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תקנות קנדיאה[E. Artom and U. Cassuto, eds., Taqqanot Qandiya ve-Zikhronoteha (Jerusalem, 1943).]

Auteur

Elijah Capsali et al.

Titre en français

Taqqanot Qandiya (Les ordonnances de Candia)

Titre descriptif

Ordonnance : il ne faut pas voler les gentils (en affaires)

Type de texte

Taqqana

Texte

גדר לא לגזול לגוים עוד הסכמנו שמכאן ולהבא שום אחד מבני קהלתנו, קטן וגדול שם הוא, לא יהא רשאי לשקר לגוים ולגנוב דעתם, הן במה שקונים מהם היהודים, הן במה שמוכרים היהודים להם, כי המשקרים לגוים וגונבים מהם מחללים ה' בגוים, והנביא צווח שארית ישראל לא יעשו עולה ולא ידברו כזב, וכבר אמרו רז''ל על עון חלול ה' שהוא חמור מכל העבירות, ואמרו גם כן חז''ל אין מקיפים בחלול ה' וי''י יברך את עמו בשלום

Langue

Hébreu

Source du texte original

E. Artom and U. Cassuto, eds., Taqqanot Qandiya ve-Zikhronoteha (Jerusalem, 1943), no. 23, page 13.

Datation

  • Entre 1228 et 1350
  • Précisions : Il s'agit d'une reformulation en prose d'un texte composé à l'origine en vers rimés en 1228. Aucune date n'est précisée mais il a clairement été élaboré avant la réforme commune de 1363. Artom et Cassuto (introduction, p. 8) affirment que la révision en prose a probablement été rédigée dans la première moitié du XIVe siècle.

Aire géographique

  • Crète
  • Candia (l'actuel Iraklion), Crète

Traduction française

Ordonnance de ne pas voler aux gentils. Nous avons convenu que, par la suite, personne de notre communauté qu'elle soit grande ou petite, ne sera autorisé à mentir aux gentils ou à les escroquer. Cette règle s’applique à ce que les juifs achètent auprès de gentils et à ce que les juifs leur vendent, car tous ceux qui mentent aux gentils et les volent profanent le nom de Dieu. Le prophète a crié : « Les restes d'Israël ne commettront point d'iniquité, ils ne diront point de mensonges ». 1 Ainsi les rabbins de mémoire bénie ont déjà dit que le péché de profanation du nom de Dieu est le pire de tous les péchés (Mishnah Avot 4:4, cf. Mishnah Yoma 6). Ainsi les sages de mémoire bénie ont dit : « Si on ne s’entoure pas de la profanation du Nom de Dieu, Dieu bénira son peuple avec la paix » (Le Talmud de Babylone, Kiddushin, 40a).

1 . La paraphrase de Sophonie 3:5.

Source traduction française

Nadezda Koryakina

Résumé et contexte

La Crète à l'époque vénitienne hébergeait une communauté juive significative d'origine gréco-byzantine et de nombreux immigrants juifs venus de Méditerranée et d'Allemagne. À partir de 1228, les responsables de la communauté promulguèrent des ordonnances qu'ils considéraient comme nécessaires pour maintenir les standards de la communauté sur les plans moral, religieux et social. Ce texte constitue l'une de ces ordonnances qui, collectivement, forment l'ouvrage connu sous le nom de Taqqanot Qandiya. L'ordonnance est une version réécrite, en prose, de l'une des dix ordonnances prises par les communautés juives de Crète au cours du mois d'Elul 4988 (fin de l'été 1228 selon le calendrier séculier). Ces dix ordonnances originales furent composées en vers rimés. Par la suite, sans doute durant la première moitié du XIVe siècle, un certain Rabbi Tzedaqah, inconnu par ailleurs, a réécrit les ordonnances en prose, en en changeant en même temps l'ordre et en fournissant un peu plus d'éléments contextuels. Cette ordonnance qui était la troisième dans la série originale de dix, devint alors la numéro 10. Elle insiste sur le fait que les juifs ne doivent pas tromper les chrétiens (les chrétiens aussi bien latins que grecs, dans le contexte crétois) lorsqu'ils sont engagés dans des relations d'affaire avec eux. Les raisons expliquant ce décret sont à chercher dans l'inquiétude portant sur la déconsécration du nom de Dieu (("hillul hashem"), expression qui fait en réalité référence à la ruine de la réputation des juifs aux yeux des non-juifs.

Signification historique

Bien que Venise n'ait capturé et installé ses propres colons en Crète qu'en 1211, en 1228 les juifs de l'île étaient déjà bien établis dans les affaires. Les juifs vivaient sur l'île depuis des siècles avant que ne commence la période vénitienne 1 et s'étaient depuis longtemps installés dans de nombreuses zones commerciales ; ils participaient notamment au commerce du cuir (comme teinturiers et tanneurs) et prenaient une part active au commerce des produits alimentaires dans le bassin méditerranéen. Cette ordonnance confirme la régularité avec laquelle juifs et chrétiens passaient des accords commerciaux en Crète et montre que, pour les auteurs de ce document qui étaient issus de milieux élitistes, maintenir une bonne réputation était essentiel pour assurer la permanence de relations cordiales entre ces communautés religieuses. Ce texte suggère aussi que les juifs de cette communauté avaient pu escroquer leurs partenaires commerciaux chrétiens en utilisant la différence de religion comme un prétexte. Il est aussi important de noter que la question "éviter hillul hashem" est récurrente dans les Taqqanot Qandiya.

1 . Pour une vue d'ensemble de la vie juive en Crète à partir du Xe siècle, voir David Jacoby, “Jews and Christians in Venetian Crete”, 246-248

Manuscrits

  • Jérusalem - The National Library of Israel Ms. Heb. 28°7203

Etudes

  • D.Jacoby, “Jews and Christians in Venetian Crete: Segregation, Interaction, and Conflict,” in U. Israel, R. Jutte, and R. Mueller, eds. “Interstizi”: Culture ebraico-cristiane a Venezia e nei suoi domini dal Medioevo all’Età Moderna (Rome, 2010), 243-279.

Mots-clés

autonomie communautaire ; commerce ; gentil ; Juifs/Judaïsme ; marchand ; tromperie ; Vol

Auteur de la notice

Rena   Lauer

Collaborateurs de la notice

Laurence   Foschia  :  traduction

Nadezda   Koryakina  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°252258, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252258/.

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