Adret, Solomon ben Abraham (Rashba)
Une autre question
Un boucher gentil, serait-t-il autorisé de manipuler la viande qu'on prépare pour les juifs?
שאלת עוד טבח השוחט בהמות של קצב גוי ומניח הבהמות ביד הגוי בין שחיטה לבדיקה. והגוי יכול להכניס ידו דרך בית השחיטה ולמשמש בכל חלקי הריאה. אם מותרות אם לאו? תשובה במקום שראינו הטבחים מורגלין /דרגילים/ ובקיאין בכך מסתברא שאסור. ומעשה היה במקומנו אפילו בטבחים ישראלים והעברנום. אבל מן הסתם יראה שמותר בדיעבד. משום דבדיקת ריאה דרבנן דחזקת בני מעיין כשר. ובדיעבד מן הספק אין אוסרין אותה. ולא גרע מזאב שנטל בני מעיה והחזירתן כשהן נקובין דכשרה. וכל שכן הכא דאיכא תרי ספקי /ספק ספיקא/. ספק הכניס ידו ספק לא הכניס. ואם תמצא לומר הכניס שמא לא מצא סירכא ולא שבר
Teshuvot ha-Rashba , via The Responsa Project of Bar-Ilan University.
Encore une question. Un abatteur [juif] tue les bestiaux pour un boucher gentil. Il permet au gentil de manipuler la viande après l’abattage et avant l’inspection de la viande. Le gentil peut mettre sa main dans la plaie et pénétrer dans toutes les parties des poumons. La viande, serait-elle propre pour la consommation ou pas ? Réponse. Il semble qu’il soit interdit de consommer une telle viande dans les endroits où on sait que les bouchers se furent accoutumés à cela et connaissent ce qui se fait. Si cela arrive chez nous, même avec les bouchers juifs, la viande sera considéré impropre. Mais il semble que la viande puisse être considérée propre à la consommation a posteriori, car l’inspection des poumons fut imposée par les rabbins [et non pas par la Torah], et nous dirigeons sur la supposition que les entrailles furent en bon état. On ne défend pas de consommer une telle viande à posteriori, parce qu’il est douteux si elle fut propre à la consommation ou pas. On n’interdit pas de consommer la viande si un loup emporta des intestins [d’une bête] et puis les ramena avec perforations (Le Talmud Babylonien, Hullin, 9a), parce qu’on part du principe que la viande fut propre à la consommation. Dans ce cas cette règle s’applique à fortiori, parce qu’il existe deux raisons de douter. Il est douteux que le gentil ait mis sa main dans la plaie, et il est douteux qu’il ne l’ait pas mise. Si tu affirmes que le gentil mit [sa main dans la plaie sur le cou de la bête égorgée], qu’est-ce que tu diras s’il n’y avait pas d’adhésion ni perforation trouvée là ?
N.Koryakina
Selon la Torah, tout animal qui rumine et dont la corne est fendue est pur (Lévitique, 11:3-4; Deutéronome, 14:6-7). Les règles alimentaires de la Bible n'empêchent pas aux juifs de consommer la viande des animaux licites égorgés par les non-juifs, si ces animaux furent vidés de sang. La Mishnah interdit la consommation de la viande préparée par les gentils. Le Talmud donne une description détaillée de l'abattage rituel selon la loi juive. Les poumons des animaux doivent être inspectés après l’abattage pour voir s’il y a des défauts qui puissent rendre l’animal impropre à la consommation. Un inspecteur cherche des adhésions attachées aux poumons (sirkot) lorsque les poumons restent dans leur position initiale. Dans ce responsum il s’agit d’une intervention hypothétique d’un boucher non-juif dans l’inspection des organes internes des animaux abattus.
Ce responsum prouve l'existence des boucheries qui offrirent des services aux juifs et aux chrétiens. L’opinion de Rashba (qui suivit probablement Maïmonides) est opposée au point de vue de Rabad (Teshuvot u-psakim, 95) qui maintint que faute de nombreux raisons qui pourraient rendre la viande impropre à consommation à la suite de défauts qu’on trouve sur les poumons, on ne peut pas considérer la viande propre à consommation si les poumons ne soient pas examinés. Après, ces opinions opposées furent soutenues par différentes autorités rabbiniques.
alimentation ; Juifs/Judaïsme ; viande
Notice n°252255, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252255/.