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Capitulación de Tudela [2]

Auteur

Alfonso I de Aragón 'El Batallador'

Titre en français

la reddition de Tudèle

Titre descriptif

Expulsion en dehors de l’enceinte de la ville

Type de texte

Traité de reddition

Texte

2. Et que stent illos moros in lures casas que abent de intro per unum annum. Completo anno, quo exeant ad illos barrios de foris cum lures mobiles et cum lures mulieres et cum lures fillios. 3. Et que stent in lures manus illa mezquita maior usque ad lure exita. 4. Et que faciant illos stare in lures hereditates in Tutela et ubicumque abuerint illos in illas uillas de foras. 6. Et qui uoluerit vendere de sua hereditate aut inpignorare, quod nullus homo non contrastet nec contradicat. 7. Et qui voluerit exire vel ire de Tudela ad terram de moros vel ad aliam terram, quod sit solito et uadat securamente cum mulieribus et cum filiis et cum toto suo auer per aquam, per terram, qua hora uoluerit, die ac nocte. 28. Et si aliquis moro donauerit suam terram ad moros ad laborare et non poterit illam laborare, suum xarico prendat suum quinto et de terra et de vinea.

Langue

Latin

Source du texte original

José Ángel Lema Pueyo, Colección Diplomática de Alfonso I de Aragón y Pamplona (1104-1134), Donostia-San Sebastián, 1990, doc. 91

Datation

  • Date fixe : 1119
  • Précisions : Le texte porte la date de 1115, et a été daté comme tels par différents savants (depuis Muñoz Romero jusqu’à Catlos), mais cela est incompatible avec ce que nous savons de la chronologie de la chute de Tudèle <note>Lacarra, "La fecha de la conquista de Tudela"</note>, un événement qu’il est raisonnable de supposer comme le contexte de la rédaction de ce texte, dont nous modifions la chronologie en conséquence, en accord avec les éditions les plus récentes du texte par Lema et Fortún. Des problèmes similaires de datation affectent un texte équivalent étendu à la communauté juive.

Aire géographique

  • Navarre
  • Tudèle, à l'extrême sud de la Navarre, près de la rivière Ebre.

Traduction française

2. Et que les maures demeurent dans les habitations qu’ils possédaient à l’intérieur des murs pendant un an. L’année écoulée, qu’ils sortent et rejoignent leurs quartiers périphériques avec leurs biens mobiliers et avec leurs femmes et leurs enfants. 3. Et qu’ils conservent en leurs mains leur grande mosquée jusqu’à leur départ. 4. Et qu’ils demeurent en leurs possessions à Tudèle et partout où ils en possèdent dans les villes alentours. 6. Et que celui qui veut vendre sa propriété (litt. son héritage) ou la mettre en gage, que personne ne s’y oppose ni ne lui nie ce droit. 7. Et que celui qui veut sortir ou aller de Tudèle à la terre des maures ou à une autre terre, que cela soit comme à l’accoutumée et qu’il passe en sécurité avec sa femme, ses enfants et avec tout son bien par voie maritime ou terrestre, à l’heure qu’il veut, de jour comme de nuit. 28. Et si un maure donne sa terre à des maures pour la travailler, et qu’il ne peut la travailler, son locataire se saisira d’un cinquième de la terre et de la vigne.

Source traduction française

C. Chauvin

Résumé et contexte

A la suite de la conquête de Tudèle en 1119, un ensemble de conditions relativement favorables qui tendent à confirmer le statu quo de la pré-conquête a défini les termes de la continuité de la présence de la population musulmane soumise à la règle chrétienne. Dans cet ensemble de dispositions, la population maure se voyait accorder un an pour quitter les murs de la ville (#2), pour ensuite résider dans les quartiers périphériques (#4). Pendant l’année de grâce, ils continuaient à avoir l’usage de la mosquée de la ville, mais pas (cela est implicite) par la suite. Les musulmans qui rejettent ces conditions sont libres de vendre leurs possessions (#6) et de se rendre en al-Andalus (#7). Plusieurs des effets qui suivent pareille émigration semblent être dressés dans une clause finale assez confuse (#28).

[Le texte complet du traité se trouve dans le texte en relation Capitulación de Tudela 1]

Signification historique

Le traité de reddition de Tudèle est le texte-clé pour comprendre comment la population libre maure commença à être intégrée aux royaumes de Navarre et d’Aragón à partir du milieu du XIème siècle. Dans cet ensemble de dispositions, les aspects les plus négatifs du traité, pour autant que la population musulmane est concernée, sont considérés, à savoir l’exigence pour eux de résider à l’extérieur des murs de la cité après une période de grâce d’un an, ou bien d’émigrer en al-Andalous. Des échos de situations semblables se trouvent dans d’autres villes du bassin de l’Ebre, aussi bien avant qu’après – Calahorra (1045), Huesca (1096), Zaragoza (1118) et Tortosa – mais il s’agit du plus ancien exemple de texte qui détaille cette situation.

Il y a débat sur ce qu’impliquait pareille condition. Sénac et Laliena soutiennent qu’il en aurait résulté une émigration significative, tandis que Catlos et d’autres estiment que la majeure partie de la population musulmane resta derrière. Cependant, la clause finale citée ici, dans un phrasé relativement confus, semble aborder la question de terres abandonnées par leurs propriétaires. Cette lecture est d’autant plus d’actualité quand l’on considère un autre texte de Tudèle de 1129 dans lequel des termes très similaires mentionnent explicitement les propriétaires maures partis en al-Andalous (xaricos moros qui sunt itos vel andatos ad terras de moros, J. Á. Lema Pueyo, Colección Diplomática de Alfonso I, doc. 212). Finalement, Lema a suggéré que ceux qui choisissaient d’émigrer devaient payer une taxe (the metical), comme Ibn al-Kardabus le rapporte dans le cas de Saragosse, pour autant que l’on sache, qui semble avoir reçu des termes de reddition assez identiques, mais il n’y a pas de preuve directe de cela.

Textes apparentés inclus dans le corpus

Manuscrits

  • La dernière référence à l’original dont nous disposons est la transcription faite par la Real Academia de la Historia (Diccionario geográfico-histórico, t. II, 558-9) au milieu du XVIIIème siècle. Cette transcription a servi de support à la plupart des éditions suivantes, avec un apport additionnel d’une copie du XIVème siècle (Archivo General de Navarra, box I, no. 16.1).

Editions

  • L. J. Fortún Pérez de Ciriza, "Colección de 'Fueros Menores' de Navarra y otros privilegios locales", Príncipe de Viana 165 (1982), 287-289 (doc. 8).
  • J. Á. Lema Pueyo, Colección Diplomática de Alfonso I de Aragón y Pamplona (1104-1134) (Donostia-San Sebastián, 1990), doc. 91.
  • T. Muñoz Romero, Colección de Fueros Municipales y cartas pueblas (Madrid, 1847), 415-417.

Etudes

  • B. A. Catlos, The Victors and the Vanquished. Christians and Muslims of Catalonia and Aragón, 1050 – 1300 (Cambridge University Press, 2004), especially pp. 96-97.
  • P. Sénac & C. Laliena, Musulmans et Chrétiens dans le Haut Moyen Âge (Montrouge: Minerve, 1991), especially pp. 171-174.
  • J. A. Lema Pueyo, «Las relaciones entre moros y cristianos en Tudela y su ordenamiento foral en el pacto de capitulacion de marzo de 1119» Cuadernos de Sección. Historia-Geografía 18 (1991), 23-34.
  • D. Peterson, “Minorías religiosas en La Rioja, siglos X-XII”, in C. E. Prieto (ed.), El mundo urbano en la España cristiana y musulmana medieval, Asturiensis Regni Territorium, vol. 7 (Oviedo: 2013), pp. 121-133.
  • J. Serrano i Daura, «La carta de seguretat dels sarrains de Tortosa, de 1148», in J. Serrano Daura (coord.), Les Cartes de Població cristiana i de Seguretat de jueus i sarrains de Tortosa, (Univ. Internacional de Catalunya, 2000), 105-150.

Mots-clés

expulsion ; Mosquée ; quartier musulman

Auteur de la notice

David   Peterson

Collaborateurs de la notice

Claire   Chauvin  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°254445, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254445/.

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