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al-Kāfī fī fiqh ahl al-madīna [Abū ʿUmar Yūsuf b. ʿAbd Allāh b. ʿAbd al-Barr al-Qurṭubī, al-Kāfī fī fiqh ahl al-madīna, (Riyad, 1980), II, p. 929.]

Auteur

Ibn ʿAbd al-Barr al-Qurṭubī Abū ʿUmar Yūsuf b. ʿAbd Allāh

Titre en français

Patrimoine et héritage dans les familles multiconfessionnelles

Titre descriptif

Un non-musulman peut-il hériter d’un musulman en terre d’Islam ?

Type de texte

Avis de juriste

Texte

ولو ادعى اخوان احدهما مسلم والاخر نصراني ان اباهما مات وهو على دين كل واحد منهما ولم يعلم اصل دين ابيهما تحالفا وكان الميراث بينهما نصفين وكذلك لو أقام كل واحد منهما بينة على دعواه مثل أن تشهد احدى البينتين بأنه لم يزل مسلما حتى مات وابنه مسلم وتشهد الاخرى بأنه لم يزل نصرانيا حتى مات وابنه نصراني لم يلتفت الى البينتين لتدافعهما وتحالفا وقسم الميراث بينهما ولو ثبت أنه كان نصرانيا وله ابن نصراني وابن مسلم فأدعى المسلم أنه مات مسلما وادعى النصراني أنه مات على دينه فالقول قول النصراني مع يمينه أن لم تقم للمسلم بينة وان أقام هذا بينة وهذا بينة فالبينة بينة المسلم لأنها زادت

Langue

Arabe

Source du texte original

Abū ʿUmar Yūsuf b. ʿAbd Allāh b. ʿAbd al-Barr al-Qurṭubī, al-Kāfī fī fiqh ahl al-madīna, (Riyad, 1980), II, p. 929.

Datation

  • Précisions : Fin du Xe et début XIe siècle

Aire géographique

Traduction française

Dans le cas où deux frères, l’un étant musulman et l’autre chrétien, prétendent que leur père est décédé en tant qu’adepte de la religion à laquelle ils appartiennent respectivement. Cependant, on ignore quelle est la religion originelle de leur père. (Il faudra, dans un pareil cas,) qu’ils prêtent serment et (s’ils le font tout les deux) on partagera entre eux l’héritage en deux parties égales. Le même jugement sera rendu s’ils apportent, tout les deux, la preuve (qui prouverait la véracité) de leur revendication. Comme, par exemple, si l’une d’entre elles atteste que le père a toujours été musulman jusqu’à sa mort et que son fils l’est aussi, tandis que l’autre (preuve) établit que le père a toujours été chrétien jusqu’à sa mort et que son fils l’est aussi. Ainsi, on n’accordera guère d’attention aux preuves, en raison de leur opposabilité. Ils devront prêter serment, à l’issue de quoi, ils se partageront, à part égale, le patrimoine. En revanche, s’il est attesté qu’il était chrétien en possession d’un fils chrétien et d’un autre musulman et que le musulman prétende que le père est mort musulman alors que le chrétien prétend qu’il est mort sur sa religion, on donnera raison au chrétien en le faisant jurer tant que le musulman n’apporte aucune preuve. Par contre, si celui-ci et celui-là parviennent à apporter des preuves, alors, dans ce cas, la preuve retenue sera celle du musulman car elle fournit des informations supplémentaires […]

Source traduction française

M. Hendaz

Résumé et contexte

Ibn ʿAbd al-Barr (m. 1071) aborde subsidiairement une question relative au partage de l’héritage dans une famille multiconfessionnelle. Deux frères, un musulman et un chrétien, se disputent l’héritage de leur père. Chacun s’approprie, en plus de la lignée filiale, une parenté confessionnelle avec leur ascendant. Dans une large mesure, les juristes musulmans ne permettent pas, dans un sens comme dans l’autre, l’héritage du patrimoine entre un musulman et un non-musulman. Cette thèse, soutenue par le mālikisme, reprise ici par Ibn ʿAbd al-Barr, souligne l’embarras des docteurs de la loi face à de telles situations.

Signification historique

La législation musulmane (fiqh) prévoit, dans certaines situations, des empêchements qui retirent le droit à la successibilité. En ce sens, les juristes semblent quasi-unanimes pour dire que la différence de religion, entre le de cujus et le successible, constitue un obstacle majeur à l’héritage. Ainsi, la question, telle que la traite ici Ibn ʿAbd al-Barr (m. 1071), montre que la vocation héréditaire est réciproquement perdue entre deux personnes de confession différente. Même si Ibn ʿAbd al-Barr se penche, exclusivement, sur le cas du chrétien ici, cette règle n’en demeure pas moins vraie pour tout autre non-musulman. Qu’importe le lien de successibilité qui pourrait les rattacher au défunt. Au-delà de la casuistique que suggèrent les propos de notre juriste andalou, ils pourraient, en outre, dénoter une volonté de normaliser les relations intercommunautaires. En établissant une égalité presque parfaite, car pouvant avantager les non-musulmans ou les musulmans dans certains cas, ce texte laisserait supposer que les familles andalouses, du moins au Xe et début du XIe siècle, étaient multiconfessionnelles. Quoi qu’il en soit, la différence de religion pouvait, au sein de ces familles éclectiques, poser un certain nombre de problèmes, dont celui des successions.

Etudes

  • Bernard Durand, Droit musulman. Droit successoral, (Paris, 1991), p. 51-58.
  • Ch. Pellat, Ibn ʿAbd al-Barr, EI2, III, 695.

Mots-clés

chrétiens ; Héritage

Auteur de la notice

Mohamed   Hendaz

Collaborateurs de la notice

David   Peterson  :  traduction

Comment citer cette notice

Notice n°254403, projet RELMIN, «Le statut légal des minorités religieuses dans l'espace euro-méditerranéen (Ve- XVesiècle)»

Edition électronique Telma, IRHT, Institut de Recherche et d'Histoire des Textes - Orléans http://www.cn-telma.fr/relmin/extrait254403/.

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