Décrétales
Destin des enfants nés d'un(e) infidèle(s) et d'un(e) converti(e)
Si alter infidelium coniugum venit ad fidem, altero remanente in infidelitatis errore, communis proles assignatur converso. Gregorius IX. Argentinensi Episcopo. Ex literis tuis accepimus, {perlatam fuisse ad synodum tuam huiusmodi quaestionem}, quod quidam de Iudaicae caecitatis errore ad Christum verum lumen {et viam veritatis} adductus, uxore sua in Iudaismo relicta, in iudicio postulavit instanter, ut eorum filius quadriennis assignaretur eidem, ad fidem catholicam, quam ipse susceperat, perducendus. Ad quod illa respondit, quod, quum puer adhuc infans exsistat, propter quod magis materno indiget solatio quam paterno, sibique ante partum onerosus, dolorosus in partu, {ac} post partum laboriosus fuisse noscatur, ac ex hoc legitima coniunctio maris et feminae magis matrimonium quam patrimonium nuncupetur, dictus puer apud eam debet convenientius remanere, {quam apud patrem ad fidem Christianam de novo perductum transire debebat, aut saltem neutrius sequi, priusquam ad legitimam aetatem perveniat. Hinc inde multis aliis allegatis: tu autem praedicto puero medio tempore in tua potestate retento, quid tibi faciendum sit in hoc casu nos consulere voluisti.} Quumautem filius in patris potestate consistat, cuius sequitur familiam, et non matris, et in aetate tali quis non debet apud eas remanere personas, de quibus possit esse suspicio, quod saluti vel vitae insidientur illius, et pueri post triennum apud patrem non suspectum ali debeant et morari, materque pueri, si eum remanere contingeret apud eam, {facile} posset illum adducere ad infidelitatis errorem: {fraternitati tuae} in favorem maxime fidei Christianae respondemus, patri eundem puerum assignandum. {Dat. Perusii XVII. Kal. Iun. A. II. 1229.}
Corpus iuris canonici, vol. 2, E. Friedberg & A.L. Richter, eds. (Graz, 1955; 1995), 587-88.
Si l'un des époux s'engage dans la foi alors qu'il est marié dans l'infidélité et que l'autre reste dans l'erreur de l'infidélité, leur progéniture commune devra être confiée au converti.
Grégoire IX à l'évêque de Strasbourg.
Nous connaissons grâce à vos lettres {ce problème qui a été soumis à votre conseil} : un individu qui a été, naturellement, tiré de la cécité qu'est le judaïsme et mené vers le Christ, lumière véritable {et chemin de la vérité}, [mais] dont l'épouse est restée dans le judaïsme, demande d'urgence un jugement pour que leur fils de 4 ans lui soit confié à lui pour qu'il soit conduit à la foi catholique qu'il avait acceptée. Elle a répondu à cela que puisque le garçon est encore un petit enfant 1, il a davantage besoin de soins maternels que paternels. Elle avait aussi fait l'expérience du fardeau [qu'il était] avant sa naissance, de la douleur liée à sa naissance {et} du labeur [qu'il représentait] après sa naissance. De plus, l'union légale d'un homme et d'une femme est appelée mariage plutôt que "pariage", donc ledit garçon doit, c'est plus approprié, rester avec elle {plutôt qu'aller avec lui qui en est venu récemment à la foi chrétienne ; ou n'importe comment, de manière plus neutre, de la suivre après avoir atteint l'âge légal. Ainsi avez-vous été imploré par toutes les parties. Cependant, après avoir gardé à vos côtés, dans l'intervalle, ledit garçon, vous avez souhaité nous demander ce qu'il faut faire dans ce cas}. En vérité, un fils doit rester à la garde de son père, dont il suit la famille, et non à celle de sa mère. Et à cet âge-là, il ne doit pas rester chez des personnes sur lesquelles peut planer la suspicion, parce qu'elles peuvent comploter contre son salut ou sa vie. Les garçons, après l'âge de trois ans, doivent être élevés par un père au-dessus de tout soupçon et rester avec lui. La mère du garçon, si par hasard il demeurait avec elle, pourrait aussi {facilement} l'entraîner dans l'erreur de l'infidélité. [Ainsi] répondons-nous {à votre fraternité} en faveur de la plus haute foi chrétienne, en confiant le garçon à son père. {Donné à Pérouse, le 16 mai, A. II 1229}.
1 . "infans" renvoie généralement à un enfant âgé de moins de sept ans
L. Foschia
Ce canon est une version abrégée d'une lettre du pape Grégoire IX envoyée à l'évêque de Strasbourg concernant le cas suivant : un juif s'est converti au christianisme, son épouse non. Les deux parents expliquent qu'ils doivent avoir la garde de leur fils de 4 ans. L'évêque, Berthold de Teck, semble avoir confié la décision à Grégoire IX qui a décidé que l'enfant devait appartenir à son père et qu'il resterait certainement juif s'il était élevé par sa mère. Au sein des Décrétales, ce canon est l'un des deux qui forment la décrétale "Sur la conversion des infidèles".
Voir Ex litteris tuis.
Laurence Foschia : traduction
Notice n°103882, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait103882/.