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في مملوكة ضاعت عند طبيب يهودي

Auteur

Al-Wansharīsī Aḥmad b. Yaḥyā

Titre en français

Fatwa au sujet de la dispartition d'une esclave chez un médecin juif

Titre descriptif

Responsabilité d'un médecin dhimmī dans la disparition d’une esclave

Type de texte

Fatwa

Texte

سئل ابن المكوي عن مملوكة جعلت عند طبيب يهودي ليطببها فضاعت عنده فأجاب بأن عليه الضمان. و أجاب ابن الحاج بأن قال: الصواب عندي بأنه لا ضمان على الطبيب في ذلك وعليه اليمين إن كان مُتهما ، قيل أن تضمين الصناع إنما هو فيما يغاب عليه وهذا مما لا يغاب عليه.

Langue

Arabe

Source du texte original

Al-Wansharīsī, al-Miʿyār (Rabat, 1981), VIII, 319.

Datation

  • 10ème siècle
  • Précisions : Ce texte comprenant les opinions de deux juristes cordouans : Ibn al-Makwī (m. 401/1010) et Ibn al-Ḥāğğ (m. 529/1135), est mentionné par al-Wansharīsī (m. 914/1508).

Traduction française

Une esclave a disparu chez un médecin juif à qui elle avait été confiée pour qu’il la soigne. Interrogé sur ce cas, Ibn al-Makwī a répondu que la responsabilité civile du médecin est engagée (ʿalayh al-ḍamān). Ibn al-Ḥāğğ a répondu : « L’opinion la plus juste selon moi est que le médecin n’est pas responsable. Mais s’il est soupçonné, il devra prêter serment. On a dit que la responsabilité des « artisans » (ṣunnāʿ) est engagée seulement pour [la perte des] biens que l’on peut cacher (lā yughāb ʿalayh), ce qui n’est pas le cas ici (i.e., l’esclave ne peut être cachée).

Source traduction française

A. Oulddali

Résumé et contexte

Dans cette fatwa, une esclave disparaît chez le médecin juif qui devait la soigner. Interrogé sur la responsabilité civile du médecin, le juriste Ibn al-Makwī (m. 401/1010) considère que celui-ci doit dédommager le propriétaire de l’esclave. Un autre juriste mālikite de Cordoue, Ibn al-Ḥāğğ (m. 529/1135) est d’un avis contraire. Selon lui, le médecin n’est redevable d’aucune compensation, à moins qu’il ne soit soupçonné d’avoir commis le crime. Dans ce cas, il devra jurer qu’il est innocent. En effet, les juristes distinguent deux catégories de biens : ceux que l’on peut cacher (bijoux, vêtement, etc.) et ceux qui ne peuvent être cachés, tels que les esclaves, les animaux ou les maisons. Les artisans qui s’occupent de la réparation d’objets appartenant à autrui ne sont responsables qu’en cas de perte ou de dégradation d’un bien de la première catégorie. Aussi, selon Ibn al- al-Ḥāğğ, l’esclave n’étant pas un bien que l’on peut cacher, le médecin ne peut être tenu pour responsable de sa disparition.

Signification historique

Dans le monde musulman médiéval, les dhimmīs participaient activement à l’économie en exerçant souvent les mêmes professions que les musulmans. Leur activité commerciale, artisanale ou agraire étaient régie par le droit musulman, notamment en ce qui concerne les associations et les échanges avec les musulmans, ainsi que par les lois propres à chaque communauté. Des règles liées aux uses et coutumes ou à l’éthique de chaque profession étaient également observées. Elles permettent de protéger les intérêts de chacun. En cas de litige, les juges tiennent compte de ces règles et consultent les experts qui en ont connaissance.

Etudes

  • M. Abitbol, « Juifs maghrebins et commerce transsaharien au Moyen-âge", in M. Abitbol, ed., Communautés juives des marges sahariennes du Maghreb, (Jérusalem, 1982), 229-251.
  • M. Cohen, Under Crescent and Cross: The Jews in the Middle Ages (Princeton, 1994), 88-96, 186.
  • A. Oulddali, “Recevabilité du témoignage du ḏimmī d’après les juristes mālikites d’Afrique du Nord”, in M. Fierro, J. Tolan eds., The legal status of ḏimmī-s in the Islamic West (Turnhout, 2013), 275-292.
  • R. Speight, “Muslim Attitudes toward Christians in the Maghrib during the Fatimid Period, 297/909-358/969” in Yvonne Yazbeck Haddad and Wadi Z. Haddad, eds., Christian and Muslim Encounters (Florida, 1995), 183.
  • H. Zafrani, Juifs d’Andalousie et du Maghreb (Paris, 1996), 256-259.
  • H. Zafrani, "Judaïsme d'occident musulman. Les relations judéo-musulmanes dans la littérature juridique. Le cas particulier du recours des tributaires juifs à la justice musulmane et aux autorités représentatives de l'État souverain", Studia Islamica, 64 (1986),125-149.

Mots-clés

esclaves ; Juifs/Judaïsme ; médecins ; responsabilité

Auteur de la notice

Ahmed   Oulddali

Collaborateurs de la notice

Adam   Bishop  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°268748, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait268748/.

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