Code théodosien
Interdiction des sacrifices nocturnes préalablement autorisés par Magnence
Idem A. (Constantius II) ad Cerealem P(raefectum) U(rbi). Aboleantur sacrificia nocturna Magnentio auctore permissa et nefaria deinceps licentia repellatur. Et cetera. Dat. VIIII kal. dec. Constantio A. VI et Caes. II conss.
Th. Mommsen & P. Meyer, eds., Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes (Berlin, 1905).
Le même Auguste (Constance II) à Cerealis, préfet de la Ville. Que soient abolis les sacrifices nocturnes permis par la décision de Magnence et qu'à l'avenir, cette liberté impie soit repoussée. Etc. Donné le 9 des calendes de décembre sous le consulat de Constance Auguste pour la 6e fois et de (Constance) César pour la 2e fois (23 novembre 353).
L. Foschia, Le polythéisme grec dans l'Antiquité tardive : étude des cultes et sanctuaires de Grèce continentale (fin du IIIe-VIIe siècle). Thèse de doctorat inédite soutenue à Paris IV en 2006.
Si l'on interdit ici les sacrifices nocturnes, c'est parce qu'ils étaient secrets et pouvaient s'avérer "antisociaux". Ils tenaient en quelque sorte de la "superstitio", i. e. de rituels païens d'une part excessifs, d'autre part échappant à toute surveillance officielle, de la part des fonctionnaires impériaux. Ils sont condamnés car incontrôlables. L'empereur usurpateur Magnence (352), partisan du paganisme, avait dû autoriser ces pratiques, même si les textes de lois en question ne sont pas parvenus jusqu'à nous. L'ensemble de ses actes avait déjà été aboli le 6 septembre 353 (9, 38, 2). C'est par inattention que les rédacteurs ont mis le nom de Magnence dans cette constitution sans tenir compte de sa damnatio memoriae.
Fl. Magnus Magnentius (PLRE I, 532) est un prince d'origine germanique et de religion païenne. Devenu protecteur puis comte des affaires militaires avant 350, il devait commander les légions palatines stationnées en Italie. Proclamé Auguste en janvier 350 par des conjurés dirigés par le "comes rerum priuatarum" Marcellin, il est contraint au suicide en 353. Les problèmes posés par la célébration de sacrifices nocturnes étaient loin d'être inédits. Sans remonter au scandale des Bacchanales en 186 av. J.-C., rappelons que Cicéron condamnait les rites nocturnes, spécialement ceux qui admettaient des femmes (De Legibus II, 9, 14-15). En prétextant des dérives et même des crimes liés aux fêtes en l'honneur de Bacchus, il semble que le Sénat ait monté soigneusement une affaire apte à provoquer le scandale et à justifier la condamnation des initiés. Les Bacchanales suscitaient la réprobation des Romains à cause du caractère trop exotique et "non-conformiste" des cérémonies de cette secte orientale, mais aussi parce qu'elles mettaient en pratique un renversement de l'ordre social jugé dangereux par les autorités qui s’efforçaient de faire de la religion un élément de cohésion. De plus, les règles cultuelles de ces associations privées s'opposaient à celles de la religion publique. À partir de 186, la célébration du culte bachique devient sévèrement contrôlée.
paganisme ; sacrifice ; superstition
Jessie Sherwood : traduction
Notice n°1111, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait1111/.