Fuero de Cuenca
Enfants nés d'un homme chrétien et d'une esclave maure
De eo qui maura aliena filium genereuit Quicumque ex maura aliena filium habuerit, filius ipse sit seruus domini maure, donec pater redimat eum. Praetera dicimus, quod talis filius non parciatur cum fratribus quod ex parte patris habuerit,quamdiu in seruitude permanserit.Postquam liber factus fuerit,habeat partem de bonis patris suis.
R.Ureña y Smenjaud, Fuero de Cuenca, (Madrid,1935),316.
Quiconque avait un fils d’une servante maure, il (le fils) doit rester comme serviteur du propriétaire de sa mère jusqu’au moment où son père l’affranchisse. Aussi, l’enfant ne doit pas partager l’héritage avec ses frères en tant que serviteur. Après avoir retrouvé sa liberté, il peut jouir des biens de son père.
Bueno, Marisa.
Les relations sexuelles entre membres des différentes religions ont été un problème majeur et partagé par les trois communautés dans la Péninsule Ibérique à partir de VIIIe siècle. La relation entre un propriétaire et son esclave était considéré comme légitime et non sanctionnée, mais la relation entre un dhimmi et une femme musulmane était punie par la mort du violeur sauf si lui se convertissait à l’islam ; dans ce cas-là, il devait payer la dot à la femme en fonction de son statut social. 1
La construction de la loi municipale castillane était vraiment inspirée en ce qui concerne la préservation de la pureté de la chrétienté par la loi canonique et la tradition ecclésiastique. L’étude de David Nirenberg propose une réflexion pour mieux comprendre la construction de ces barrières. 2
Mais de tout façon ses barrières étaient souvent dépassées.
Les relations sexuelles entre un chrétien et une musulmane étaient moins durement punies que celles existant entre une femme chrétienne et un infidèle. Ce type de relation était courante, surtout quand la sarrasine était une esclave. C’est le cas traité par cette disposition du Fuero de Cuenca.
Occasionnellement la maure devenant enceinte, le statut du cet enfant illégitime devait être réglementé. Dans le cas de Cuenca, l’enfant reste comme serviteur jusqu’au moment où son père le reconnaît, alors il était libre et pouvait hériter.
1 . Ragnhild Johsrud Zorgati, Pluralism in the Middle Ages. Hybrid identités, Conversion and Mixed Marriages in Medieval Iberia (Routdledge,2012) 130-134 ; 142-149.
2 . D. Nirenberg, Violence et minorités au Moyen Age, (Paris,2001), 157-202.
L'interdiction de la «sexualité inter-religieuse» a été formulée dans des coutumes locales des territoires chrétiens entre le XIe et XIIIe. Des attitudes similaires ont prévalu en droit canonique interdisant les mariages mixtes.
Les relations sexuelles entre un chrétien et une musulmane étaient plus fréquentes et moins durement punies que celles existant entre une femme chrétienne et un infidèle. Ce type de relation illégitime avec une infidèle était excusé et admis, comme un mal mineur, du fait de la conception de culpabilité de la femme qui dédouanait l’homme de toute culpabilité, celui-ci étant tenté par la femme, nouvelle Eve, et il ne pouvait pas résister à ses charmes. 1
Du même si comme produit de la relation illégitime avec un chrétien, la maure était devenue enceinte, le fils devait rester avec sa mère sous le statut de serviteur jusqu’à ce que son père le reconnaisse. À partir de ce moment, il pouvait participer à l’héritage de son père, en tant qu’homme libre.
L’éducation de l’enfant né de mère musulmane à la maison de sa mère était permise jusqu’à la moitié du XIII siècle. La même disposition est retrouvée dans tous les Fueros inspirée pour el Fuero de Cuenca comme le Fuero Alcaraz -Libre IV, 22-23-, Alarcon -titre 231-, et Fuero de Baeza - titre 246.
1 . R. Metz, La femme et l’enfant dans le droit canonique médiéval (London,1985).
esclaves ; Héritage ; relations sexuelles
Notice n°252465, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait252465/.