« aposcripta-4000 »


Général

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    Léon IX (1049-1054)

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    L'archevêque de Carthage Thomas

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    XVI kalendas januarii, anno quinto

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    1053/12/17


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    n.c.

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    Lettre, général (avant 1198)

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    Louis de Mas-Latrie, « Traités et documents divers concernant les relations des chrétiens et des Arabes au Moyen Âge », dans Traités de paix et de commerce et documents divers concernant les relations des chrétiens avec les Arabes de l'Afrique septentrionale au Moyen Âge, Paris : Plon, 1866, n. 1, p. 1-3 [en ligne].

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    Philippe Labbe, Sacrosancta concilia ad regiam editionem exacta..., Paris, 15 t., 1671-1672, t. IX, col. 972 [en ligne].
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    Gian Domenico Mansi, Sanctorum conciliorum nova et amplissima collectio..., Lucques, 1748-1751, t. XIX, col. 657-658 [en ligne].
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    Cesare Baronio, Annales ecclesiastici, éd. Augustin Theiner, 37 vol., Bar-le-Duc/Paris, 1864-1883, t. 17, a. 1053, § 41, p. 78-79 [en ligne].
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    Jacques Paul Migne, Patrologia latina, 221 vol., Paris, 1844-1864, t. 143, col. 728-729 [en ligne], d'après Mansi.

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    JL 4304 [en ligne].
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    Karl Augustin Frech, Papstregesten 1024-1058, Cologne, Weimar, Vienne, 2006, 2 vol. (Regesta Imperii, III-5), n. ???, p. ???

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    Lettre de Léon IX à Thomas, évêque en Afrique. Le pape déplore l'état de l'Église de ce pays, où l'on comptait autrefois deux cent cinq prélats, et qui est réduite maintenant à n'avoir que cinq évêques ; le pape engage l'évêque Thomas à défendre avec ses collègues, Pierre et Jean, les prérogatives de l'archevêché de Carthage contre les empiétements de l'évêque de Gummi, qui voudrait s'arroger le droit de consacrer les évêques et de convoquer les conciles en Afrique.

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    Leo episcopus, servus servorum Dei, Thomae, confratri carissimo et coepiscopo, salutem.
    Cum ex venerabilium canonum auctoritate recolimus ducentos quinque episcopos concilio interfuisse Carthaginensi, et nunc a tua fraternitate audimus quinque vix episcopos superesse in tota Africa, utique tertia hujus corruptibilis mundi parte, compatimur tantae vestrae imminutioni totis visceribus animi. Cum autem ipsas Christianitatis reliquias ediscimus interna et mutua dissensione discindi et dispergi, et adversus se invicem zelo et contentione principatus inflari, nil aliud nobis primo dicendum occurrit quam illud sancti Amos vatis : « Parce, Domine, parce obsecro; quis suscitabit Jacob, quia parvulus est ? »1. Sed quamvis in tali tantoque defectu religionis plurimum doleamus, multum tamen gaudemus quia sanctae Romanae ecclesiae, matris vestrae, sententiam requiritis et expectatis super quaestionibus vestris ; et quasi rivulis ab uno fonte erumpentibus et in suo secursu per diversa spargentibus, ad ipsius fontis primam scaturiginem reverti debere optimum putatis, ut inde resumatis directionis vestigium, unde sumpsistis totius christianae religionis exordium.
    Noveris ergo procul dubio quia post Romanum pontificem primus archiepiscopus et totius Africae maximus metropolitanus est Carthaginensis episcopus ; nec quicumque sit ille Gummitanus2 episcopus aliquam licentiam consecrandi episcopos vel deponendi, seu provinciale concilium convocandi habet sine consensu Carthaginensis archiepiscopi, cujuslibet dignitatis aut potestatis sit, exceptis his quae ad propriam parrochiam pertinent ; caetera autem, sicut et alii Africani episcopi, consilio Carthaginensis archiepiscopi, aget. Unde, carissimi confratres nostri et coepiscopi, Petrus et Joannes recte sentiunt de Carthaginensis ecclesiae dignitate nec consentiunt errori Gummitanae ecclesiae.
    Hoc autem nolo vos lateat non debere praeter sententiam Romani pontificis universale concilium celebrari, aut episcopos damnari, vel deponi ; quia etsi licet vobis aliquos episcopos examinare, diffinitivam tamen sententiam absque consultu Romani pontificis, ut dictum est, non licet dare ; quod in sanctis canonibus statutum, si quaeritis, potestis invenire. Quamvis enim omnibus generaliter apostolis dictum sit a Domino « Quaecumque ligaveritis in terra ligata erunt et in coelo ; et quaecumque solveritis in terra soluta erunt et in coelo »3 ; tamen non sine causa specialiter et nominatim dictum est beato Petro, apostolorum principi : « Tu es Petrus et super hanc petram aedificabo ecclesiam meam et tibi dabo claves regni coelorum »4 ; et in alio loco : « Confirma fratres tuos »5 ; scilicet quia omnium ecclesiarum majores et difficiliores causae per sanctam et principalem beati Petri Sedem a successoribus ejus sunt diffiniendae. Jam quia ad interrogata etiam confratrum nostrorum Petri et Joannis episcoporum decrevimus respondere, optamus ut sanctam tuam fraternitatem jugiter invigilantem utilitatibus sanctae catholicae ecclesiae, devote pro nobis orantem, sancta et individua Trinitas semper conservet, carissime frater.
    Datum XVI kalendas januarii, anno domini Leonis papae IX quinto6, indictione VII.

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    1. Amos, VII, 2.
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    2. Nous ne trouvons rien, ni dans les géographes ni dans les inscriptions d'Afrique, qui fasse connaître la situation de Gummi. Ce nom ne figurant pas dans les listes des anciens évêchés africains de Morcelli, on peut croire que c'était une ville de création récente. Ce pourrait être Mahadia (l’Africa des Chrétiens), fondée au dixième siècle et qui fut comme la seconde capitale des Fatimites et des Zirides de Kaïrouan ; ou plutôt El-Kala des Beni-Hammad, fondée par Hammad en 1008, dans l'intérieur de la Mauritanie, devenue bientôt très-florissante, et qui se trouvait capitale des princes hammadites à la date de notre document (cf. M. de Slane, Histoire des Berbères d'Ibn-Khaldoun, t. II, p. 43, et Géographie d’El-Bekri, p. 119). Ce qu'il y a de certain et de très-remarquable, c'est qu'au commencement du douzième siècle encore, El-Kala des Beni-Hammad renfermait une population chrétienne indigène assez nombreuse, ayant une église et un pasteur, appelé du nom arabe de calife, qui semble bien être un évêque, et dont la demeure se trouvait voisine du palais du roi (Pagi, Notes à Baronius, Annales ecclesiastici, 1114, § 3). L'importance qu'eut El-Kala au onzième siècle, par suite de la résidence des souverains, par suite de son commerce et de l'accroissement rapide de sa population, pouvait justifier les prétentions de son évêque à être de fait le premier des prélats d'Afrique, au détriment même de l'archevêque de la ville de Carthage, ruinée et presque entièrement dépeuplée. El-Kala néanmoins n'eut qu'une assez courte existence ; il ne reste plus aujourd'hui de cette ville qu'un minaret ayant appartenu à sa grande mosquée, à sept lieues au N.-E. de Msilah vers Sétif, dans la province de Constantine (El-Bekri, p. 120).
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    3. Matth., XVIII.
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    4. Matth., XVI.
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    5. Luc, XXII.
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    6. La vraie date de cette lettre est 1053, et non 1054 que lui donnent la plupart des éditeurs.

Informations

Acte

Laurent Vallière (CIHAM (UMR 5648)), dans  APOSCRIPTA database

APOSCRIPTA database – Lettres des papes, dir. J. Théry, CIHAM/UMR 5648, éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 27207 (aposcripta-4000), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/aposcripta/notice/27207 (mise à jour : 23/05/2020).