juifs sont privés du pouvoir et le statut de leurs femmes est donc inférieur. Dans ce cas, la séparation des juifs et des non-juifs doit être renforcée et les femmes qui enfreignent les règles de pudeur sont punies plus sévèrement. Le deuxième principe dont il s’agit dans ce texte est la différence des droits entre les cohens (qui sont considérés comme descendants d’Aaron) et les Israélites (les membres ordinaires de la communauté juive). Puisque le statut des cohens exige qu’on s’abstienne de l’impureté y compris celle résultant des rapports sexuels interdits, leurs femmes soupçonnées des relations illicites avec des non-juifs ne pouvaient plus continuer de vivre avec leurs maris. Le statut des Israélites qui n’étaient pas chargés de l’obligation d’être prêts pour le service divin leur permettait de continuer les relations maritales avec leurs femmes soupçonnées des rapports illicites.

Etudes

  • A. Grossman, Pious and Rebellious: Jewish Women in Medieval Europe (Lebanon, NH 2004), 114 - 121.
  • D. Nirenberg, Communities of Violence: Persecution of Minorities in the Middle Ages (Princeton, 1996), 127-166.

Mots-clés

adultère ; cohabitation ; commensalité ; commerce ; Juifs/Judaïsme

Auteur de la notice

Nadezda   Koryakina

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  relecture -corrections

Claire   Chauvin  :  relecture -corrections

Comment citer cette notice

Notice n°252585, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252585/.

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