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Excellentissimo domino nostro edwardo

Auteur

Richard of Gravesend

Titre descriptif

Écrit concernant l'excommunication de 14 chrétiens qui travaillaient dans les maisons des juifs

Type de texte

Lettre

Texte

Excellentissimo domino nostro edwardo dei gratia illustri regi anglie domino hibernie et duci aquitanie, r[icardus] eiusdem miseratione lincolnensis ecclesie minister in salutis auctore salutem cum omnia reuerentia et honore. Vestre dominationis celestudini notum facimus per presentes quod cecilia ancilla mossi iudei in ballio lincolnensis, rena ancilla iossi iudei in ballio predicto, cecilia nutrix hakke iudei in parrochia sancti michaelis contra montem lincolnensis, emma nutrix hakke de prouincia eiusdem parrochie, alicia ancilla iossi gaban, malcota ancilla florkote iudei eiusdem parochie, emma ancilla markote iudei dicte parrochie, robertus serviens hagin iudei ad forum pellium, matildis nutrix denlacrese iudei ad forum pellium, emma ancilla benedicti de heydon, alicia ancilla samme capellani iudei ad forum pellium, betona ancilla abraham de staumford iudei de parrochia sancti martini linconiensis, matilda filia hugonis belger et margeria scot ancille manncelot eiusdem parochie, maioris excommunicationis sententia auctoritate ordinaria sunt innodati in qua per quadragesima dies et amplius perseuare pernaciter presumsperunt claues ecclesie dampnabiliter contempnendo. Quocirca vobis deuocuis supplicamus quatinus ad eorum pertinaciam reprimendam iuxta regni vestri consuetudinem magestatis vestre dexteram extendere velitis valeat semper in domino vestra serenitas ueneranda. Datum apud bannebyrii ii non junii anno domini m cc lxx octauo.

Langue

Latin

Source du texte original

The National Archive, Kew (UK)

Datation

  • Date fixe : 04/06/1278

Aire géographique

Traduction française

À notre très excellent maître Edouard, par la grâce de Dieu illustre roi d’Angleterre, maître d’Irlande et duc d’Aquitaine, Richard par la miséricorde du même ministre de l’église de Lincoln, au nom de l’auteur du Salut, salut avec tout mon respect et honneur. Nous faisons connaître à votre céleste majesté par la présente lettre que Cécilia, servante de Moïse, juif de la ville de Lincoln, Rena servante de Moïse, juif de la même ville, Cecilia nourrice au service de Hakke, juif dans la paroisse de Saint-Michel du Mont, Emma nourrice au service de Hakke, de la même paroisse, Alicia servante de Moïse dans la même ville, Malcota servante de Storkote, juif de la même paroisse, Emma servante de Markote, juif de la même paroisse, Robert serviteur de Hagin, juif [de la paroisse de St. Pierre] du marché aux peaux ; Matilda nourrice au service de Denlacrese, juif du marché aux peaux, Emma servante de Benedict de Heydon, Alicia servante de Gamme le Chapelain, juif du marché aux peaux, Betona servante d’Abraham de Staumford, juif de la paroisse de Saint Martin de Lincoln, Matilda fille de Hugues Belger et Margeria Scot servantes de Manncelot, de la même paroisse, sont placés par notre autorité épiscopale sous une sentence d’excommunication majeure sous laquelle pendant quarante jours et au-delà ils ont prétendu obstinément persévérer en méprisant honteusement les clés de l’église. C’est pourquoi afin de réprimander leur obstination nous vous supplions avec dévotion de vouloir étendre la main droite de votre majesté conformément à l’habitude de votre règne. Que toujours votre vénérable altesse sérénissime se porte bien dans votre royaume. Donné à Banbury, le deuxième jour des nones de juin, en l’an 1278 de notre seigneur.

Source traduction française

C. Chauvin

Résumé et contexte

Richard de Gravesent, évêque de Lincoln, écrit au roi Édouard d’Angleterre, concernant quatorze personnes (treize femmes et un homme) qui étaient employés comme serviteurs dans des maisons juives. Il nomme chacun d’eux et les juifs pour qui ils travaillaient, identifiant les paroisses dans lesquelles ces juifs vivaient. Richard informe le roi qu’il a prononcé une sentence d’excommunication contre les quatorze personnes, et qu’ils ont continué pendant quarante jours à travailler pour lesdits juifs, au mépris de l’évêque. Incapable de les poursuivre en justice, Richard se tourne vers le roi et lui demande « d’étendre la main droite de sa majesté », i.e., d’user du pouvoir royal de coercition afin de punir les excommuniés. Cependant Richard a manqué d’inclure une clause standard demandant au roi d’ordonner que le shérif emprisonne les malfaisants. Nous n’avons aucune trace d’une réponse et nous ne pouvons donc pas savoir si l’un de ces quatorze a été puni ou s’ils ont continué à vivre et à travailler dans les maisons des juifs. 1

1 . Merci à Philippa Hoskin pour son aide dans la transcription et l’interprétation de ce document.

Signification historique

L’interdiction pour les juifs d’avoir des serviteurs chrétiens a souvent été réitérée dans les lois canons des XIIème et XIIIème siècles, particulièrement dans les bulles papales et les conciles ecclésiastiques. Elle suit le principe général selon lequel les infidèles ne doivent exercer de pouvoir ou d’autorité sur les chrétiens. On craignait également que les chrétiens, surtout les femmes, qui travaillaient et vivaient dans les habitations des juifs, soient vulnérables, susceptibles aussi bien d’avoir des relations sexuelles avec des juifs que de faire acte d’apostasie. La constante réitération de pareilles interdictions indique que la pratique en était encore fréquente. Parce que l’Église n’avait aucun pouvoir pour obliger les juifs à obéir à ces restrictions, ils font usage de leur autorité soit pour interdire aux chrétiens d’avoir commerce avec des juifs qui emploient des serviteurs chrétiens ou pour excommunier les serviteurs. Alors que la menace de l’excommunication a été maintes fois évoquée, un écrit d’excommunication comme celui-ci, nommant les serviteurs excommuniés et les juifs pour lesquels ils travaillaient, est très rare.

Manuscrits

  • Archive Nationale, Kew, dossier C 85⁄99 : significations de la chancellerie de l'excommunication. Le dossier contient 59 bandes de parchemin, la plupart très petites, datées de 1271-9.
  • L'écrit constitue le document n°42 dans ce dossier : une petite pièce de parchemin (184 x 98 mm), avec des lanières pour attacher le sceau et des traces de cire verte. Le texte est écrit au recto, avec rien d'autre au verso.
  • http://discovery.nationalarchives.gov.uk/SearchUI/browse/C4061218?v=h

Etudes

  • R. Mundill, “Out of the Shadow and into the Light – the Impact and Implications of Recent Scholarship on the Jews of Medieval England 1066–1290”, History Compass 9 (2011), 572–601.

Mots-clés

excommunication ; Juifs/Judaïsme ; serviteurs

Auteur de la notice

John   Tolan

Collaborateurs de la notice

Claire   Chauvin  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°252635, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252635/.

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