Est-il permis au musulman de faire la prière revêtu de vêtements ayant appartenu à des chrétiens ?
Question sur la pureté des vêtements et des chaussures achetés aux chrétiens
قال مالك فى "المختصر": و يصلِّى بالثوب الجديد يُشترى من النصراني و إن كان يسقوه للحوك بماء الخمر، و أما ما لبسه، فلا يصلى فيه، و إن كان جديدًا. و نحوه في "العتبية"، و من سماع ابن القاسم. وزاد: و لا يلبس خُفَّ النصرانى. يعنى الذى لبسه. قال عنه ابن نافع في "المجموعة": و إذا أسلم النصرانى فلا يصلى في ثيابه حتى يغسلها. يريد التى لبس. وقال محمد ابن عبد الحكم، يصلى بما لبس النصرانى
Abī Zayd al-Qayrawānī, Al-Nawādir wa-al-ziyādāt ‘alā al-Mudawwana min ghayrihā min al-ummahāt, ‘Abd al-Fattāḥ M. Ḥulw, ed. ( Beyrouth,1999), vol. 1, 90.
Mālik [b. Anas] a dit dans al-Mukhtaṣar : « Il est permis [au musulman] de faire la prière revêtu d’un vêtement neuf qu’il a acheté à un chrétien, et ce même s’ils [les chrétiens] trempent leur vêtements dans de l’eau mélangée avec du vin lors du tissage. Quant au vêtement qu’il [le chrétien] a porté, il n’est pas permis de le mettre pendant la prière, même s’il est neuf. Une opinion similaire est mentionnée dans al-ʿUtbiyya et [dans] l’audition (samāʿ) d’Ibn al-Qāsim. Et il (Ibn al-Qāsim) ajouta : « Il n’est pas permis de porter les chaussures d’un chrétien. » Il faut entendre par là celles qu’il (le chrétien) a portées. Dans al-Mağmūʿa, Ibn Nāfiʿ rapporte de lui (Mālik) : « Si un chrétien se fait musulman, il doit laver ses vêtements avant de les porter pendant la prière. » Il veut dire : les vêtements que le converti a portés [lorsqu’il était encore chrétien]. Muḥammad b. al-Ḥakam a dit : « Il est permis de faire la prière revêtu de vêtements ayant été portés par un chrétien. »
A. Oulddali
La question des vêtements et des chaussures venant d’un chrétien se rattache à la catégorie de la pureté dans la loi islamique, qui se focalise particulièrement sur le culte rituel. Un musulman doit se purifier constamment pour les prières rituelles, et ce processus de purification inclut le port de vêtements propres pour les prières. Les impuretés qui souillent les vêtements, comme le sang, l’urine, le vin, rend la prière invalide. Dans ce cas juridique, la question est de savoir si un vêtement porté par un chrétien ou acheté neuf à un chrétien est considéré comme impure (nağis). Selon les juristes mālikites, il n’y a pas de mal à prier avec des vêtements ou des chaussures neufs achetés à des chrétiens, à moins que quelque chose d’interdit dessus ne le rende impurs pour la prière (Mālik propose l’exemple d’un vêtement neuf trempé dans du vin lors du tissage). Selon Ibn al-Qāsim (d. 191/806), les musulmans ne devraient pas porter les chaussures déjà portées par un chrétien, mais il n’y a pas de mal à porter de nouvelles chaussures venant d’un chrétien. Dans la même veine, Mālik considère qu’il est répréhensible pour un chrétien converti à l’islam de prier avec ses vêtements portés précédemment sans les avoir lavés auparavant. Cette dernière opinion de Mālik offre la possibilité de prier avec un vêtement porté par un chrétien après l’avoir lavé, ce qui semble éclairer le choix de Muḥammad b. ‘Abd al-Ḥakam (d. 268/882) qui explique qu’il n’y a pas de mal à porter des vêtements déjà portés par des chrétiens (il veut dire probablement après les avoir lavés) pendant la prière.
Pendant le IXe et le Xe siècles, les juristes mālikites d’Afrique du Nord et de l’Espagne musulmane étaient confrontés à des questions nées des relations intercommunautaires, comme celles concernant les mariages interreligieux, la conversion, l’apostasie, etc. La majorité des juristes considère les objets venant des Peuples du Livre, particulièrement des chrétiens, comme impurs et souillés dans certains contextes. C’est pourquoi, sur les questions telles que la consommation des animaux abattus par les Peuples du Livre, l’ablution avec de l’eau provenant de leurs maisons, et la prière avec des vêtements portés par eux, Mālik affirme son désaccord, mais ne les considère jamais comme des pratiques interdites (ḥarām). Voir également l’entrée : « Les chaussures des non-musulmans les outres fabriquées par eux », dans la base de données RELMIN.
chrétiens ; conversion à l'Islam ; prière ; vêtement
Ahmed Oulddali : traduction
Claire Chauvin : traduction
Notice n°252437, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252437/.