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عهد عمرو بن العاص لأهل مصر

Auteur

Ṭabarī, Muḥammad b. Ğarīr

Titre en français

Traité de paix passé entre ʿAmr b. al-ʿĀṣ et les habitants de l'Égypte

Titre descriptif

Traité de paix établi lors de la conquête musulmane de l'Égypte

Type de texte

Traité de paix

Texte

بسم الله الرحمن الرحيم. هذا ما أعطى عمرو بن العاص أهل مصر من الأمان على أنفسهم وملتهم وأموالهم وكنائسهم وصلبهم وبرهم وبحرهم. لا يدخل عليهم شيء من ذلك، ولا ينتقص، ولا يساكنهم النوب. و على أهل مصر أن يعطوا الجزية إذا اجتمعوا على هذا الصلح، وانتهت زيادة نهرهم خمسين ألف ألف. وعليهم ما جنى لصوتهم، فإن أبى أحد منهم أن يجيب، رفع عنهم من الجزاء بقدرهم، وذمتنا ممن أبى بريئة. و إن نقص نهرهم من غايته إذا انتهى رفع عنهم بقدر ذلك. ومن دخل في صلحهم من الروم والنوب فله مثل ما لهم وعليه مثل ما عليهم. ومن أبى واختار الذهاب، فهو آمن حتى يبلغ مأمنه، أو يخرج من سلطاننا، عليهم ما عليهم أثلاثا في كل ثلث جباية ثلث ما عليهم على ما في هذا الكتاب عهد الله وذمته وذمة رسوله وذمة الخليفة أمير المؤمنين وذمم المؤمنين. وعلى النوبة الذين استجابوا أن يعينوا بكذا وكذا رأسا وكذا و كذا فرسا على ألا يغزوا ولا يمنعوا من تجارة صادرة ولا واردة. شهد الزبير وعبدالله ومحمد ابناه وكتب وردان.

Langue

Arabe

Source du texte original

Muḥammad b. Ğarīr al-Ṭabarī, Tārīkh al-rusul wa l-mulūk, M. Abū Al-Fadhl, ed., (Le Caire), IV, 109.

Datation

  • Entre 850 et 923

Aire géographique

Traduction française

« - Au nom d'Allah, le Bienfaiteur miséricordieux! - Ceci est l'acte de sauvegarde accordé par 'Amr b. al-ʿĀṣ aux habitants de Miṣr [Egypte] et leur garantissant leurs personnes, leur culte, leurs biens, leurs églises et leurs croix. - Aucune de ces clauses ne pourra être modifiée ou annulée. - Les Nubiens ne s'établiront pas au milieu d'eux. Les habitants de Miṣr, s'ils adhèrent à cette convention, s'obligent à payer une ğizya de cinquante millions (de dinars) dès que la crue de leur fleuve arrivera à son terme. - Ils seront responsables des méfaits de leurs brigands. - Si certains d'entre eux refusent de donner leur adhésion à cette convention, la ğizya sera réduite en proportion de leur nombre. Mais notre protection cessera de jouer vis-à-vis de ceux qui auront refusé leur adhésion. - Si au moment de la crue le fleuve n'atteint pas son niveau normal, ils seront dégrevés en proportion. - Ceux d'entre les Byzantins et les Nubiens qui souscriront à ces conditions auront les mêmes droits et les mêmes obligations que les Égyptiens. Ceux qui refusent et préfèrent partir bénéficieront de la sauvegarde, jusqu'à ce qu'ils soient arrivés en lieu sûr, hors de notre domination. - L'imposition sera exigible en trois versements d'un tiers. - Les stipulations de cette convention sont placées sous la sauvegarde d'Allah et sa dhimma, la dhimma de son Envoyé, celle du calife, commandeur des Croyants, et celle des Croyants. - Quant aux Nubiens qui ont accepté cette convention, ils devront fournir un certain nombre d'esclaves et de chevaux ; moyennant quoi ils ne seront pas attaqués et leur commerce sera libre, à l'exportation et à l'importation. - Témoins : al-Zubayr et ses deux fils, ʿAbd Allāh et Muḥammad. - Écrit sur place par Wardān ».

Source traduction française

A. Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d’Islam (Beyrouth, 1986), 52.

Résumé et contexte

Premier document officiel de l’histoire de l'Égypte musulmane, ce pacte fut conclu vers l’an 641 entre ʿAmr b. al-ʿĀṣ, commandant des troupes arabes qui ont conquis le pays, et les habitants du Vieux-Caire. L’accord garantit aux non-musulmans la sécurité pour eux et la sauvegarde pour leurs biens en échange du versement d’une taxe de cinquante millions de dinars. Cette somme serait revue à la baisse si, au moment de sa crue, le Nil n’atteignait pas son niveau habituel. Le pacte octroie les mêmes droits aux Byzantins et aux Nubiens qui acceptent les termes du traité.

Signification historique

Entamée en décembre 639, la conquête musulmane de Égypte fut l’une des plus rapides. Dès 641, les troupes commandées par ʿAmr b. al-ʿĀṣ se sont assuré la victoire en s’emparant de Babylone (Vieux-Caire) puis d’Alexandrie où résidait le gouverneur byzantin de la province. Le déroulement de cette expédition militaire demeure mal connu, et les récits qui en sont faits par les auteurs musulmans comportent quelques contradictions. L’une d’elles concerne le régime sous lequel le pays fut conquis. En effet, si certaines sources, telles que la chronique de Tabarī dont le présent texte est extrait, comptent l'Égypte parmi les territoires annexés par traité de paix (ṣulḥ), d’autres la considèrent plutôt comme une terre prise de vive force (ʿanwa). La distinction entre ces deux visions peut paraître impertinente puisque, dans un cas comme dans l’autre, les conquérants usaient de la force pour imposer leur volonté aux vaincus. Mais du point de vue du droit islamique il importe de savoir si le pays fut soumis par traité ou par la violence des armes, car son statut futur en dépend. Les populations bénéficiant d’un accord de paix avec les musulmans obtiennent la sauvegarde de leurs personnes et de leurs biens en devenant des protégés (dhimmīs). Celles, en revanche, qui se rendent après combat n’ont droit à aucune protection ; les hommes peuvent être mis à mort ou réduits en esclavage et leurs propriétés sont confisquées par les vainqueurs. Mais il arrive que dans un même pays, la situation diffère d’une région à l’autre. Les villes ou les districts dont la reddition fut obtenue par traité conservent alors un statut particulier qui les distingue du reste du territoire. Ce cas de figure semble s’appliquer à l'Égypte où le régime de conquête n’était pas le même dans tout le pays. En effet, à la différence du Vieux-Caire dont les habitants ont conclu un traité de paix avec les musulmans, Alexandrie s’est soumise par la force et fut même reprise pendant un certain temps par les troupes byzantines. Comme le remarque Daniel C. Dennett, ce fait pourrait expliquer le désaccord des chroniqueurs arabes au sujet du déroulement de la conquête. Après la conquête, les populations chrétiennes et juives d'Égypte furent administrées selon les lois de la dhimma qui garantissaient aux non-musulmans la sécurité et une certaine autonomie en échange du payement d’un tribut. On sait que la première collecte de la ğizya dans le pays a eu lieu dès l'an 641.

Etudes

  • A.Butler, The Arab conquest of Egypt, P.M. Fraser, ed. (Oxford, 1978).
  • A.de Prémare, Les fondations de l'islam. Entre écriture et histoire (Paris, 2002), 211-223.
  • D.Dennett, Conversion and the Poll Tax in Early Islam (Cambridge, 1950), 69-75.
  • F.Donner, The early Islamic conquests(Princeton, 1981).
  • A.Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d’Islam (Beyrouth, 1986), 51-54.
  • D.Hill, The Termination of Hostilities in the Early Arab Conquests (London, 1971).
  • W.Kaegi, “Egypt on the eve of the Muslim conquest”, in C.F. Petry ed., The Cambridge History of Egypt. I Islamic Egypt, 640-1517 (Cambridge, 1998), 34-61.
  • H.Kennedy, “Egypt as a province in the Islamic caliphate, 641-868”, in C.F. Petry ed., The Cambridge History of Egypt. I Islamic Egypt, 640-1517 (Cambridge,1998), 34-61.
  • P.Sijpesteijn, “The Arab conquest of Egypt and the beginning of Muslim rule”, in R. S. Bagnall ed., Egypt and the Byzantine world 300-700 (Cambridge, 2007), 437-457.
  • P.Sijpesteijn, “New rule over old structures: Egypt after the Muslim conquest”, in H. Crawford ed., Regime change in the Ancient Near East and Egypt (London, 2007) 183-202.

Mots-clés

Eglise ; pacte ; ğizya

Auteur de la notice

Ahmed   Oulddali

Collaborateurs de la notice

Laurence   Foschia  :  relecture

Jessie   Sherwood  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°30364, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait30364/.

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