« aposcripta-489 »


Description

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    Benoît XIII (antipape ; 1394-1423)

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    Le chancelier de l’église de Toulouse

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    Le frère carme Jean Martin, professeur, maître en théologie

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    XVI kalendas novembris, anno quartodecimo

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    1407/10/17


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    Savone

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    Mandement (littere cum filo canapis)

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    [Registre de la chancellerie apostolique] R. Reg. Aven., t. cccxxx, fol. 648.

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    Jean-Marie Vidal, Bullaire de l’Inquisition française au XIVe siècle et jusqu'à la fin du Grand Schisme, Paris : Letouzey et Ané, 1913, n. 334, p. 477-478

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    Le chancelier de l’église de Toulouse devra examiner si la sentence d’excommunication portée par Étienne de Lacombe, inquisiteur de Toulouse, contre le carme Jean Martin, accusé d’avoir, dans des leçons publiques, combattu la doctrine de saint Thomas d’Aquin et fait mépris de l’ordre des frères prêcheurs, est juste et légitime. L’accusé alléguait, paraît-il, une raison sérieuse que l’inquisiteur a refusé d’entendre. Une deuxième citation a été lancée contre lui. Ayant négligé de comparaître, il a été excommunié.

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    Dilecto filio cancellario ecclesie Tholosane, salutem, et cetera.
    Exhibita nobis pro parte dilecti filii Johannis Martini, ordinis fratrum beate Marie de Monte Carmeli professoris, magistri in theologia, petitio continebat quod olim dilectus filius Stephanus de Cumba1, ordinis fratrum predicatorum professor, asserens se inquisitorem heretice pravitatis in civitate Tholosana et falso pretendens quod prefatus Johannes in suis vesperiis in dicta civitate celebratis nonnulla tunc expressa in preiudicium doctrine sancti Thome de Aquino et in vituperium ordinis fratrum predicatorum prefati ac conventus domus Tholose ipsius ordinis protulerat prefatum Johannem citari mandavit et fecit ut certo termino tunc expresso coram eo compareret ; et quod licet idem Johannes in dicto termino causam rationabilem allegasset propter quam prefatus Stephanus de huiusmodi negotio se intromittere non poterat neque debebat, tamen ydem Stephanus dictum Johannem super hoc contra iusticiam audire recusans ipsum postmodum citari mandavit et fecit ut etiam coram eo compareret certo termino tunc expresso, in quo cum ipse Johannes non comparuisset, prefatus Stephanus eundem Johannem reputans contumacem in eum propter contumaciam huiusmodi excommunicationis sententiam promulgavit, ipsumque mandavit et fecit excommunicatum publice nunciari. Propter que pro parte dicti Johannis, sentientis exinde indebite se gravari, fuit ad Sedem apostolicam appellatum ac deinde nobis humiliter supplicatum ut providere ei super hoc de benignitate apostolica dignaremur.
    Nos igitur, huiusmodi supplicationibus inclinati, discretioni tue per apostolica scripta mandamus quatinus, vocatis dicto inquisitore et aliis qui fuerint evocandi, eidem Johanni si hoc humiliter petierit, recepta prius ab eo cautione ydonea super eo pro quo huiusmodi excommunicationis sententia in eum extitit promulgata, quod si sententiam ipsam tibi constiterit iuste latam, tuis et ecclesie mandatis parebit, iuxta formam ecclesie beneficium absolutionis impendas.
    Super aliis vero, auditis hinc inde propositis, quod canonicum fuerit appellatione remota decernas, faciens quod decreveris per censuram ecclesiasticam firmiter observari. Non obstantibus [etc.].
    Datum Saone, XVI kalendas novembris, pontificatus nostri anno quartodecimo.

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    1 , Paris, 1902, t <span class="smal-caps">iv</span>, p 174-175, note 1. Étienne de Lacombe, originaire du Toulousain, paraît avoir fait ses études et pris l’habit de Saint-Dominique au couvent de Viterbe. Il appartenait néanmoins à la province toulousaine. Il dirigea les études à Bordeaux et y devint maître en théologie. Puis il fut durant sept ans procureur général de l’ordre à Avignon (1367-1374). Il suivit Urbain V, à Rome ; et, durant son séjour dans la Ville éternelle, il fut élu provincial de la province Romaine (1368). Ayant occupé cette charge durant un an et demi, il fut chargé, avec le titre de vicaire du maître général de l’ordre, de réformer la province de Lombardie inférieure. En février 1371, le chapitre de cette province le choisit comme provincial. Mais ses fonctions de procureur général de l’ordre, qu’il n’avait pas résignées, l’appelaient auprès du pape. Il quitta l’Italie et se fixa de nouveau à Avignon. Il se démit de sa charge en 1374, et en 1378 fut élu provincial de Toulouse. Martène, Vet. script., t. vi, col. 434 ; Masetti, Monumenta et antiquitates veteris disciplinae ordinis predicatorum, Romae, 1864, t. i, p. 297, 335- occupait cette charge, lorsque Clément VII manda, le 23 septembre 1383, au chancelier du chapitre métropolitain de mettre fin aux disputes de ce religieux avec les frères du couvent de Toulouse à propos de l’élection de leur prieur qu’Étienne refusait de confirmer. Eubel, Avignon. Obedienz, etc., n. 310. Le 5 octobre, le pape chargea le chancelier de rechercher les sommes d’argent, les joyaux et d’autres effets ayant appartenu à Pierre de Cayssilhis, prieur défunt, et dont le provincial était accusé de s’être emparé. Eubel, op. cit., n. 314. Lacombe succéda à Jacques Gilbert (cf. n. 331), à la tête de l’Inquisition de Toulouse, entre 1405 et 1407. Partisan zélé de Benoît XIII, à qui il devait sa promotion, il ne se fit pas scrupule de maltraiter les tenants des autres obédiences. Je ne parlerai que du carme Jean Martin, dont il est question ici. Sept dominicains ou franciscains de Toulouse et de Carcassonne, ayant formellement répudié l’obédience de Pierre de Lune, furent jetés en prison et fort malmenés par cet inquisiteur. L’un d’eux, Jean Garce, maître en théologie, doyen de la faculté de Toulouse et lieutenant du général des franciscains en Aquitaine, avait prêché à Pise devant Alexandre V. De retour dans sa province, il avait publié les décrets du concile. Lacombe lui en fit un crime. Jean Garce et ses compagnons en appelèrent à Jean XXIII, qui, le 8 juin 1411, commit l’archevêque de Toulouse pour trancher le différend (cf. n. 340). Les religieux furent acquittés. Mais ils gardèrent rancune à Étienne de Lacombe de ses mauvais traitements. A quelque temps de là, il fut accusé, devant le Parlement de Paris, d’avoir encouragé et aidé ceux qui proclamaient que Charles VI et ses adhérents étaient excommuniés pour avoir refusé obédience à Benoît XIII. On lui imputait d’avoir prêché ou fait prêcher publiquement à Auch en faveur de ce pape. A la requête des mineurs et surtout de l’Université de Toulouse, Philippe May, clerc enquêteur, alla porter la dénonciation à Paris (2 mars 1412). Un mandement royal expédié au grand Conseil ordonna sur-le-champ l’arrestation d’Étienne. Le 31 mars, Philippe May, de retour à Toulouse, se présenta à l’hôtel de l’Inquisition, escorté de trente sergents et frères mineurs et s’empara de l’accusé dans sa chapelle. Le vieillard résista, fut mis aux fers et enfermé dans sa propre prison, sous la garde des franciscains, ses ennemis. On perquisitionna chez lui ; on trouva des libelles diffamatoires contre le roi et un écrit en faveur du P. de Lune ; mais il refusa de s’en reconnaître l’auteur. On le conduisit à grand’peine à Carcassonne. Sa faiblesse était grande. Il ne parut pas devant le Parlement. Du reste, ses ennemis consentirent bientôt à son élargissement, sous condition que l’Université et le roi seraient de cet avis. Les instances des ambassadeurs de Jean XXIII vainquirent les résistances. Étienne fut donc délivré ; mais il n’était plus inquisiteur depuis 1411. Le provincial de Toulouse l’avait révoqué et avait élu Jean Dupuy à sa place. Le général de l’ordre, et, plus tard (19 septembre 1414), Jean XXIII ratifièrent cette mesure (n. 344). Voir un résumé du procès devant le Parlement dans Noël Valois, La France et le grand schisme d’Occident, Paris, 1902, t. iv, p. 174-175, note 1.

Informations

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aposcripta admin (CIHAM (UMR 5648)), dans  APOSCRIPTA database

APOSCRIPTA database – Lettres des papes, dir. J. Théry, CIHAM/UMR 5648, éd. électronique TELMA (IRHT), Orléans, 2017 [en ligne], acte n. 20502 (aposcripta-489), http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/en/aposcripta/notice/20502 (mise à jour : 12/10/2022).