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שאלת ראובן נשא אשה בת טובים[1:205]

Auteur

Adret, Solomon ben Abraham (Rashba)

Titre en français

Question sur Reuben qui épousa une femme née dans une famille honorable

Titre descriptif

La communauté juive, doit-elle contraindre un homme marié à répudier sa concubine d'origine non-juive?

Type de texte

Responsum

Texte

שאלת ראובן נשא אשה בת טובים וילדה לו בת. ואחר כך תקפו יצרו וקנה שפחה ונתעברה ממנו שלא בקידושין. וקודם שילדה גיירה ואחר שילדה לא פירש ממנה ולא שב מדרכו הרעה. ועודנו מחזיק ברשעתו ונתעברה לו פעם שנית. ובעט באשתו ושנאה על לא חמס בכפיה וגם את בתו מאשתו ראשונה. הודיעני אם חייבין הקהל למחות בידו ולגרש את האמה הזאת אפילו אם קדשה. ואם נהגו באחת מן המקומות שלכם לגדור ולעשות תקנו' על כיוצא בזה שלא ישא שום אשה אחרת על אשתו. הודיענו היאך הדין ואיך ראוי לקהל לנהוג על ענין כזה. תשובה שנינו ביבמות פרק כיצד (דף כ"ד ב'). הנטען מן השפחה ונשתחררה מן הנכרית ונתגיירה לא יכנוס ואם כנס לא יוציא. ומיהו לכתחלה לא יכנוס דלזות שפתים איכא ומכוער הדבר. גם כי חשש יש בזו שלא נתגיירה לשם שמים אלא כדי שתנשא לזה ועצת חטאין יש ביניהן. וכל שכן זה שהרחיק האהובה בנשואיה וכנס את זו השנואה שהכל יודעין כלה זו למה נכנסה לחדר ואין מן הראוי לירש שפחה גבירתה. ונשואין כאלו גורמין להביא לעולם בנים סוררין ומורין. ועל כן נסמכה פרשת סורר ומורה לוראית בשביה אשת יפת תואר ולכי תהיינה לאיש שתי נשים האחת אהובה וגו'. ואשר אמרת אם יש תקנה בינותינו על כיוצא בזה ושלא ישא איש אשה אחרת על אשתו. חס ושלום לא פרץ שום אדם כיוצא בזה בינותינו. ואפי' קל שבקלים להתעולל /אולי צ"ל להתהולל/ ביד רמה עם השפחה ולגיירה ולישא וכל שכן להרחיק מחמתה אשת חיקו. ועל כיוצא בזה מזבח מוריד דמעות. וכבר משנים קדמוניות החרים הגאון רבינו גרשום מאור עיני גולה ז"ל כל מי שישא אשה על אשתו. ואפילו בת זוגה של אשתו הכשרה וכל שכן כזו. ושנים ושלשה היו בארצות האלו שנשאו אשה על אשה ראשונה מחמת שלא היו להם תולדות מן הראשונה. ועם כל זה לא עשו אלא לאחר כמה פיוסין. ועם כל זה לא ראינו באחד מהם שעלה זיווגם יפה. וקהלכם המקודש אשר יצא להם שם בארצות הקודש איך יתנו יד לכיוצא בזה לשלוח הבחורים בעולתה ידיהם וילמדו הרבים להקל בבנות אברהם. וראוי לקהל חסידים וחכמים ונבוני דבר כמותם להכריחו להשיב אשתו ראשונה ולעשות סייג לדבר

Langue

Hébreu

Source du texte original

Sefer she'elot u-teshuvot ha-Rashba (Jerusalem, 2000), via The Responsa Project of Bar-Ilan University.

Datation

  • Entre 1235 et 1310

Aire géographique

Traduction française

Question sur Reuben qui épousa une femme née dans une famille honorable, et elle donna naissance à sa fille. Après cela, son mauvais instinct le conduit à acheter une servante, et elle tomba enceinte de son maitre hors du mariage. Elle se convertit au judaïsme avant de donner naissance à son enfant. Après la naissance de son enfant, cet homme ne se sépara jamais d’elle et il ne s’écarta pas de sa mauvaise voie. Jusqu'à présent, il fait ce qui est mal, et sa concubine tomba enceinte pour la deuxième fois. Il rejeta sa femme et il la haït en méprisant ses caresses et il abandonna sa fille née de sa première épouse. Veuillez me dire si la communauté doit le prévenir contre le péché et contraindre cet homme de répudier cette femme convertie même s’il l’a épousé légalement? Y a-t-il quelque part chez vous une loi pour les cas similaires qui prévient toute personne mariée d’épouser d’autres femmes? Veuillez nous dire quelle est la loi et comment la communauté, doit-elle agir dans ce cas? Réponse. Nous avons étudié dans Yevamot, dans le chapitre qui commence par le mot «Comment» comme suit (le Talmud de Babylone, Yevamot 24b): si un homme est soupçonné des rapports sexuels avec un esclave qui fut affranchie plus tard ou avec une femme non-juive qui ensuite se convertit, il ne doit pas l’épouser. Si néanmoins il l’épousa, il ne faut pas les séparer. Un homme qui s’engage dans les relations sexuelles avec une telle femme sans intention de l’épouser franchit les limites, et c’est horrible. On peut soupçonner qu’elle se convertit pas pour le royaume des cieux, mais pour se marier avec cet homme-là, et il existe un complot entre eux. D'autant plus qu’il rejeta sa femme bien-aimée et se procura cette maîtresse odieuse concernant laquelle tout le monde sait «pourquoi l’épouse entre dans la chambre», et puis il est indigne d’une servante d’hériter de sa maîtresse (paraphrase des Proverbes 30:23). Une telle union donne naissance aux fils indociles et rebelles (paraphrase Deutéronome 21:18). Dans le chapitre qui commence par les mots «Un fils indocile et rebelle» (Deutéronome 21:10-25:19), le passage du texte portant sur un homme qui voit entre les captifs une belle femme est juxtaposé au passage portant sur un homme qui eut deux femmes, l'une qu'il aime et l'autre qu'il n'aime pas. Concernant ta question s’il y a une loi chez nous qui s’applique dans des cas semblables, qui interdit à un homme marié d’épouser une autre femme: Dieu nous en garde, aucun d'entre nous n'a jamais fait un tel délit. Même le plus indigne juif [ne] se tournera vers le mal avec une servante au point qu’il puisse la convertir et l’épouser et ce d'autant plus qu’il puisse rejeter sa femme bien-aimée. Dans des cas semblables l’autel le pleure (le Talmud de Babylone, Gittin 90b). Depuis les temps anciens, le grand rabenu Gershom qu’on appelle la lumière des yeux en exil, de mémoire bénie interdit qu’un homme marié épouse une autre femme même celle qui soit égale à son épouse légale d’autant plus qu’une telle [servante]. Il y eut deux ou trois personnes dans ce pays qui épousèrent d’autres femmes en étant mariés, parce qu’ils ne purent pas engendrer une postérité avec leur premières épouses. Même dans ces circonstances ils ne le firent qu’après avoir été persuadés quelque fois. Cependant, aucun d’eux ne fut jamais heureux en mariage. Comment votre communauté sainte ayant une bonne réputation dans les terres saintes puisse-t-elle tendre la main (Psaumes 125:3) pour envoyer des jeunes hommes pour commettre un tel délit et pousser les rabbins d’instruire la communauté sur des femmes converties de cette manière? Il faut qu’une communauté des gens vertueux, sages et intelligents comme vous contraigne cet homme à reprendre sa femme et à prendre garde [à ne plus commettre un tel délit].

Source traduction française

N.Koryakina

Résumé et contexte

Ce texte porte sur un conflit qui eut lieu dans une communauté inconnue en Catalogne quand un de ces membres demanda la répudiation de sa femme, parce qu’il voulut se marier avec une femme d’origine non-juive qui fut autrefois son esclave et qui se convertit au judaïsme après être tombée enceinte de cet homme-là. L’intention de briser les relations entre un home marié, juif d’origine, et sa concubine prosélyte montre, entre autres choses, un statut social inférieur des convertis dans les communautés juives en comparaison avec d’autres membres de la communauté.

Signification historique

Ce responsum contient un raisonnement qui met en doute la validité de la conversion faite par la femme esclave qui est mentionnée dans le texte. Son union avec un juif marié est déclarée absolument illégale. Bien que l'interdiction de la polygamie imposée par Rabbeinu Gershom (en 1000 environ) se répandit en Catalogne, elle ne fut pas acceptée par toutes les communautés de la région. Cependant, au lieu de pousser le couple au divorce ou la répudiation légale pour sauver la réputation de cette femme, Rashba proposa de briser les relations illégales par dissolution du couple et restaurer le mariage des époux juifs. Le texte donne des preuves de l’intervention de la communauté dans la vie privée de la personne au nom de la loi et la moralité juive comme moyen de régler la situation. Dans ce cas, l’intervention eut pour but le soutien pour la femme légale de ce juif qui fut contre le divorce. Bien que le texte ne dit pas si la femme non-juive était chrétienne ou musulmane, elle était presque certainement musulmane, car il est difficile d'imaginer que les autorités civiles et ecclésiastiques en Catalogne permettrait à un homme juif de posséder un esclave chrétien, de la convertir au judaïsme et l'épouser.

Etudes

  • B. Blumenkranz, Juifs et chrétiens dans le monde occidentale 430-1096 (Paris-Louvain: Peeters, 2006), 210-230.
  • H. Hames, "A Jew amongst Christians and Muslims: introspection in Solomon ibnAdret’s response to ibn Hazm", Mediterranean Historical Review, Vol. 25, No. 2, (Routledge, December 2010), 203–219.
  • N. Roth, Daily life of the Jews in the Middle Ages (Westport: Greenwood Publishing Group, 2005), 181-187.

Mots-clés

affranchissement ; communauté ; conversion au judaïsme ; esclaves ; Juifs/Judaïsme ; mariage ; relations sexuelles

Auteur de la notice

Nadezda   Koryakina

Comment citer cette notice

Notice n°252377, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252377/.

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