Code Justinien
Peine de la confiscation du patrimoine contre les chrétiens passés au judaïsme
Imp. Constantius A. ad Thalassium pp.
Si quis lege venerabili constitutus ex christiano iudaeus effectus sacrilegis coetibus adgregetur, cum accusatio fuerit comprobata, facultates eiusdem dominio fisci iubemus vindicari.
D. V non. iul. Mediolano Constantio A. VIIII et Iuliano C. II conss.
P. Krueger, Codex Justinianus (Berlin, 1877, Ed. ster. 10, 1929), 60.
Constance Auguste à Thalassius, préfet du prétoire.
Nous ordonnons que si quelqu'un, établi dans la Loi vénérable, de chrétien se fait juif et s'associe à leurs réunions sacrilèges, il verra ses biens revendiqués en faveur du domaine du fisc, dès lors que l'accusation aura été prouvée.
Donné le 5 des nones de juillet à Milan, sous le consulat de Constance Auguste pour la 9e fois et de Julien César pour la 2e fois.
C. Nemo-Pekelman
La loi sanctionne la "conversion" du chrétien au judaïsme par la confiscation de son patrimoine. La "conversion" était apparemment présumée par la participation du suspect aux "assemblées sacrilèges" des juifs, c'est-à-dire, probablement, les assemblées de prière. Les auteurs du Code Justinien ayant retenu cette mesure, il semblerait que les phénomènes d'apostasie vers le judaïsme continuaient d'être connus à Byzance pendant le premier quart du VIe siècle.
Le texte faisait originellement partie d’une décision de l’empereur Constance II en date, probablement, du 3 juillet 353 et qui avait été conservée dans le Code Théodosien, XVI, 8, 7. Il fixait légalement la nature de la sanction prévue contre les convertis au judaïsme – la confiscation du patrimoine – alors que la constitution précédente (Constantin, 18 octobre 329, CTh. XVI, 8, 1) laissait le juge décider arbitrairement de la “peine méritée”. Dans la version justinienne, cette contradiction entre les textes disparaît, les compilateurs du VIe siècle ayant éliminé l’extrait de la décision de Constantin. On note quelques modifications grammaticales par rapport à la version théodosienne, mais qui n’affectent pas substantiellement le sens du texte.
apostasie ; conversion ; conversion au judaïsme
Anna MATHESON : traduction
Notice n°136836, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait136836/.