Concilium Eliberritanum
Concile d'Elvire
Interdiction faite aux clercs et aux laïcs de partager leurs repas avec des juifs
Si vero quis clericus vel fidelis cum iudaeis cibum sumserit, placuit eum a communione abstineri ut debeat emendari.
La colección canónica Hispana, G. Martínez Díez and F. Rodríguez, eds. (Madrid, 1966-), 4: 258.
Il a été décidé que si un clerc ou un fidèle prenait de la nourriture avec des juifs, il s'abstiendrait de la communion pour qu'il s'amende.
C. Nemo-Pekelman
Le canon précédent exprimait l'incompatibilité, et même l'opposition, entre christianisme et judaïsme. Ce canon poursuit une logique identique en interdisant la commensalité avec les juifs. Ceux qui mangent avec ces étrangers seront par symétrie, interdits de manger avec ceux de l'intérieur. De fait, le mot "communion" dans les canons d'Elvire renvoie tant à la rencontre sociale qu'au sacrement de l'eucharistie. Le langage utilisé est une réminiscence des avertissements de l'apôtre Paul interdisant de manger avec des pécheurs (I Cor 5, 11). Mais l'Apôtre permettait les repas avec des membres extérieurs à la communauté chrétienne. L'extension de la prohibition aux juifs prouve l'équation qui est désormais établie entre juifs et chrétiens hérétiques, ainsi qu'il ressort dans le canon 16.
Ce canon, qui provient d'une des plus ancienne collection de textes issus de la littérature juridique chrétienne, est le premier de nombreux canons à venir interdisant de partager les repas avec les juifs.
Capucine Nemo-Pekelman : traduction
Notice n°70971, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait70971/.