« aposcripta-4695 »


Général

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    Serge IV (1009-1012)

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    Mense novembris

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    1011/11


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    n.c.

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    Privilège solennel

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    [Original] E. FRANCE, Perpignan, Bibliothèque municipale, ms. 72.

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    Ici reprise de l'acte n. 506 dans « Chartes originales antérieures à 1121 conservées en France », Cédric Giraud, Jean-Baptiste Renault et Benoît-Michel Tock, éds., Nancy : Centre de Médiévistique Jean Schneider ; éds électronique Orléans : Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 2010 (Telma) [en ligne].

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    Louis Fabre, "Bulle du pape Sergius IV pour le monastère du Mont-Canigou", in Bulletin de la société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, t. 24 (1880), p. 297-303 [en ligne].
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    Harald Zimmermann, Papsturkunden : 896-1046, Vienne : Osterreichischen Akademie der Wissenschaften, 1984-1989, 3 vol., t. 2, n. 457, p. 874-876.

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    Jaffé-Loewenfeld, Regesta pontificum Romanorum, 2 vol., Leipzig, 1885-1888, n. 3976 [en ligne].
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    Henri Omont, Bulles pontificales sur papyrus, IXe-XIe siècles (Sergius IV), in BEC, t. 65 (1904), p. 575-582, n. 21, p. 582 [en ligne].

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    Serge IV, pape, confirme la fondation du monastère de Saint-Martin du Canigou par le comte Guifred, confirme les biens et la libre élection de l'abbé.

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    Sergius, episcopus, servus servorum Dei.
    Quoniam divina annuente pietate sedul[a] mos in nostris predecessoribus extitit prosper[a si]ve adversa omnium homin[um] di[ligen]tia vigila[re] et eorum in necessitatibus subvenire [at]que mal[um in] animo positum resecare, bonum vero apostolicis benedictionibus [corr]oborare. Quapropter nos, qui eorum gestamus infulam, illorum itaque [volumus ve]stigia sequi, ut omnes videlicet homines sub nostris temporibus a Deo constitutis gaudeant et Deo auxiliante perhenniter nomen tantȩ dignitatis, de[cus] et commoda ferat. Ideo quia ipso Christo distribuente Petri principis apostolorum vi[cem] gestamus, hoc quod facimus inconvulsum manere volumus, ut nulla la[ica]lis persona seu episcoporum vel clericorum nostris obstet preceptis aut contradicat, ne in multis maledictionibus incurrat.
    Igitur quia postulasti a nobis, Uuifrede dilecte comis, quatinus ȩcclesiam sancti Martini tibi concederemus, ut pro tuorum peccatorum sive tuorum parentum remissione in ea monasteri[um] faceres et de tuis siquidem prediis illȩ sanctae aecclesi[ae] concederes.
    Hec, karissime fili, petitio nobis bona videtur et a[n]nuente [sum]mo regi illa[m] prefatam aecclesiam cum omnibus suis pertinentiis tibi concedimus et apostolica auctoritate confirmamus et eam in perpetuum inconvulsa[m] manere sa[n]ccimus. Concedimus etiam prelibate aecclesie, ut numquam obnoxia sit servituti alterius, est semper sit libera et apostolicis privilegiis exaltata per se in evum maneat sublimata. Quas autem possessiones aut predia seu confinia cum suis omnibus pertinenciis rebusque cunctis hucusque adquisitis vel quas in perpetuum adquisierit, id est predia, villas scilicet, aecclesias [cum] omnibus illorum pertinentiis, parroechias, fundos, casas, casales, cortales, terras cultas vel incultas, campos, silvas, vineas, pr[ata], peccorum pascua, areas, torcularia, aquas, aquarum ductus, vias, molendinos, molendinarios cum suis capudaquis et piscatoriis, cum salinis et clibanis pisceis, omnia adquisita vel adquirenda, ad sancto Martino cenobium in valle Confluenti, in monte Kunigunensi, in pace tenere et possidere sine alicujus inquietudinis damna decrevimus.
    Statuimus autem, ut, quando abbas ipsius monasterii [obi]erit, neque a regibus neque a comitibus neque a qualiscumque persona cupiditatis pecunie causa neque pro qualicumque favoris inanis gloria ibidem constituantur abbates, sed a cunctis ibidem degentibus se[rvi]s Dei secundum Deum [juxta] Benedicti patris regulam eligantur abbates.
    Confirmamus igitur et stabilimus ammodo, ut nullus rex, nullus princebs, nullus marchio, nullus comes, nullus judex, nullus episcopus, nullus abbas aliquam vim vel invasionem ac subjugationem in eodem cenobium aut in suis omnibus pertinentiis facere presumat.
    Pro qua sub divini judicii obtrectatione et anathematis interdictione [p]romulgantes decernimus, ut nulla umquam magna parvaque persona ullo ingenio, cujuscumque sit hordinis, hujus nostri apostolici privilegii ausus sit frangere. Si quis autem, quod non credimus, parvipendens privilegium nostrum disrumpere temptaverit, de parte Dei omnipotentis sanctique ejus apostoli Petri et nostra, qui ejus fungimus vicem, perpetuis, nisi resipuerit, anathematis vinculis obligamus. Si quis autem sancti cenobii hujus adjutor exitens illum, in quo potuerit, elege[r]it, ditaverit et amaverit, hic Dei omnipotentis interventu apostolico repletus benediccione scandere se gaudeat in [virt]ute de virtute. Bene valete !
    [Scriptum] per manus Benedic[ti], no[tarii] reg[ionarii e]t scriniarii [sanctae] Rom[anae] eclesiae, in mense Novanber, [indictione] decima.

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    Sergius évéque serviteur des serviteurs de Dieu.
    Puisque par le consentement et la grâce de Dieu, la conduite tenue par nos prédécesseurs a été de veiller sur les prospérités et les infortunes de tous les hommes et de subvenir à leurs besoins, afin d'extirper ainsi le mal dont leur âme est possédée et d'y corroborer au contraire le bien par des bénédictions apostoliques ; pour ce motif nous, qui portons comme eux la tiare, et qui voulons, en conséquence, suivre leurs traces, afin que tous les hommes, que le Seigneur a fait vivre de notre temps, soient heureux, et, qu'avec le secours de Dieu, le nom d'une si grande dignité porte contiauellement gloire et profit; comme aussi, par une distribution de Jésus-Christ lui-même, nous sommes chargé des fonctions de Pierre, prince des apôtres, nous voulons que ce que nous faisons demeure inébranlable de sorte qu'aucun laïque, aucun évèque, aucun clerc ne porte obstacle ou contradiction à nos ordonnances, dans la crainte de nombreuses malédictions.
    Or, attendu que tu nous as demandé, cher comte Guifre, la concession de l'église de Saint-Martin, afin d'y construire un monastère pour la rémission de tes péchés et de ceux de tes parents, en cédant toutefois à cette sainte église une partie de tes domaines, cette depande, mon très cher fils, nous parait bonne ; et avec l'assentiment du souverain roi, nous t'accordons la susdite église avec toutes ses appartenances, et, par notre autorité apostolique, nous confirmons et sanctionnons qu'elle devra à perpétuité rester inébranlable.
    Nous accordons aussi à cette dite église de n'être jamais soumise à la puissance d'une autre, d'être toujours libre, placée dans un rang élevé par des priviléges apostoliques, et de rester à jamais comblée de gloire par elle même ; quant à ses possessions, ses domaines ou entourages avec toutes ses appartenances, acquises jusqu'à ce jour ou qu'elle acquerra à perpétuité, c'est-à-dire, fermes, maisons de campagnes, églises avec leurs appartenances, paroisses, fonds de terres, cabanes, chaumières, bergeries, terres cultivées ou incultes, champs, forêts, vignes, prés, pacages des troupeaux, aires, pressoirs, eaux, aqueducs, routes, moulins avec leurs meules et prises d'eau, instruments de pêche, avec salines et fours à fabriquer la poix, toutes choses acquises ou devant l'être, nous en avons décrété la possession et la jouissance paisibles, sans la moindre inquiétude, au cloître Saint-Martin dans la vallée du Conflent, sur le mont Canigou. Mais nous ayons statué que lorsque l'abbé de ce monastère viendra à mourir, des abbés n'y seront établis ni par des rois, ni par des comtes, ni par quelque personne que ce soit, pour de l'argent, ni pour la gloire de quelque vaine faveur mais que les abbés y seront choisis par tous les serviteurs de Dieu, vivant en ce monastère, selon Dieu, conformément à la règle de Saint-Benoît. Nous décrétons en conséquence et établissons dès à présent qu'aucun roi, aucun prince, aucun marquis, aucun comte, aucun juge, aucun évêque, aucun abbé, ne prendra sur lui de faire quelque violence, invasion ou asservissement dans ce même monastère ou dans toutes ses appartenances.
    Ainsi en faisant cette promulgation, nous défendons sous la menace d'être atteint par le jugement de Dieu et d'être interdit par l'anathème, à tout personnage grand ou petit, de quelle qualité et de quel ordre qu'il soit, d'oser rien retrancher de notre présent privilége apostolique, et si quelqu'un, ce que nous ne croyons pas, faisant peu de cas de notre privilége, tente de le violer, au nom de Dieu tout puissant, de son apôtre Pierre, et de nous, qui exerçons ses fonctions, nous le chargeons, s'il ne vient à résipiscence, des chaines de l'anathème. Mais si quelqu'un, bienfaiteur de ce saint monastère, l'a selon ses moyens choisi, enrichi et aimé, qu'il soit, par l'intervention de Dieu tout puissant, rempli de la bénédiction apostolique et ait la joie de grandir
    de vertu en vertu.
    Ecrit par les mains de Benoît, notaire régional et archiviste de la sainte Eglise romaine dans le mois de novembre, dixième indiction. Salut.

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    Louis Fabre, "Bulle du pape Sergius IV pour le monastère du Mont-Canigou", in Bulletin de la société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales, t. 24 (1880), p. 299, 301 et 303 [en ligne].

Informations

Acte

Laurent Vallière (CIHAM (UMR 5648)), dans  APOSCRIPTA database

APOSCRIPTA database – Lettres des papes, dir. J. Théry, CIHAM/UMR 5648, éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 79958 (aposcripta-4695), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/aposcripta/notice/79958 (mise à jour : 17/05/2024).