./.

Forum Conche[XI, 19]

Auteur

Alfonso VIII

Titre en français

Fuero de Cuenca

Titre descriptif

Prix du sang du maure serf

Type de texte

fuero

Texte

De eo qui maurum percuserit alienum. « Si quis maurum percusserit alienum, pectec pro eo quinque solidos, qui eum occiderit quimdecim aureos, et si redemptionis fuerit, et dominus fideiussores pro redemptione iam tenuerit et firmare potuerit sicut forum est, occisor pectet promissam redeptionem: pro alio, siue sit ministerialis, siue non, non pectet nisi quindecim aureos, ut dictum est.

Langue

Latin

Source du texte original

R.Ureña y Smemjaud, Fuero de Cuenca, (Madrid, 1935), 314

Datation

  • Entre 1189 et 1190
  • Précisions : Le Code de Cuenca est un des plus anciens codes municipaux européens. L'original du Fuero donné par Alphonse VIII n'a pas été préservé. La plus ancienne version de ce code est le manuscrit de la Bibliothèque de l'Escorial (MS.Q.III.23) utilisé dans l'édition critique d'Ureña , datée de la première moitié du XIIIe siècle. Aussi, ont été préservées autres copies du final du XIIIe siècle en latin et romance ainsi que de nombreuses copies faites pour les autres villes de l'Extrémadure Castillane, La Mancha et l'Andalousie avec quelques variations par rapport au texte original. Le code pourrait être donné a la ville de Cuenca par Alphonse VIII en 1189-1190, il est un synthèse de la politique royale combinant les traditions locales et islamiques frontalières.

Aire géographique

  • Regne de Castile et León.

Traduction française

Si quelqu’un blesse le maure d’autrui, il doit payer cinq solidi, celui qui le tue quinze maravédis, mais s’il s’agit d’un Maure destiné à l’échange de prisonniers et que son propriétaire a déjà un garant pour le rachat et qu’il peut le confirmer selon ce qui est établi dans le Fuero, celui qui a tué le Maure doit payer le rachat promis ; pour un autre Maure, qu’il soit ou non domestique, il ne devrait pas payer plus de quinze aurei, comme cela a été dit.

Source traduction française

M.Bueno

Résumé et contexte

Les maures qui avaient l’infortune d’être capturés lors d’une bataille ou après un siège étaient habituellement réduits en esclavage. Ils servaient parfois pour des échanges, et parfois aussi comme serviteurs habitant la maison du propriétaire. Cela conduisit à la coexistence de musulmans esclaves et de chrétiens dans les villes de la frontière, et parfois également à des tensions entre eux, déclenchant des épisodes de violence.1

Cette loi décrit une situation dans laquelle un serviteur maure et des maures servant pour l’échange de prisonniers étaient blessés ou tués, avec différentes amendes dans les deux cas. D’un côté, pour des serviteurs maures, l’agresseur devait payer une amende entre cinq solidi et quinze aurei selon les dommages ; si l’agresseur tuait un maure destiné à l’échange de prisonniers, il devait payer le prix promis au propriétaire du maure.

1 . J. M. Calderón Ortega y F. J. Díaz González, Vae victis. Cautivos y prisioneros en la Edad Media hispánica (Madrid:Universidad de Alcalá de Henares, 2012) 119-127.

Signification historique

Le traitement légal des prisonniers qui étaient blessés ou tués était un sujet courant dans la loi romaine.1Pendant la période romaine, la captivité signifiait la mort civile, et les prisonniers étaient considérés comme esclaves avec un statut légal spécifique : ils n’avaient aucune capacité légale, ils n’étaient qu’une res, une simple chose.(Digestum, 1,5,5,1).

Tuer un esclave n’était pas considéré comme un crime, mais le meurtrier devait une compensation à son propriétaire. Dans le Code Théodosien également, l’esclavage était considéré comme la mort civile de la personne, mais le meurtre intentionnel d’un esclave constituait un homicide (Code Théodosien, 9,12,2).

Dans le contexte de guerres et de sièges dans les cités castillanes entre le XIIème et le XVème siècle, les guerriers musulmans et la population civile pouvaient perdre leur liberté et être considérés comme des captifs avec un statut spécial. Cette situation n’était pas nouvelle en Ibérie médiévale, où le traitement des captifs était bien développé dans la loi malikite en Al-Andalous.2

La situation d’un captif était précaire, en tant que personne qui avait perdu sa liberté. Ils disposaient de certains droits, comme la possibilité de construire une famille avec leurs propres biens, mais ils étaient toujours considérés comme part de l’héritage des seigneurs chrétiens ou des ordres militaires, comme le montre ce document de 1280 du maître de l’ordre de Sainte Marie d’Espagne à l’évêque de Jaén, lui rappelant les droits qui lui avaient été accordé par le roi concernant « les propriétés vacantes, les maures, les chevaux… »3

Dans le cas de l’agression d’un captif maure, leurs propriétaires devaient être rémunérés par l’agresseur afin de restaurer son héritage. La valeur d’un musulman ne venait pas de sa condition humaine, mais de son statut comme propriété d’un chrétien, en lien dans ce cas avec l’ancienne tradition romaine. Cette loi du code de Cuenca influença tous les autres codes qui furent dérivés d’elle, comme Alarcon et Alcaraz, Heznatoraf, Baeza, et Soria, qui établit des punitions similaires comme prix du sang de captifs.

1 . Y. Rotman, Les esclaves et l’esclavage : de la Méditerranée antique à la Méditerranée médiévale : VIe-XIe siècle( Paris, 2004).

2 . F. Vidal Castro, « Los prisioneros de guerra en manos de musulmanes : la doctrina légal islámica y la práctica en al-Andalus (s.VIII-XIII) », M. Fierro, F. Garcìa Fitz, El Cuerpo derrotado : Como trataban musulmanes y cristianos a los enemigos vencidos (Península Ibérica ss. VIII-XIII) (Madrid, 2008) 485-507.

3 . Archivo Municipal de Úbeda, carpeta 4,3. Cit. C. Argente, « Los cautivos entre la frontera entre Jaén y Granada », Relaciones exteriores del Reino de Granada IV del Coloquio de Historia Medieval Andaluza . coord. C. Segura Graíño (Almería, 1988), 211-225.

Manuscrits

  • Le Fuero original donné par Alphonse VIII n'a pas été préservé. La plus ancienne version de ce code est le manuscrit de la Bibliothèque du Escorial (MS.Q.III.23) utilisé dans l'édition critique d'Ureña , datée de la première moitié du XIIIe siècle. Aussi, ont été trouvées autres copies des XIIIe et XIVe siècles: manuscrit de Paris Ms. 12927 (latin, la version originale), et les versions en roman du Codice Valentino (Ms.39 B. Université de Valence) et la version Conquense (XIV siècle, Cuenca Archives municipales).

Editions

  • G.H. Allen, Forum Conche, (Cincinati,1909-1910).
  • R.Ureña y Smenjaud, El Fuero de Cuenca (Formas primitiva y sistematica/texto latino, texto castellano y adpatacion del Fuero de Iznatoraf, (Madrid, 1935).

Traductions

  • J.F.Powers, The Code of Cuenca. Municipal Law on the Twelfe-century castillian frontier, (Philadelphia, 2000)
  • A. Valmaña Vicente, El fuero de Cuenca, 2nd ed. (Cuenca ,1978).

Etudes

  • J. M. Calderón Ortega y F. J. Díaz González, Vae victis. Cautivos y prisioneros en la Edad Media hispánica (Madrid:Universidad de Alcalá de Henares, 2012)
  • R. Roldán Verdejo, Los delitos contra la vida en los Fueros de Castilla y León (Universidad de la Leguna, 1978).
  • F. Vidal Castro, « Los prisioneros de guerra en manos de musulmanes : la doctrina légal islámica y la práctica en al-Andalus (s.VIII-XIII) », M. Fierro, F. Garcìa Fitz, El Cuerpo derrotado : Como trataban musulmanes y cristianos a los enemigos vencidos (Península Ibérica ss. VIII-XIII) (Madrid, 2008) 485-507.

Mots-clés

Captifs ; esclaves ; Prix du sang

Auteur de la notice

Marisa   Bueno

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  relecture -corrections

Claire   Chauvin  :  relecture -corrections

Comment citer cette notice

Notice n°252461, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252461/.

^ Haut de page