Mandat du Roi garantissant à Pierre de Rivallis un grand nombre de privilèges en Irlande
Mandat accordant à Pierre de Rivallis la garde des juifs d’Irlande
Concessimus etiam eidem Petro, pro nobis et heredibus nostris, quod habeat toto tempore vitæ suæ custodiam Judaismi nostri Hiberniæ, ita quod omnes Judæi Hiberniæ sint ei intendentes et respondentes, tanquam custodi suo, de omnibus quæ ad nos pertinent.
W. Waddinton Shirley, ed., Royal and Other Historical Letters Illustrative of the Reign of Henry III, Rerum Brittannicarum Medii Aevi Scriptores, Rolls Series 27 (London 1862, repr. New York 1965), 518-20, doc. 6.
Nous concédons aussi au même Pierre, en notre nom et en celui de nos héritiers, d’avoir pour tout le temps de sa vie, la garde de nos juifs d’Irlande, de sorte que tous les juifs d’Irlande l’écoutent et aient à répondre devant lui, comme à leur gardien, pour toute chose qui nous concerne.
Claire Chauvin
Le texte susmentionné se trouve dans un long accord émis par le roi Henri III à Peter de Rivallis (d. 1262), neveu du poitevin Pierre des Roches, évêque de Winchester. Le mandat, daté du 22 juillet 1232, le nomme trésorier et chancelier de l’Echiquier, et lui donne le prix du roi sur les vins importés en Irlande, la garde des juifs d’Irlande, la garde des ports du roi et des côtes d’Irlande, la garde des quartiers et des zones en déshérence, la garde des échanges en Irlande, ainsi encore que la garde des sièges épiscopaux vacants. Il lui est également accordé des châteaux ainsi que les cinq cantreds de Connacht. (Le mandat établit qu’il peut nommer un député pour surveiller le prix du vin, la garde des juifs irlandais et des ports maritimes)1. Une lettre, également datée du 28 juillet 1232, donne plus de détails sur la logistique de ces privilèges et nominations2.
Le 2 septembre 1232, le roi enregistra une confirmation étendue de tous les privilèges de l’accord original (à l’exception de la garde des sièges épiscopaux vacants), renforçant la validité de ses contenus aux yeux de l’historien3. La confirmation s’achève sur des directives à l’intention de Maurice Fitzgerald, ministre de la Justice d’Irlande, lui ordonnant d’autoriser Rivaulx à administrer les bailliages susmentionnés librement et sans obstacles4.
1 . Le mandate est repris par Sweetman, Calendar of Documents, vol. 1171-1251, 293-94 doc. 1970.
2 . Charter Rolls, 16 Hen. III m. 3, repris par in Sweetman, Calendar of Documents, vol. 1171-1251, 293 doc. 1969
3 . Close Rolls, 16 Hen. III m. 4; édités par Lyte and Stamp, Close Rolls of the Reign of Henry III, vol. 1231-1234, 102; repris par Sweetman, Calendar of Documents, vol. 1171-1251, 295 doc. 1976.
4 . Pour le débat sur tous les privilèges accordés à Peter de Rivallis à l’été 1232 et en janvier 1233, voir Tout, Administrative History 214-32; Mills, “Reforms”; Wild, “Gift Inventory” 531 et 543; et Wild, “Royal Finance”. Pour la discussion sur la manière dont Rivallis et ses ministres abusèrent de ces pouvoirs et des juifs anglais sous leur responsabilité, et sur la manière dont l’archevêque de Canterbury força Henri III à le congédier en 1234 quoiqu’il fût rétabli en 1236, voir Adler, “Testimony of London Jewry”.
Certains universitaires considèrent cet accord comme une preuve de la présence d’une communauté juive en Irlande dans le territoire sous administration anglo-normande1. Cette communauté aurait été expulsée en 1290 avec tous les autres juifs du royaume.
Très peu d’autres enregistrements attestant de la présence des juifs dans l’Irlande du XIIIème siècle ont été découverts à cette date.
1 . Par exemple, Roth, History 112 note 4; Hillaby, “Jewish Colonisation” 38
Claire Chauvin : traduction
Notice n°254588, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254588/.