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أراضي أهل الذمة

Auteur

Abū Yūsuf Yaʿqūb

Titre en français

Statut des terres prises aux non-musulmans

Titre descriptif

Décision de ʿUmar I concernant les terres des non-musulmans

Type de texte

Traité d'impôt

Texte

كتب عمر بن الخطاب إلي أبي عبيدة بن الجراح : ... فأقر ما أفاء الله عليك في أيدي أهله واجعل الجزية عليهم بقدر طاقتهم تقسمها بين المسلمين ويكونون عمار الأرض فهم أعلم بها وأقوى عليها، ولا سبيل لك عليها ولا للمسلمين معك أن تجعلهم فيئا وتقسمهم للصلح الذي جرى بينك وبينهم ولأخذك الجزية منهم بقدر طاقتهم … فاذا أخذت منهم الجزية فلا شيء لك عليهم ولا سبيل. أرأيت لو أخذنا أهلها فاقتسمناهم ما كان يكون لمن يأتي بعدنا من المسلمين ؟ والله ما كانوا يجدون إنسانا يكلمونه ولا ينتفعون بشيء من ذات يده. و إن هؤلاء يأكلهم المسلمون ما داموا أحياء، فإذا هلكنا وهلكوا أكل أبناؤنا أبناءهم أبدا ما بقوا فهم عبيد لأهل دين الإسلام ما دام دين الإسلام ظاهرا. فاضرب عليهم الجزية وكف عنهم السبي وامنع المسلمين من ظلمهم والإضرار بهم وأكل أموالهم إلا بحلها ووف لهم بشرطهم الذي شرطت لهم في جميع ما أعطيتهم.

Langue

Arabe

Source du texte original

Abū Yūsuf, Kitāb al-kharāğ (Beyrouth, 1979), 141.

Datation

  • 8ème siècle

Traduction française

ʿUmar Ibn al-Khaṭṭāb écrivit à Abū ʿUbayda b. al-Ğarrāḥ: «...Laissez ces terres que Dieu t’a accordées comme butin dans les mains de ceux qui les détiennent et impose-leur, dans la mesure de leurs forces, la capitation, dont tu répartiras le produit entre les musulmans. Ce sont ces gens qui cultivent le sol, chose qu'ils connaissent mieux et à laquelle ils sont plus aptes. Il n'y a pas moyen, ni pour toi ni pour les fidèles qui sont avec toi, d'en faire un butin (fay’) dont tu opérerais la distribution, à raison de l'arrangement intervenu entre toi et eux, et du fait que tu perçois sur eux la capitation dans la mesure de leurs forces. Cela nous a été exposé, à nous comme à vous, par Allāh dans son Livre : « Combattez ceux qui ne croient point à Allāh ni au jour suprême, qui ne regardent point comme défendu ce qu'Allāh et son Apôtre ont déclaré défendu, qui ne professent point la religion de vérité, et qui sont d'entre ceux qui ont reçu des livres révélés, jusqu'à ce qu'ils versent la capitation de leurs propres mains et avec humilité » (Coran, IX, 29). Lors donc que tu perçois sur eux la capitation, tu n'as plus rien à leur réclamer ni de moyen de le faire. Pense donc! Si nous, prenions ceux qui y sont assujettis et que nous nous les partagions, que resterait-il aux musulmans qui viendront après nous? Ils ne trouveraient, pardieu, plus personne à qui parler ni du travail de qui profiter ; les musulmans de nos jours mangeraient [grâce au labeur de] ces gens tant qu'ils resteraient en vie puis, eux morts et nous aussi, nos fils mangeraient [grâce aux] leurs indéfiniment, aussi longtemps qu'il en resterait, et ces gens demeureraient esclaves des adeptes de l'Islam aussi longtemps que celui-ci resterait au jour! Frappe-les donc de la capitation, soustrais leurs femmes et leurs enfants à la captivité, empêche les musulmans de les opprimer, de leur nuire, de manger leurs biens autrement que dans les limites légales, et remplis les conditions dont tu es convenu avec eux pour tout ce que tu leur as concédé.»

Source traduction française

A. Oulddali

Résumé et contexte

Cette correspondance entre le calife ʿUmar I et Abū ʿUbayda b. al-Ğarrāḥ, un des principaux commandants de l’armée de conquête, porte sur les terres appartenant aux populations non-musulmanes. Conformément à la tradition musulmane relative au partage du butin de guerre, les biens pris à l’ennemi devaient être distribués aux musulmans, l’État n’en gardant que le cinquième. Mais le calife opta pour une autre politique puisqu’il décréta le maintien des terres aux mains de leurs propriétaires. Les paysans dhimmīs pouvaient ainsi continuer leur activité agraire tout en étant soumis à l’autorité musulmane. Le produit de leur travail profitait à l’État à travers l’impôt foncier (kharāğ) prélevé par les agents du fisc et versé au trésor public. Comme l’explique dans sa lettre, ʿUmar I voulait avant tout garantir aux futures générations de musulmans des ressources pérennes dont la distribution des terres les auraient privés.

Signification historique

La politique de ʿUmar I concernant les terres conquises de vive force (ʿanwa) aboutit à la création d’un vaste domaine public en Irak et en Perse. Ces terres appartenant désormais à la communauté furent laissées aux mains des habitants qui les cultivaient en échange du versement de l’impôt foncier. Cette décision califale a largement contribué au maintien des populations non-musulmanes dans les anciennes provinces byzantines et perses, passée sous domination musulmane. Elle a également permis aux dhimmīs de conserver leurs moyens de subsistance et une certaine autonomie administrative en tant que communautés organisées.

Etudes

  • D. Dennett, Conversion and the Poll Tax in Early Islam (Cambridge, 1950), 14-40.
  • A. Fattal, Le statut légal des non-musulmans en pays d’Islam (Beyrouth, 1986), 292-305.
  • P. Forand, “The Status of the Land and Inhabitants of the Sawad during the First Two Centuries of Islām”, JESHO 14 (1971), 25-37.
  • F. Løkkegaard, Islamic Taxation in the Classic Period (Copenhagen, 1950), 38-91.
  • E. Rabbath, Les chrétiens dans l’Islam des premiers temps. I. La conquête arabe sous les quatre premiers califes (11/632-40/661)(Beyrouth, 1985), 464-485.
  • M. Van Berchem, La propriété territoriale et l’impôt foncier sous les premiers califes. Étude sur l’impôt du kharāğ (Genève, 1886), 23-30.

Mots-clés

; ; ; kharāğ ; ğizya

Auteur de la notice

Ahmed   Oulddali

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°15430, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait15430/.

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