Code Théodosien
Interdiction de contraindre les chrétiens à participer aux sacrifices pour les anniversaires impériaux
Idem (Constantinus) A. ad Helpidium. Quoniam conperimus quosdam ecclesiasticos et ceteros catholicae sectae seruientes a diuersarum religionum hominibus ad lustrorum sacrificia celebranda conpelli, hac sanctione sancimus, si quis ad ritum alienae superstitionis cogendos esse crediderit eos, qui sanctissimae legi seruiunt, si condicio patiatur, publice fustibus uerberetur, si uero honoris ratio talem ab eo repellat iniuriam, condemnationem sustineat damni grauissimi, quod rebus publicis uindicabitur. Dat. viii kal. iun. Sirmi Severo et Rufino conss.
Paulus Meyer + Theodor Mommsen, eds. Theodosiani libri 16 cum Constitutionibus Sirmondianis et Leges Novellae ad Theodosianum pertinentes, (Berlin, 1905).
L'empereur Constantin, Auguste, à Helpidius. Ayant appris que certains ecclésiastiques et autres serviteurs de la secte catholique étaient contraints par des gens d'autres religions à célébrer les sacrifices lustraux, Nous décidons par cette sanction que, si quelqu'un croit bon de contraindre aux rites d'une superstition étrangère ceux qui servent la loi très sainte et si sa condition le permet, il soit publiquement frappé de verges. Mais si, du fait de son honorabilité, il se trouve à l'abri de cette peine infamante, qu'il supporte une condamnation à une très lourde amende qui sera revendiquée par les municipalités. Donné le 8 des calendes de juin à Sirmium sous le consulat de Severus et de Rufinus (25 décembre 323 ?).
Les Lois religieuses des empereurs romains de Constantin à Théodose II, 312-438, Vol. I : Code Théodosien, Livre XVI. Réédition du texte de Th. Mommsen, avec traduction française de Jean Rougé et notes de Roland Delmaire. Sources chrétiennes, 497 (Paris: Cerf, 2005), p. 131.
Cette loi explique que les membres du clergé chrétien ne doivent en aucun cas être forcés à célébrer des sacrifices lustraux, c'est-à-dire des rites que l'on accomplit pour célébrer les anniversaires quinquennaux des empereurs et des Césars. Il s'agit donc ici de gestes liés au culte impérial (qui est à différencier des cultes païens à proprement parler qui ne concernent que les divinités traditionnelles du panthéon).
Helpidius est le "uicarius praefectorum praetorio in urbe Roma" attesté de 321 à 324.
Noter l'emploi du mot 'secte' cette fois pour désigner la communauté catholique, une preuve de plus que le terme désigne tout groupe religieux sans connotation péjorative : catholiques (16.2.5 ; 5.42, 44, 66), hérétiques (16.5.6-7, 12, 25, 41, 57-58, 62, 64 ; 16.6, 4-6), juifs (16.8.22 ; 16.9, 1-2) ou toute religion (16.8.22 ; 16.9.1-2).
Il faut d'abord établir un parallèle entre ces prescriptions et le texte appelé "Édit de Milan" ou Édit de tolérance que l'on date de 312 ou 313. Dans cet édit, Constantin et Licinius avaient proclamé pour tous les habitants de l'empire la liberté d'observer la religion de son choix. La présente constitution va dans le sens de cette tolérance puisque le clergé chrétien est dispensé de la célébration de rites non-chrétiens. Ce texte est à mettre en rapport avec des conflits nés de la célébration des quinquennales des Césars en 321. Cl. Pharr est hésitant à leur sujet : il pense qu'ils pouvaient être célébrés par le vicaire du préfet du prétoire. RE, s.u. "lustrum" et "lustratio" montre le lien possible entre les sacrifices liés au "lustrum quinquennalium" et les "lustrorum sacrificia" attachés au rite de la "lustratio" printanière des champs et de l'habitat.
catholique ; chrétiens ; clergé ; sacrifice ; secte ; superstition
Jessie Sherwood : traduction
Notice n°1081, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait1081/.