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Livre des Assises[Chapitre 167]

Auteur

Jean d'Ibelin

Titre en français

Livre des Assises

Titre descriptif

Comment un homme peut perdre son fief

Type de texte

Assise

Texte

Por quel choze l'on peut perdre son fié an et jor et por quel sa vie et por quel ces heirs. L'on peur par l'assise ou l'usage dou reyaume de Jerusalem perdre son fié en .iii. manieres : l'une an et jor ; l'autre toute sa vie ; la tierce lui et ses heirs. An et jor le peut on perdre par defaut de servise. Toute sa vie le peut on perdre par defaut de homage et par autres choses qui seront aprés devisees en cest livre. Et l'on peut perdre et pert par Deu renoyer et par estre traïtor vers son seignor de coy on tient le fié et a qui on a fait homage de cel fié, et par vendre le par l’assise. Et coment l'on pert a lui et a ces heirs par vendre le par l'assise et par Deu renoyer et par estre traïtor vers son seignor sera aprés devisé en cest livre.

Langue

français

Source du texte original

John of Ibelin. Livre des Assises, ed. P. W. Edbury (Leiden, 2003).

Datation

  • Entre 1265 et 1266
  • 13ème siècle (quart : 3 )
  • Précisions : Écrit vers 1265 ou 1266, à Jaffa, juste avant la mort de Jean d'Ibelin.

Aire géographique

  • Chypre ; Palestine
  • Jean écrivait à Jaffa dans le royaume de Jérusalem finissant (Jaffa, de nos jours, fait partie de Tel Aviv-Jaffa, en Israël). Les lois de Jérusalem se sont appliquées également au royaume de Chypre.

Traduction française

Pour quelles raisons l'on peut perdre son fief pour un an et un jour, et pour lesquelles on peut le perdre pour toute sa vie et pour celle de ses héritiers. Selon l'assise et les usages du Royaume de Jérusalem, on peut perdre son fief de trois manières : la première, pour un an et un jour, la deuxième, pour toute sa vie, et la troisième, pour toute sa vie et celle de ses héritiers. On peut le perdre pour un an et un jour à cause de défaut de service. On peut le perdre pour toute sa vie à cause de défaut d’hommage et pour d'autres motifs qui seront expliquées plus tard dans ce livre. Et on peut le perdre, et on le perd effectivement, si l'on a renié Dieu et trahi le seigneur dont on tient son fief et auquel on a rendu hommage pour ce fief, et si on l'a vendu selon l'assise. Et comment l'on perd son fief pour toute sa vie et la vie de ses héritiers si on l'a vendu selon l'assise et si l'on a renié Dieu et trahi son seigneur, [cela] sera expliqué plus tard dans ce livre.

Source traduction française

A. Bishop

Résumé et contexte

Cette assise résume les raisons variées pour lesquelles un homme lige (et ses héritiers) pouvait perdre son fief. Jacques d'Ibelin, le fils de Jean, donne un résumé similaire et le Livre au Roi traite de façon plus détaillée de l'apostasie et des autres raisons pour lesquelles un homme pouvait être déshérité. En fait, Jean n’explique pas ailleurs dans son livre comment un homme peut être déshérité à cause de son apostasie, bien qu’il revienne sur les formes variées de trahison ; les apostats normalement considérés comme traîtres à l’État ou même à la chrétienté. Les catholiques seuls pouvaient tenir fiefs du roi et donc un apostat perdait la possession de sa terre pour le reste de sa vie, et, selon cette assise, ses héritiers étaient également déshérités.1

1 . J. Prawer, Crusader Institutions (Oxford, 1980), 435.

Signification historique

Il n'y a pas de preuve écrite montrant que les feudataires qui apostasiaient étaient déshérités comme le souligne cette assise. Cependant, il est bien connu que beaucoup de chrétiens se sont convertis à l'islam, souvent au cours d'une bataille ou d'un siège, ou après avoir été capturés par les forces musulmanes. On peut supposer que l'apostasie et la conversion à l'islam se sont produites assez souvent chez les Croisés.1

1 . B. Z. Kedar, "Multidirectional conversion in the Frankish Levant", in J. Muldoon, Varieties of Religious Conversion in the Middle Ages (Gainesville, 1997), réimpr. in Franks, Muslims, and Oriental Christians in the Latin Levant (Aldershot, 2006), 194.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • Le traité de Jean nous est parvenu grâce à cinq manuscrits médiévaux : Bibliothèque nationale française ms. fr. 19025 (le manuscrit le plus vieux, écrit vers 1280 à St-Jean d'Acre) ; Oxford Bodleian ms Selden 3457 (Chypre, début du XIVe siècle) ; Biblioteca Nazionale Marciana ms. fr. app. 20(=265) (deux manuscrits reliés, l'un de St-Jean d'Acre, daté d'environ 1290 et l'autre de Chypre, daté du milieu du XIVe siècle) ; Bibliothèque nationale française ms. fr. 19026 (Chypre, milieu du XIVe siècle) et Biblioteca Apostolica Vaticana, codex vaticanus latinus 4789 (Chypre, milieu du XVe siècle).

Editions

  • A.-A. Beugnot, ed., "Livre de Jean d'Ibelin", in Recueil des historiens des croisades, vol. 1 : Lois (Paris, 1841).
  • G. T. de la Thaumassière, ed., Coustumes de Beauvoisis par messire Philippes de Beaumanoir, Assises et bons usages du royaume de Jerusalem, par messire Jean d'Ibelin, et autres anciennes coutumes (Bourges, 1690).
  • P. W. Edbury, ed., John of Ibelin, le Livre des Assises (Leiden, 2003).

Etudes

  • B. Z. Kedar. "Multidirectional conversion in the Frankish Levant", in J. Muldoon, Varieties of Religious Conversion in the Middle Ages (Gainesville, 1997), repr. in Franks, Muslims, and Oriental Christians in the Latin Levant (Aldershot, 2006).
  • J. Prawer, Crusader Institutions (Oxford, 1980).

Mots-clés

apostasie ; fief

Auteur de la notice

Adam   Bishop

Collaborateurs de la notice

Laurence   Foschia  :  traduction

Capucine   Nemo-Pekelman  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°103975, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait103975/.

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