Alaric
Bréviaire d'Alaric
Peine de la confiscation des biens contre les chrétiens passés au judaïsme
Imp. Constantius A. et Iulianus C. ad Talassium Pf. P.
Si quis, lege venerabili constituta, ex Christiano Iudaeus effectus sacrilegis coetibus aggregetur, quum accusatio fuerit comprobata, facultates eius dominio fisci iussimus vindicari.
Dat. V Non. Iul. Mediolano, Constantio A. IX et Iuliano Caes. II Coss.
Ista lex interpretatione non eget.
G. Haenel, Lex Romana Visigothorum (Leipzig, 1849), 250.
L'empereur Constance Auguste et Julien César à Talassius, préfet du prétoire
Une loi vénérable ayant déjà été promulguée, Nous avons ordonné que si un chrétien se fait juif et s'associe à leurs réunions sacrilèges, ses biens seront revendiqués en faveur du domaine du fisc, dès lors que l'accusation aura été prouvée.
Donné le 5 des nones de juillet à Milan, sous le consulat de Constance Auguste pour la 9e fois et de Julien César pour la 2e fois.
Cette loi ne requiert pas d'interprétation.
C. Nemo-Pekelman
La mesure interdisant aux chrétiens de se joindre aux « réunions sacrilèges » des Juifs (offices de prières ?) a un précédent remontant au règne de Constantin. En effet, une constitution conservée dans C. Th., XVI, 8, 1 prohibait déjà "l'entrée dans leur secte néfaste" et la participation aux conciliabules" juifs (pour une analyse fine de cette loi et de sa datation, voir G. de Bonfils). La loi de l’empereur Constance II, contrairement à celle de Constantin, précise la nature de la peine encourue, qui consiste dans la confiscation du patrimoine du chrétien "converti". Il semblerait que les faits constituaient un crime (ou délit public), c'est-à-dire que, contrairement aux délits privés, leur poursuite par la voie d'une accusation devant un tribunal était ouverte non seulement aux victimes mais à tout citoyen.
Cette constitution de Constance II figurait dans le Code Théodosien, XVI, 8, 7 et sera également reprise à Constantinople par les auteurs du Code Justinien sous la rubrique I, 7, 1. Il est intéressant de noter que les auteurs gallo-romains du Bréviaire d'Alaric ont jugé bon de retenir le texte, ce qui implique que les phénomène de conversions au judaïsme n'étaient pas inconnus en Aquitaine au tournant du Ve et du VIe siècle. En effet, nombre de constitutions du Code Théodosien concernant les juifs ont été jugées sans objet dans le contexte gaulois, et n'ont de ce fait pas été retenues par les auteurs du Bréviaire. Ainsi, le livre XVI du Bréviaire ne comporte plus que quatre lois, dont la présente (les autres constitutions concernant les juifs sont dispersées dans d'autres livres du Bréviaire).
apostasie ; conversion ; conversion au judaïsme
Anna MATHESON : traduction
Notice n°136633, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait136633/.