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Livre de Jacques d'Ibelin
Comment un homme peut perdre son fief
Home qui a son fié par don de seignor, et il l'a[...] à lui et ces heirs de feme espouse, ces heirs ne pevent perdre le fié tot outre por nulle manière que l'ome mesface, que par treis : la premiere si est de vendre le por l'assise si come il se deit vendre por dette ; la segonde por trayson aparent contre son seignor, ce il en est ataint par jugement de court ; la tierce por Dieu renoer, ce il en est ataint.
"Livre de Jacques d'Ibelin", in A.-A. Beugnot, ed., Recueil des historiens des croisades, vol.1 : Lois (Paris, 1841), repr. Farnborough: Gregg, 1967.
Quand un homme qui tient son fief par don de son seigneur, et [qu']il le tient[...] pour lui-même et pour ses héritiers nés de sa femme, ses héritiers ne peuvent perdre le fief entier pour aucune autre raison ou méfait de cet homme, sauf pour trois raisons : premièrement s'il le vend selon l'assise tout comme on doit le faire pour payer une dette ; deuxièmement en cas de trahison évidente envers son seigneur s'il a été condamné pour cela par le jugement de la cour ; et troisièmement s'il a renié Dieu et s'il a été condamné pour cela.
A. Bishop
Cette assise est un résumé des différentes façons dont un vassal (et ses héritiers) peut perdre son fief. Jean d'Ibelin, le père de Jacques, donne un résumé similaire et le Livre au Roi traite de façon plus détaillée l'apostasie et les autres raisons pour lesquelles un homme pouvait être déshérité. Les apostats étaient considérés comme traîtres à l’État ou même à la chrétienté. Les catholiques romains, seuls, pouvaient obtenir un fief du roi, et un apostat, selon cette règle, devait perdre la possession de sa terre pour le reste de sa vie, et, selon cette assise, ses héritiers étaient également déshérités.1
1 . J. Prawer, Crusader Institutions (Oxford, 1980), 435.
Il y a très peu de preuve écrite montrant que les feudataires apostats étaient déshérités comme le souligne cette assise. Cependant, on peut assumer que beaucoup de chrétiens se sont convertis à l'islam, souvent au cours d'une bataille ou d'un siège, ou après avoir été capturés par des musulmans.1 Des lettres du pape Alexandre III au douzième siècle et d'Urbain IV au treizième siècle semblent indiquer que des chrétiens à Jérusalem parfois sont devenus apostats, et après voulaient retourner au christianisme.
1 . B. Z. Kedar, "Multidirectional conversion in the Frankish Levant", in J. Muldoon, ed., Varieties of Religious Conversion in the Middle Ages (Gainesville, 1997), réimpr. in Franks, Muslims, and Oriental Christians in the Latin Levant (Aldershot, 2006), 194.
Notice n°87431, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait87431/.
