./.

Livre des Assises de la Cour des Bourgeois[Chapitre 137]

Auteur

Livre des Assises de la Cour des Bourgeois

Titre en français

Livre des Assises de la Cour des Bourgeois

Titre descriptif

Le témoignage entre catholiques et non-catholiques

Type de texte

Assise

Texte

Item de eodem, qui posset testimonium facere et qui non. Bien saches que cil avient que un Franc veille porter garentie contre un Surien, il ne le peut faire, ni ne le deit la cort reseivre, par dreit. Ne se un Surien veut porter guarentie contre I Franc, il nen deit estre creus de nule chose, par dreit. Mais cil avient que aucun Surien ou Jacobin ou Grifon ou Nestorin ou daucune autre lei faiseient aucune recounoissauce devant le vesconte ou devant les iures: de ce pueent bien porter guarentie les Frans, puis quil sont iures, et contre Surien et contre le Sarasin et contre tous autres leis. Et bien saches que nule feme ne peut porter garentie en cort contre nul houme de nule chose. Mulier enim nec pro uiro nec contrariurum1 testimonium ferre potest.

Langue

français

Source du texte original

E.Kausler, Les Livres des Assises et des Usages dou Reaume de Jerusalem sive Leges et Instituta Regni Hierosolymitani (Stuttgart: Adolf Krabbe, 1839), 156.

Datation

  • Entre 1229 et 1244
  • 13ème siècle (quart : 2 )
  • Précisions : Les assises de la Cour des bourgeois ont été écrites au milieu du XIIIe siècle, probablement pendant la domination chrétienne de Jérusalem, entre 1229 et 1244 et après 1240, quoiqu’une partie du texte ait dû être écrite après les années 1260.

Aire géographique

  • Chypre ; Palestine
  • Les assises ont été écrites à la fin du royaume de Jérusalem, au milieu du XIIIe siècle, mais se sont également appliquées au royaume de Chypre.

Traduction française

Du même, qui peut témoigner contre qui, et qui ne peut pas. Sachez bien que s'il arrive qu’un Franc veuille témoigner contre un Syrien, il ne peut pas le faire et la cour ne doit pas le recevoir, selon le droit. Si un Syrien veut témoigner contre un Franc, la cour ne doit le croire en aucune façon, selon le droit. Mais s'il se passe qu'un Syrien ou un jacobite ou un Grec ou un nestorien ou n'importe qui d'une autre foi témoigne devant le vicomte ou devant les jurés, les Francs peuvent bien témoigner dans ces cas, puisqu'ils sont les jurés, contre les Syriens et contre les sarrasins et contre toutes les autres fois. Et sachez bien qu'aucune femme ne peut témoigner devant la cour contre aucun homme en aucun cas. Car une femme ne peut pas témoigner ni en faveur d'un homme ni contre lui.

Source traduction française

A. Bishop

Résumé et contexte

Cette assise répète les enseignements des chapitres précédents qui expliquent qu'une personne ne peut pas témoigner contre quelqu’un d’une autre religion. Cependant, elle note que si une transaction (sans doute à propos d'une dette ou d'un héritage) a été faite devant la cour, alors la cour elle-même est un témoin ; et puisque les jurés de la cour des bourgeois étaient toujours francs (c'est-à-dire catholiques), en cette occasion les Francs pouvaient témoigner contre des personnes d'une autre religion. L'assise note en plus qu'une femme ne peut jamais témoigner contre un homme, indépendamment de sa religion.

Signification historique

Cette assise montre que tous les non-catholiques qui habitaient dans le royaume de Jérusalem étaient considérés comme faisant partie d'une seule classe sociale, quelle que soit leur religion ; ils étaient tous ensemble inférieurs du point de vue social aux Francs catholiques, c'est-à-dire aux croisés ou aux descendants des croisés d'Europe occidentale. À la cour des bourgeois, les non-catholiques pouvaient louer une propriété et prêter de l'argent, et, pourvu qu'ils eussent des témoins, ils pouvaient récupérer leur argent auprès de leur débiteur. Si la transaction avait été faite devant la cour, la cour elle-même servait de témoin. Ainsi, les jurés francs qui servaient à la cour pouvaient servir exceptionnellement de témoins contre des personnes d'autres religions. Normalement, personne, pas même les Francs, ne pouvait témoigner contre les fidèles d'autres religions devant la cour des bourgeois.1 Dans la cour des bourgeois, les non-catholiques ne pouvaient pas servir de jurés bien que, selon le chapitre 236, aussi bien les Francs que les chrétiens orientaux servissent de jurés à la cour du Marché, une des cours subordonnée à la cour des bourgeois. Les musulmans et les juifs ne servaient jamais de jurés à la cour des Francs.

1 . M.Nader, "Urban Muslims, Latin laws, and legal institutions in the Kingdom of Jerusalem", Medieval Encounters 13 (2007), 255-258.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • Les assises de la Cour des bourgeois nous sont parvenues via trois manuscrits médiévaux : Bayerische Staatsbibliothek cod. Gall. 51 (Chypre, c. 1315), BNF ms. fr. 19026 (incomplet, Chypre, milieu du XIVe siècle) et Biblioteca Nazionale Marciana ms. fr. app. 6 (Chypre, 1436). BNF ms. fr. 12207 est une copie du XVIIe siècle du manuscrit Marciana.
  • Il existe également une traduction italienne du manuscrit Marciana, Marciana cod. it. cl. II, no. 47 (Venise, 1534) et une copie de cette traduction, BNF ms. ital. 29 (XVIe siècle).
  • Les manuscrits français ont également été traduits en grec et nous sont parvenus par deux manuscrits : BNF ms. grec 1390 (Chypre, 1469) et BNF ms. grec suppl. 465 (Chypre, 1512).

Editions

  • A.Beugnot, "Assises de la Cour des Bourgeois", in Recueil des historiens des croisades, Lois, vol. 2 (Paris: Académie royale des inscriptions et belles-lettres, 1843, repr. Farnborough: Gregg, 1967).
  • N.Coureas, The Assizes of the Lusignan Kingdom of Cyprus (Nicosia: Cyprus Research Centre, 2002).
  • V.Foucher, Les Assises du Royaume de Jérusalem (textes français et italien), vol. 1, pt. 1: Assises des Bourgeois (Rennes: Blin, 1839).
  • E.Kausler, Les Livres des Assises et des Usages dou Reaume de Jerusalem sive Leges et Instituta Regni Hierosolymitani (Stuttgart: Adolf Krabbe, 1839).
  • C.Sathas, "Assizai tou Basileiou ton Ierosolymon kai tes Kyprou", in Mesaiunikes Bibliothekes, vol. VI (Paris, 1877).

Traductions

  • N.Coureas, The Assizes of the Lusignan Kingdom of Cyprus (Nicosia: Cyprus Research Centre, 2002).
  • V.Foucher, Les Assises du Royaume de Jérusalem (textes français et italien), vol. 1, pt. 1: Assises des Bourgeois (Rennes: Blin, 1839).
  • C.Sathas, "Assizai tou Basileiou ton Ierosolymon kai tes Kyprou", in Mesaiunikes Bibliothekes, vol. VI (Paris, 1877).

Etudes

  • M.Nader, "Urban Muslims, Latin laws, and legal institutions in the Kingdom of Jerusalem", Medieval Encounters 13 (2007), 243-270.

Mots-clés

musulmans ; témoignage

Auteur de la notice

Adam   Bishop

Collaborateurs de la notice

Laurence   Foschia  :  relecture

Capucine   Nemo-Pekelman  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°136599, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait136599/.

^ Haut de page