./.

أبو يوسف، كتاب الخراج، في الكنائس و البيع و الصلبان [2]

Auteur

Abū Yūsuf Yaʿqūb

Titre en français

Abū Yūsuf, K. al-kharāğ. Des églises, des synagogues et des croix 2

Titre descriptif

Interdiction faite aux dhimmīs de construire églises et synagogues dans les villes musulmanes

Type de texte

hadith

Texte

عن ابن عباس قال : "أما مصر مصرته العرب فليس لهم أن يحدثوا فيه بناء بيعة ولا كنيسة ولا يضربوا فيه بناقوس ولا يظهروا فيه خمرا ولا يتخذوا فيه خنزيرا وكل مصر كانت العجم مصرته ففتحه الله على العرب فنزلوا على حكمهم فللعجم ما في عهدهم وعلى العرب أن يوفوا لهم بذلك."

Langue

Arabe

Source du texte original

Abū Yūsuf, Kitāb al-kharāğ (Beyrouth, 1979), p. 149.

Datation

  • Entre 630 et 687

Traduction française

Ibn ʿAbbās a dit : "Dans les villes importantes établies par les musulmans, ils [les étrangers] ne peuvent édifier de nouvelles églises ou synagogues, ni frapper les timbales, ni exhiber du vin ni avoir des porcs ; mais dans les grandes villes établies par les étrangers (ʿağam) et où les fidèles, après en avoir, grâce à Dieu, opéré la conquête, se sont établis avec leurs lois, les étrangers ont droit à ce qui figure dans l'acte intervenu et les Arabes ont le devoir de le respecter."

Source traduction française

E. Fagnan, Le livre de l’impôt foncier (Kitāb el-kharādj) (Paris, 1921), p. 230 (Trad. modifié).

Résumé et contexte

Cette tradition attribuée à ʿAbd Allāh b. ʿAbbās (m. 687) dresse une liste de restrictions auxquelles devaient se soumettre les non-Musulmans vivants dans les villes construites par les musulmans. Ces dispositions avaient pour but d'affirmer la supériorité de l’Islam dans l’espace nouvellement conquis et de minimiser la visibilité des autres religions, notamment dans les régions où les dhimmīs étaient majoritaires. L’interdiction de bâtir de nouveaux édifices religieux et de frapper les timbales s’inscrivait dans cette perspective. Ibn ʿAbbās admet néanmoins que, dans les villes établies avant la conquête, les restrictions concernant l’édification des lieux de culte ne pouvaient s’appliquer que si elles étaient expressément stipulées dans le traité de paix conclu avec les habitants. Ainsi, les droits des non-Musulmans variaient selon les cités et en fonction des conditions consenties par les populations lors de leur reddition. Garantes de ces droits, les autorités musulmanes devaient les faire respecter même s’il s’agissait d’exceptions à la loi en vigueur dans les autres provinces.

Signification historique

Les premières villes musulmanes se divisent en deux catégories : celles qui existaient déjà à l’arrivée de l’Islam et que les Musulmans ont annexées de vive force ou en concluant un traité de paix avec les habitants (ṣulḥ), et celles dont la fondation fut décidée par l’un des califes. Les villes appartenant à la première catégorie étaient naturellement les plus nombreuses et abritaient une population hétérogène. Les non-Musulmans qui y résidaient bénéficieraient du statut de dhimmī leur permettant de conserver leurs religions moyennant le versement d’un tribut. Autorisée, la pratique des cultes autres que l’islam étaient soumis à des restrictions visant à la rendre plus discrète. Ces restrictions pouvaient aller jusqu’à la prohibition totale d’ériger de nouveaux lieux de culte, de tenir des processions et d’exhiber des croix en présence des musulmans. Comme le souligne M. Cohen, les communautés chrétiennes dont beaucoup de cérémonies se déroulaient en plein air étaient particulièrement concernées par de telles mesures. La vente de boissons enivrantes et la possession de porcs faisaient l’objet d’une réglementation stricte compte tenu de l’interdiction qui frappe ces produits en Islam.

Traductions

  • A. Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d'Islam (Beyrouth 1986), p. 175.
  • A. S. Tritton, The caliphs and their non-Muslim subjects. A Critical Study of the Covenant of ʿUmar (London, 1930), 37.

Etudes

  • M. R. Cohen, Sous le croissant et sous la croix. Les juifs au Moyen âge (Paris, 2008), 144-150.
  • A. Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d'Islam (Beyrouth 1986), 174-178.
  • W. Kallfelz, Nichtmuslimische Untertanen im Islam: Grundlage, Ideologie und Praxis der Politik frühislamischer Herrscher gegenüber ihren nichtmuslimischen Untertanen mit besonderem Blick auf die Dynastie der Abbasiden (749-1248) (Wiesbaden, 1995).
  • A. S. Tritton, The caliphs and their non-Muslim subjects. A Critical Study of the Covenant of ʿUmar (London, 1930), 37-60.
  • S. Ward, “Taqī al-Dīn al-Subkī on Construction, Continuance, and Repair of Churches and Synagogues in Islamic Law.” In William S. Brinner & Steven Ricks, eds., Studies in Islamic and Judaic Traditions II (Atlanta, Georgia, 1989), 169-85.

Mots-clés

Croix ; dhimmī ; Eglise ; pacte ; Porc ; synagogue ; Ville ; Vin

Auteur de la notice

Ahmed   Oulddali

Collaborateurs de la notice

Jessie   Sherwood  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°30368, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait30368/.

^ Haut de page