Judah ben Samuel he-Ḥasid de Regensburg
Une femme [juive ] en prenant la route
La permission aux femmes juives de s'habiller comme les femmes non-juives pour éviter le danger de viol
האשה שהולכת בדרך ושמעה שפוגעים בה נכרים ויראה פן ישכבו עמה יכולה ללבוש בגדי כהנה כדי שיהיו סבורים שהיא כהנת ולא ישכבו עמה ואם היא שמעה שפריצי ישראל יפגעו בה כמו כן מותרת ללבוש מלבוש נכרית ולומר היא נכרית ויכולה לומר להם שהיא תצעוק ותלשין עליהם וגם יכולה לצעוק קודם כדי שיבואו נכרים לעזור לה אע''פ שיהרגו הכותים.
Sefer hasidim (New York, 1953), 702, p. 171
Une femme [juive ] en prenant la route et entendant que les non-juifs vont l’attaquer, si elle craint qu’ils puissent l’agresser sexuellement, elle peut mettre les vêtements des prêtres pour les faire penser qu’elle est une prêtresse et qu’ils ne la violeront pas. Si elle entend que les libertins juifs vont l’attaquer, elle est autorisée ainsi à mettre les vêtements des non-juifs et dire qu’elle est non-juive. Elle peut aussi leur dire qu’elle criera et les dénoncera. Elle peut aussi crier d’avance pour faire venir des non-juifs à son secours, bien que ces gentils puissent [les] tuer.
N. Koryakina
Ce texte porte sur un règlement selon lequel les femmes juives qui étaient assez loin de leurs maisons furent autorisées à s’habiller comme les femmes non-juives, même comme les religieuses chrétiennes (l’auteur ne voyait pas de différence entre religieux et religieuses dans l’église catholique en considérant tous les membres des ordres religieux comme « prêtres »), pour se protéger de la menace de l’agression sexuelle soit de la part des juifs, soit de la part des chrétiens. Il s'agirait d'une exception au devoir de porter les vêtements distinctifs, qui semble être soutenu ainsi tant par les juifs que par les chrétiens.
Ce texte montre comment le règlement est défini dans les cas de danger pour la vie et l’intégrité corporelle des femmes. Elles furent autorisées à négliger les restrictions ordinaires limitant les libertés des femmes juives dans la vie quotidienne, comme, par exemple, un code vestimentaire spécial requis pour ne pas ressembler aux femmes non-juives, la modestie dans le comportement etc. Il leur était même permis de menacer les agresseurs en disant qu’elle pouvaient les dénoncer aux autorités chrétiennes, bien qu’un tel comportement était normalement illicite et puni sévèrement par les communautés juives.
Adam Bishop : relecture -corrections
Claire Chauvin : relecture -corrections
Notice n°254453, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»
Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254453/.